Polar
Résumé :
Un assassin est retrouvé enfermé dans un
condo du centre-ville de Montréal aux côtés de sa victime. Le visage du
meurtrier est mutilé et ses dents, arrachées, rendant son identification
impossible. En plus, il refuse de prononcer le moindre mot.
Qui est ce mystérieux inconnu ?
Quelle raison se cache derrière son silence
obstiné ?
Et pourquoi, dix-huit mois après avoir été
emprisonné dans un pénitencier à sécurité maximale, exige-t-il de parler à
Geneviève Fiola, l’une des multiples fausses identités d’Ana Blanc ?
Ana, arnaqueuse professionnelle, devra
éplucher les nombreuses couches de son propre passé pour lever le voile sur
cette affaire.
Commentaires :
Après la série de quatre enquêtes du
journaliste sportif Gaétan Tanguay publiées en rafale entre 2022 et 2024 (Dernière manche, En échappée, Hors jeu et Fausse balle), Mikaël Archambault change de registre pour
introduire une nouvelle protagoniste originale : Ana Blanc. C’est l’un de
ses nombreux patronymes, une criminelle qui exerce le métier d’enquêtrice en
solitaire ! Tout en ramenant comme personnages secondaires les
sergents-détectives Ouellet et Ouellette, « comme Dupont et Dupond », de ses romans précédents.
L’auteur a imaginé un nouveau personnage
principal aux multiples planques, voitures et identités : femme de ménage,
agente de location d’immeubles, d’une troupe de théâtre engagée pour pleurer un
défunt lors d’une cérémonie funéraire, artiste visuelle... toujours en quête de
la meilleure affaire qui lui rapporterait gros financièrement, constamment à vérifier
la présence d’un GPS sous sa voiture et prête à semer une filature. Portant sur
elle en permanence une arme secrète : une « fausse clé USB en forme de chien-saucisse » dont la lame
rétractable « lui a souvent rendu de
fiers services ». Mère de famille monoparentale dont le fils a hérité de son
penchant criminel pour qui « jouer
les statues vivantes dans le Vieux-Montréal finirait par lui rapporter un jour. »
Il en résulte un récit au rythme soutenu,
avec de bonnes chutes de chapitres qui incitent à la poursuite de la lecture.
L’action se déroule essentiellement à
Montréal avec une très brève incursion dans le secteur Sainte-Foy de la ville
de Québec, sur la rue de la Promenade. En bonne enquêtrice, Ana élabore et
tient à jour une liste de personnages importants dans sa quête pour résoudre
l’énigme.
Celle-ci est d’ailleurs assortie de quelques
invraisemblances : mentionnons la scène d’automutilation décrite aux pages
165-166 et le récit ultérieur du principal intéressé, la connaissance, par les
parents de la victime, de l’existence du dark
web, les déclenchements des alarmes incendie et des gicleurs qui ne semblent
pas attirer l’attention des autres occupants et du préposé à la sécurité d’une
tour d’habitation, l’assassinat inspiré de la scène d’automutilation, la
voisine à deux reprises au bon endroit et au bon moment pour détecter l’appel à
l’aide... Mais bon, la fiction romanesque est tout de même bien ficelée avec des
scènes efficaces de combat et de poursuite en voiture. Et une Anna Blanc dotée
de capacités hors du commun de sorte que rien ne lui échappe, comme dans cet
exemple :
« Et même si Kamenski lui a caché son écran au
moment d’inscrire son code, elle a soigneusement observé la position de son
doigt et deviné les six chiffres qu’il a composés. »
À quelques reprises, Mikaël Archambault s’amuse
à aménager de fausses pistes, comme cette allusion à « la légende de l'homme au masque de fer !
Depuis des siècles, on croit que Louis XIV aurait fait enfermer son frère
jumeau et l'aurait obligé à porter un masque toute sa vie pour cacher son
identité et l'empêcher de lui ravir le trône. Cette fois, un frère est
emprisonné et masqué pour permettre à l'autre de devenir monarque ! »
J’ai souri en lisant cette référence à un chef
de l’opposition à l’Assemblée nationale du Québec, personnage imaginé en s’inspirant
de quelques politiciens :
« Guérard a baigné dans deux mondes
complètement distincts: avant d'être nommé chef de l'opposition, il comptait
parmi les humoristes les plus populaires de sa génération, multipliant les
tournées à guichets fermés, animant des émissions de télé à heure de grande
écoute et bénéficiant d'un immense bassin d'abonnés sur les réseaux sociaux.
Véritable carte de
mode toujours à l'avant-garde des nouvelles tendances, il a été élevé au rang
des plus beaux sex
symbols du Québec, faisant rêver les
femmes autant que les hommes. En effet, ouvertement bisexuel, il est devenu
malgré lui une icône de la communauté LGBTQ+. »
De lecture agréable, cette histoire originale
est assortie de belles descriptions imagées :
« Où vont ces fourmis en veston-cravate, en
bas, sur René-Lévesque ? Que font ces cigales qui paressent au lit dans
l’immeuble de l’autre côté de la rue ? »
« La réponse de l’homme sans visage meurt dans
un borborygme étouffé, emportant son secret avec elle. »
« Ana serre les dents de colère si fort
qu’elle pourrait broyer des noix de Grenoble. »
« ... la résidence est si vaste qu’il faut
sans doute faire une halte à mi-chemin pour boire de l’eau et manger une barre
tendre. »
« ... il s’affiche au bras d’une demoiselle
siliconée qu’on pourrait facilement confondre avec un présentoir à bijoux. »
La prochaine enquête d’Ana Blanc est déjà
annoncée : « L’homme aux mille
visages » alors qu’en « semi-retraite,
[celle-ci] est contrainte de traquer
un mystérieux inconnu qui promet de prendre le contrôle du crime organisé
montréalais... ». Un court extrait nous met en appétit : une
deuxième histoire dans une nouvelle série avec pour thématique les visages ?
En conclusion, « L’homme au visage de chair » est un polar léger et divertissant
qui s’inscrit dans la production littéraire originale de Mikaël Archambault.
Comme ce dernier le souhaitait dans la dédicace qui accompagnait le service de
presse de l’éditeur, j’ai fait une « bonne
rencontre avec Ana, la plus attachante des criminelles... ». Je vous
en souhaite autant.
* * * * *
Mikaël Archambault est auteur dans le domaine de l’humour, scénariste pour la télévision et scripteur pour de nombreux artistes. Après le succès des enquêtes de Gaétan Tanguay, il récidive avec une nouvelle série policière mettant cette fois en vedette l’escroc Ana Blanc
Je tiens à remercier les éditions de Mortagne pour l’envoi du
service de presse.
Au Québec, vous pouvez commander votre
exemplaire du livre via la plateforme leslibraires.ca et le récupérer dans une
librairie indépendante.
Évaluation :
Pour
comprendre les critères pris en compte, il est possible de se référer au menu
du site [https://bit.ly/4gFMJHV],
qui met l’accent sur les aspects clés du
genre littéraire.
Intrigue et suspense
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Originalité :
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Personnages
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Ambiance
et contexte :
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Rythme
narratif :
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Cohérence
de l'intrigue :
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Style
d’écriture :
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Impact
émotionnel :
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Développement
de la thématique :
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Finale
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Évaluation globale :
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