Ce qu’il faut de nuit (Laurent Petitmangin)


Laurent Petitmangin. – Ce qu’il faut de nuit. – Paris : La manufacture de livres, 2020. – 188 pages.

 


Roman

 

 



Résumé :

 

C'est l'histoire d'un père qui élève seul ses deux fils. Les années passent, et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l'importance à leurs yeux, ceux qu'ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C'est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes.

 

 

Commentaires :

 

Je ne pouvais terminer l’année 2021 sans vous mentionner un de mes coups de cœur : ce premier roman de Laurent Petitmangin qui vient maintenant d’être publié dans Livres de poche.

 

En quelques mots :

Beaucoup d’émotion dans la lecture de ce roman sur les hasards de la vie et la destinée avec une finale inattendue et bouleversante.

Un style et une écriture qui entraînent le lecteur dans la détresse de ce père face à la vie d’un de ses fils qui a basculé pour un rien.

Un excellent roman à caractère social qui se termine sur une lettre bouleversante du fils à son père.

 

À lire sans réserve.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

L’hiver du commissaire Ricciardi (Maurizio De Giovanni)


Maurizio De Giovanni. L’hiver du commissaire Ricciardi. – Paris : Payot, 2007. – 267 pages.

 


Polar

 

 



Résumé :

 

En cette fin de mois de mars 1931, un vent glacial souffle sur Naples. Le théâtre royal San Carlo s'apprête à donner Cavalleria Rusticana et Paillasse avec le célèbre ténor Arnaldo Vezzi, artiste de renommée mondiale et ami du Duce. Mais le chanteur est retrouvé sans vie dans sa loge, la gorge tranchée par un fragment acéré de son miroir brisé. Chose étrange, alors que les murs sont éclaboussés de sang, le manteau et l'écharpe de l'artiste sont parfaitement propres. L'affaire est confiée au commissaire Ricciardi, peu apprécié par ses supérieurs en raison de son caractère et de ses méthodes atypiques, mais reconnu comme un enquêteur de valeur. Ce que peu de gens savent, c'est que le commissaire est un homme tourmenté, traumatisé par la vision d'un cadavre dans l'enfance... Maurizio De Giovanni fait de Naples une peinture désanchantée dans ce roman d'atmosphère où la vie et le spectacle se mêlent dangereusement.

 

 

Commentaires :

 

Une découverte de cet auteur italien et un plaisir de lecture. Au point de souhaiter m’imprégner de l’univers de cet enquêteur à la personnalité qui tranche avec ses semblables héros de polars… si les titres de cette série sont ou redeviennent disponibles.

 

Maurizio De Giovanni nous entraîne dans la Naples des années 1930 avec un protagoniste rebelle, solitaire, au regard vert insoutenable et somme toute sympathique à la recherche d’une vérité qui n’est peut-être pas celle qui semble évidente. Qui a le don d’imaginer comment la victime a vécu les derniers instants de son assassinat. Un policier qui sait faire la part des choses entre la justice et la politique à l’ère fasciste dans une enquête classique bien ficelée, au rythme qui nous tient en haleine jusqu’à la finale non prévisible. Confronté à une panoplie de personnages tous susceptibles d’avoir eu une bonne raison pour poser le geste létal.

 

Vivement les trois autres saisons !

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

Jusqu’au dernier cri (Martin Michaud)


Martin Michaud. Jusqu’au dernier cri. – Montréal : Libre Expression, 2021. – 296 pages.

 


Polar

 

 



Résumé :

 

Coleman, un jeune homme constamment mêlé à des histoires louches, doit participer à un transfert d’argent entre deux groupes criminels. Les choses tournent mal: ses acolytes sont tués et la valise contenant l’argent disparaît. Coleman prend la fuite et se réfugie dans un hangar désaffecté d’une mine du Nord-du-Québec, où il est retrouvé quelques jours plus tard. La situation dégénère en prise d’otage; Coleman exige de parler à Victor Lessard, la seule personne en qui il a confiance. Il a besoin qu’on découvre le coupable du vol d’argent pour l’exonérer et envoie donc Victor sur une piste, que ce dernier remontera avec Jacinthe. Leur enquête deviendra rapidement une chasse à l’homme effrénée.

 

 

Commentaires :

 

Sixième épisode des enquêtes de Victor Lessard dans la continuité d’un univers que partage le héros en binôme avec sa « partner » toujours aussi chiante que sympathique. Une intrigue campée au cœur de la pandémie de coronavirus truffée de considérations sur l’impact de cette catastrophe sanitaire et de l’urgence climatique sur la santé mentale des jeunes, sur la société en général et sur l’omniprésence du complotisme. Avec une finale un peu moralisatrice. Et le récit nous tient en haleine et ne manque pas d’action, particulièrement en deuxième partie. Victor et Jacinthe sont définitivement « pas tuables » et ont une résistance physique hors du commun.

 

L’auteur nous entraîne, au cours du récit, sur quelques fausses pistes qui donnent une dynamique intéressante à l’action. Quant aux problèmes de santé de la complice de Lessard évoqués dès le premier chapitre… vous verrez.

 

L’idée de transposer l’action dans le nord du Québec est intéressante en soi. Loin de leur zone de confort montréalaise, les personnages m’ont apparu se répéter dans leurs joutes verbales ironiques. Un procédé qui semble avoir atteint ses limites.

 

Plus court que les autres titres de la série, Jusqu’au dernier cri n’est pas, à mon avis, la meilleure mouture de Martin Michaud. En cours de lecture, j’ai eu l’impression d’urgence de publier un premier polar avec comme « personnage » secondaire la COVID-19. Serait-ce le « dernier cri » de Lessard et du « vieux » couple Victor-Jacinthe du SPVM ?  

 

Somme toute, un roman, agréable à lire, bien écrit et à la structure narrative impeccable, crédible avec de nombreuses références à l’actualité.

 

Avec le prochain opus, Martin Michaud devra nous surprendre.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
****
Psychologie des personnages :
****
Intérêt/Émotion ressentie :
****
Appréciation générale :
****

Le financier en chef (David Zaoui)


David Zaoui. Le financier en chef. – Paris : JC Lattès, 2021. – 302 pages.

 


Roman

 

 



Résumé :

Les rêves de Jackson Zerbib se sont envolés : cinéaste en herbe, son ambition de devenir le futur Spielberg de  banlieue a échoué. Confronté à la réalité, il doit trouver un « vrai » travail. Et il va se concocter un CV de directeur  financier hors pair.

Bingo ! Jackson est recruté dans une start-up spécialisée dans les solutions médicales dont les bureaux parisiens  sont équipés d’une cuisine digne de celle des plus grands chefs. Pour dissimuler son incompétence et conserver son  poste, Jackson, fin gourmet, va métamorphoser son lieu de travail en restaurant étoilé.

 

 

Commentaires :

Le financier en chef est le troisième roman que j’ai le plaisir de lire de cet auteur que j’ai découvert dans un polar déjanté, Je suis un tueur humaniste publié en 2016. Et le voici maintenant qui nous offre une histoire à la fois drôle et touchante qui place les plaisirs de la table au cœur de l’intrigue (sujet qui m’intéresse particulièrementJ).

Un vrai régal, certainement un des romans à lire en cette période plus difficile qui nous limite dans notre partage. Une de mes meilleures lectures de 2021 qui clôture bien l’année. Une histoire débordante d’humour, loufoque, de tendresse, d’imaginaire gourmand, qui nous accroche du début à la fin. Des personnages attachants, le jeune Jackson rêveur invétéré, son père  pour qui la solution se trouve dans la cuisine – on trouve d’ailleurs à la fin de l’ouvrage une liste des 30 variétés de sandwichs offertes dans son restaurant – et sa mère aux prises avec ses problèmes de diabète (on la comprend). Une famille juive des quartiers de banlieue parisienne, modeste mais au grand cœur.

Vous saliverez à la lecture de ce roman joyeux qui caractérise l’œuvre littéraire de David Zaoui dont le style la plume fluide nous entraîne jusque dans des réflexions philosophiques sur l’humain et sur sa capacité de rêver. À preuve ces extraits :

« Tout vient à temps à celui qui sait s’en passer. »

« L’insouciance de la jeunesse déploie des ailes, qui avec le temps font voler moins haut. »

« Dans une vie, il faut rêver grand et beaucoup parce qu’il est impossible de réaliser tous ses rêves […] Mais… statistiquement, plus nous avons de rêves en tête, plus nous avons de chances, à mesure que nous nous battons pour eux, de les accomplir. Les rêves créent l’espoir. »

« […] où vont tous les rêves empêchés des hommes ? Que deviennent-ils ? Y a-t-il un endroit qui les accueille, les recycle ? Sont-ils les nuages mouvants dans le ciel ? »

Une fiction qui, somme toute, nous captive jusqu’à la à chute finale, incontournable. Je vous laisse la découvrir. À preuve qu’inconsciemment nous côtoyons des gens qui ont une plus grande influence qu’on pense sur nos capacités et sur nos choix.

Bon appétit dans cet univers sucré salé qui vous donnera l’eau à la bouche et l’envie de lire les autres opus de David Zaoui, dont Sois toi-même, tous les autres sont déjà pris (2019).

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

Petits crimes japonais (Kyotaro Nishimura)


Kyotaro Nishimura. Petits crimes japonais. – Paris : Rivages, 2018. – 289 pages.

 


Polars

 

 



Résumé :

 

Un homme, fasciné par les pickpockets, passe ses journées dans le métro; un policier commet des délits pour envoyer les coupables en prison et les soustraire ainsi aux rigueurs de l'hiver; un vieillard humilie les pauvres en jouant au jeu de la charité; quelqu'un empoisonne les pigeons d'un temple en prenant soin d'avertir la police; une jeune femme se sert de la pitié humaine pour commettre des crimes; un vieil homme parle de sa passion du meurtre; un étrange maître chanteur prend pour victime un coiffeur...

 


Commentaires :

 

Huit nouvelles policières « vintage » sympathiques teintées d’humour noir portant des titres intriguants et aux chutes imprévisibles et surprenantes :

  • Métro à gogo
  • Les « bonnes œuvres » de l’agent Shibata
  • « L’amour du prochain »
  • « Le jeu de la charité »
  • Les pigeons
  • L’invitation au meurtre
  • L’homme qui venait d’Andromède (nouvelle fantastique)
  • Le maître chanteur bienveillant

 

Une écriture simple. Des histoires perverses bien ficelées. Une ambiance intemporelle bien japonaise. Une lecture divertissante et ludique.

 

Un auteur à l’imaginaire fertile que j’ai découvert un peu par hasard.


À noter, plusieurs coquilles dans le texte, inacceptable chez un éditeur chevronné !

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
****
Intrigue :
****
Psychologie des personnages :
****
Intérêt/Émotion ressentie :
****
Appréciation générale :
****

Terra Alta (Javier Cercas)


Javier Cercas.  – Terra Alta. – Arles : Actes Sud, 2021. – 307 pages.

 



Polar

 




Résumé :

Sur des terres catalanes qui portent encore les stigmates de la bataille de l’Ebre, Terra Alta est secouée par un affreux fait divers : on a retrouvé, sans vie et déchiquetés, les corps des époux Adell, riches nonagénaires qui emploient la plupart des habitants du coin. La petite commune abrite sans le savoir un policier qui s’est montré héroïque lors des attentats islamistes de Barcelone et Cambrils, et c’est lui, Melchor, qui va diriger l’enquête.

Laquelle promet d’être ardue, sans traces d’effraction, sans indices probants. Or l’énigme première — qui est l’assassin ? — va se doubler d’une question plus profonde : qui est le policier ? Car avant d’être un mari et père comblé, coulant des jours heureux dans cette paisible bourgade, le policier converti en justicier obsessionnel fut un ancien repris de justice, élevé par une prostituée dans les bas-fonds de Barcelone.

Mors qu’il se pensait perdu par la rage et par la haine du monde, la lecture fortuite des Misérables de Victor Hugo est venue exorciser ses démons et bouleverser son destin. Il aurait pu être Jean Valjean… s’il ne s’émit changé en Javert. A Terra Alta, plus qu’ailleurs, bien des secrets plongent leurs racines dans la guerre. Et, pour résoudre l’affaire qui lui est confiée, Melchor doit avoir conscience que l’amour de la justice absolue peut s’avérer la plus absolue des injustices.

Il va lui être donné de partager le dilemme de Jean Valjean : « Rester dans le paradis et y devenir démon ! Rentrer dans l’enfer et y devenir ange ! »

 

 

Commentaires :

 

Mon coup de cœur polar 2021. Un auteur catalan que je découvre. J’ai dévoré cette histoire en quelques jours et j’ai beaucoup aimé.

 

D’abord pour la qualité littéraire du texte et pour la structure du récit qui nous fait alterner entre l’histoire personnelle du personnage principal, Melchor Marín, policier au sein des Mossos d’Esquadra, le corps de police de la Catalogne et le récit même de l’enquête. Aussi par l’intégration de l’intrigue à des éléments historiques tels que les attentats de Barcelone et de Cambrils (génial l’idée d’associer le policier à celui ou celle qui a abattu les quatre terroristes), le référendum du premier octobre 2017 et la position inconfortable des policiers catalans face à l’ordre de fermer les bureaux de scrutins et aussi des impacts de la Guerre civile espagnole dans la région. De nombreuses références catalanes qui me sont chères.

 

Aussi intéressant le parallèle avec l’enquêteur Javert et Jean Valjean des Misérables de Victor Hugor permettant de développer la psychologie de Melchor Marín et des choix auxquels il est confronté.

 

Une histoire bien ficelée. Une enquête qui piétine et qui entretient le suspense jusqu’à une chute finale spectaculaire. Une histoire d’horreur comme les humains peuvent inventer, entraînés par la folie collective doublée d’une omerta aux impacts insoupçonnés.

 

Une belle réflexion sur la justice absolue, sur la dénonciation des coupables, sur la vengeance. En somme un drame que Javier Cercas nous sert avec brio en s’immisçant dans le genre polar.


Terra Alta a reçu, en 2019, le prestigieux prix Planeta.

 

Une suite est à venir : Independancia, ramenant à Barcelone dans un cas de chantage avec une vidéo de sexe du maire de la ville Melchor Marín, qui continuera de regretter de ne pas avoir retrouvé les assassins de sa mère. Toujours marqué par son sens de la justice et son intégrité morale. L’intrigue qui se déroulera en 2025 le fera entrer dans des cercles de pouvoir où règnent le cynisme, l’ambition et la corruption.

Javier Cercas le fils d’un vétérinaire de campagne installé à Gérone en 1966 où il y étudie chez les maristes. À quinze ans, il découvre Jorge Luis Borges qui va marquer son œuvre. En 1985, il amorce des études en philologie espagnole à l’université autonome de Barcelone où il obtient ses premiers diplômes et poursuit dans la même spécialité à l’université de Barcelone jusqu’à l’obtention d’un doctorat. Après ses études, il travaille deux ans à l’université de l’Illinois à Urbana-Champaign. À ce jour, il a publié 11 romans, des chroniques, des articles et des préfaces. Deux de ses fictions ont été adaptées au cinéma : Soldados de Salamina (Les Soldats de Salamine) – sur fond de Guerre civile espagnole –  et À la vitesse de la lumière (La velocidad de la luz). Outre son travail de romancier, Javier Cercas est un collaborateur régulier de l’édition catalane et du supplément dominical du journal El País.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

Basse-ville Blues (Gilles Simard)


Gilles Simard. Basse-ville Blues. – Québec : Crescendo, 2021. – 156 pages.

 


Autofiction

 

 



Résumé :

Avec comme trame de fond les bars louches de la Basse-Ville de Québec en 1983-84, Basse-Ville blues se veut le récit d’une enquête journalistique sur la prostitution, un road trip urbain lancinant et poignant où Gilles Simard, jeune journaliste alcoolique et pharmacodépendant,tente de mener à bien son projet tout en luttant contre ses nombreux démons.

Durant cette tranche de vie trépidante de l’auteur, on croisera donc avec bonheur les Julie, Estelle, Brigitte, madame Thérèse, Ange-Aimée- Trente-Sous et quantité d’autres personnages hautement colorés qui faisaient la renommée de lieux aussi « légendaires » que le Bar Chez Richard, le Croissant d’or, la Grande Hermine et enfin le quartier St-Roch avec son Mail et ses rues des plus animées. Une étude de moeurs sans complaisance, un récit haletant avec en filigrane une quête de soi inachevée, voilà qui résume bien Basse-ville Blues.

 

Commentaires :

 

Une plongée en apnée dans le milieu de la prostitution dans certains quartiers de la ville de Québec au milieu des années 1980. Rédigée sans retenue, cette autofiction décrit la souffrance de laissés pour contre prêts à toutes les bassesses pour survivre et noyer dans l’alcool, la drogue et le sexe sale les affres de leur vie au quotidien.

 

Préparez-vous à accompagner l’auteur dans un décor glauque, poisseux, nauséabond dans sa quête immersive d’informations pour la rédaction de trois dossiers publiés dans le journal Le Soleil de Québec reproduits en annexe aux titres révélateurs : « Un métier au seuil du désespoir », Méprisées, il faut faire les ‘’smattes’’ », « Qu’on soit de la haute ville ou bien de la basse ville », « Un phénomène toléré par la police », « Agence pour cœurs brisés : réparation à domicile… » et « Autant de motivations que de clients ». Et dans sa libération de ses propres dépendances, lui qui avait publié en 2012 « Le Cœur enveloppé, journal d’un ex-psychiatrisé ».

 

Un récit qui flirte avec le concept de roman noir plus réel que fictif.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
****
Intérêt/Émotion ressentie :
****
Appréciation générale :
****

Triptyque (Roxanne Bouchard)


(1) Roxanne Bouchard. Nous étions le sel de la mer. – Montréal : VLB éditeur, 2014. – 353 pages.

(2) Roxanne Bouchard. – La mariée de corail – La deuxième enquête de Joaquin Moralès. – Montréal : Libre Expression, 2020. – 386 pages.

(3) Roxanne Bouchard. – Le murmure des hakapiks – La troisième enquête de Joaquin Moralès. – Montréal : Libre Expression, 2020. – 386 pages.

 

 

Polars

 

 

Résumé :

 

(01) « C'est Vital. Ça a l'air qu'il a ramassé un cadavre dans ses filets. Il l'a dit dans sa radio. Tu veux qu'on t'en raconte, des histoires de marins ? Reste avec nous autres pis tu vas en voir, la p'tite ! » Ce matin-là, Vital Bujold a repêché le corps d'une femme qui, jadis, avait viré le coeur des hommes à l'envers. En Gaspésie, la vérité se fait rare, surtout sur les quais de pêche. Les interrogatoires dérivent en placotages, les indices se dispersent sur la grève, les faits s'estompent dans la vague, et le sergent Moralès, enquêteur dans cette affaire, aurait bien besoin d'un double scotch.

 

(02) Quand Joaquin Moralès est appelé à enquêter sur la disparition d'une capitaine de homardier, il hésite : son fils vient tout juste de débarquer chez lui, soûl comme un homme qui a tout perdu. Mais lorsque le corps d'Angel Roberts est retrouvé, il ne tergiverse plus, car cette femme, c'est aussi la fille de quelqu'un. La mer, dans ce roman policier poétique, évoque la filiation et fait remonter à la surface les histoires de pêcheurs, véridiques ou réinventées, de Gaspé jusqu'au parc Forillon.

 (03) Cap-aux-Meules, Îles-de-la-Madeleine. Fin janvier. Alors que le nordet menace, l'agente Simone Lord monte, à titre d'observatrice, sur le Jean-Mathieu, un chalutier en partance pour la chasse au phoque. Elle n'est pas la bienvenue à bord. La météo s'annonce rude. Pour Simone, mais aussi pour Joaquin Moralès, qui retire son alliance comme on arrache un arbre. Déraciné, il embarque avec Érik Lefebvre, en vue d'une semaine de ski aux abords du Saint-Laurent. Juste avant le départ, la psychologue judiciaire Nadine Lauzon arrive en courant, avec un dossier sur lequel l'enquêteur Moralès devrait se pencher.

 

 

Commentaires :

 

J’ai décidé de commenter en un seul bloc les trois romans de Roxanne Bouchard mettant en scène le sergent Joaquin Moralès de la Sûreté du Québec, mexicain d’origine venu s’installer à Bonaventure, en Gaspésie, pour des raisons que je vous laisserai découvrir.

 

D’entrée de jeu, disons que cette auteure originaire de Saint-Jérôme nous entraîne dans un voyage quasi initiatique dans l’univers des pêcheurs de homards de la péninsule gaspésienne et des chasseurs de phoques des Îles-de-la-Madeleine. Une région aux paysages et aux couchers de soleil à couper le souffle décrits dans une écriture poétique, comme par exemple : « Seuls subsistent, au-delà des vagues rageuses, de plats nuages au ventre carmin qui s’empilent lourdement en strates grises dans un ciel âpre et inquiétant. » Ayant appris à faire de la voile, d’abord sur le Saint-Laurent, ensuite en Gaspésie, Roxanne Bouchard a tout appris des techniques de pêche et de chasse. Trois romans pédagogiques qui nous font découvrir l’envers du décor d’une région considérée par les gens d’en bas comme touristique, sans plus.

 

Trois histoires noires inspirées de la réalité ayant comme point commun la détresse amoureuse de son héros policier et « la » vérité cachée dans un environnement social où tout le monde connaît tout le monde. Avec des dialogues vifs et savoureux aux expressions récurrentes collant à chacun des personnages qui savent transmettre le vécu de leur quotidien : « La mer c’est dur, pis faut être fait fort pour la regarder en face. Elle nous spine les souvenirs comme dans une laveuse à linge. » Dialogues alternant souvent avec, en parallèle, des descriptions progressives de l’action en cours. Un décor à la fois grandiose et envoûtant dans lequel sont incrustées les trois enquêtes de Joaquin Moralès.

 

Pas surprenant que l’auteure a été, entre autres, finaliste finaliste au Prix littéraire France-Québec 2015 pour Nous étions le sel de la mer et récipiendaire du  Prix d’excellence de la Crime Writers of Canada pour le meilleur roman de langue française pour La mariée de corail.

 

Il faut lire les trois opus. Comme moi, vous serez conquis et aurez l’impression de vivre ces aventures sur les rives de la baie des Chaleurs ou au cœur du golfe Saint-Laurent. Le troisième tome, à mon avis est le meilleur, au suspense croissant de chapitre en chapitre qui en fait un polar efficace prometteur pour une suite annoncée.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

Offrandes musicales (Michel Tremblay)

Michel Tremblay. – Offrandes musicales. – Montréal : Leméac/Actes Sud, 2021. – 166 pages.

 



Roman

 

 




Résumé :

 

Michel Tremblay rassemble ici une douzaine de petits et de grands bonheurs musicaux, mais aussi quelques déceptions tout aussi délicieusement racontées : Madama Butterfly de Puccini, Barbara, Un ballo in maschera de Verdi, Céline Dion, Le lac des cygnes de Tchaïkovski… jusqu’à L’offrande musicale de Bach. Ces souvenirs tour à tour poignants et désopilants se concluent par deux codas fictionnelles dans lesquelles La Duchesse, personnage fétiche de l’univers de Tremblay, assiste à un concert d’Édith Piaf, puis au Boléro de Ravel à l’auditorium Le Plateau du parc La Fontaine.


 

Commentaires :

 

L’auteur partage avec nous son amour pour la musique classique et l’opéra et nous décrit avec humour certains spectacles auxquels il a assisté, qu’il a appréciés, qui l’ont ému ou qu’il a carrément détestés entre 1954 et 2019. Avec un touchant constat que depuis une chirurgie au cerveau en 1998 qui l’a « laissé sourd de l’oreille gauche » et que le tympan de son oreille droite a été percé « en sautant dans un lac quelques années plus tard », sa relation avec la musique a été radicalement transformée. L’amenant désormais à « regarder la musique », parce que sans musique, il ne survivrait pas.

 

La source d’inspiration pour l’écriture de « À toi pour toujours, ta Marie-Lou » démontre bien comment un auteur peut, à partir d’observation du moment, trouver la piste, l’élément déclencheur, pour la conception d’une œuvre littéraire. Aussi la représentation de « Li’l Abner » l’écriture des livrets des plus célèbres comédies musicales de Tremblay.

 

Je me suis bidonné, entre autres, avec la représentation de « Un ballo in maschera » de Verdi au Metropolitan Opera mettant en scène une Montserrat Caballé vaporeuse malgré sa corpulence. Et que dire du concert d’adieu de Céline Dion à Las Vegas noyé par l’enthousiasme débridé des spectateurs. De l’affront au public québécois de Luis Mariano à Montréal, en 1957. Et de la percussion qui fait une victime dans le « Boléro » de Ravel. Pour ne nommer que ces quelques exemples.

 

À lire, que vous soyez adeptes ou non du genre musical.

Un Tremblay est toujours un excellent Tremblay !

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

L’équilibre (Cassie Bérard)

Cassie Bérard. – L’équilibre. – Montréal : La Mèche, 2021. – 277 pages.

 


Roman

 

 




Résumé :

Dans un futur rapproché, le Parti citoyen est élu sur la base d’une promesse: instaurer le régime de l’équilibre et révolutionner le système carcéral. Les dérives pénitentiaires ont pavé la voie à un nouveau modèle dans lequel les prisons sont désormais des unités individuelles logées sur le terrain de citoyens choisis au hasard.

Dix ans après la mise en place de ce système novateur, l’heure est à la réforme. Or le système semble craquer de partout et des évasions de prisonniers se multiplient.

Estelle est chargée d’enquêter sur certaines évasions récentes. Investie corps et âme dans son travail, alors même que sa partenaire de vie souffre d’un cancer avancé, elle tentera de dénouer les fils d’une fascinante intrigue qui tiendra le lecteur en haleine. Par quelles failles ces évasions se produisent-elles ?

 

 

Commentaires :

 

Les éditions La Mèche, membre du Groupe d’édition de la courte échelle, se spécialisent en littérature contemporaine et téméraire. En 2015, j’y avais découvert une nouvelle auteure, Catherine D’Anjou, avec son roman atypique et intrigant Le plan que j’avais beaucoup aimé. En 2021, il en est ainsi avec celui de Cassie Bérard que j’ai reçu en service de presse.

 

Original dans le sujet traité en espérant que jamais nous n’en arriverons à un tel régime carcéral systémique (car l’adjectif de l’heure s’applique sans conteste). Difficile de qualifier cette fiction de polar. Bien sûr il y a enquête policière qui m’a semblé secondaire. L’auteure intègre sa réflexion sur la punition comme action collective en répression du crime et la responsabilité citoyenne sur son application dans une panoplie de personnages dont les rôles ne sont pas toujours très bien définis.

 

Personnellement, j’ai été en déséquilibre tout au long de la lecture de cette histoire, à la recherche d’une explication rationnelle dont j’espérais être libéré en finale. Malheureusement, je suis resté sur ma faim : la psychologie du prisonnier narrateur en fuite avec l’adolescente qui disparaît sans laisser de traces, les explications incomplètes du professeur codétenteur d’une chaire de recherche en philosophie sociale, la raison d’être des ouvreurs, la réforme annoncée, l’enquêtrice dont le sort final est de déménager, les interrelations entre cette dernière et ses collègues.

 

Une des forces de ce roman est certainement sa structure qui nous fait alterner entre les perceptions des différents protagonistes : le prisonnier, le(s) geôlier(s), les policiers, les universitaires… Avec comme toile de fond la manipulation des citoyens à qui on fait miroiter qu’ils détiennent une part du pouvoir décisionnel et qui n’héritent que de la responsabilité, du devoir et de la culpabilité :

 

« Vous êtes responsables de vos prisonniers. Si vous les traitez mal, vous serez punis comme eux, emprisonnés comme eux. Et pendant que des comités-conseils sont formés magiquement pour occulter les problèmes, et pendant que des agences, des bureaux sont créés dans lesquels on a superposé toutes sortes de hiérarchies, pendant ce temps, sait-on qui est à la tête de ce pays ? On n’a jamais su qui nous gouvernait. On ne sait pas. »

 

En ce sens, L’équilibre de Cassie Bérard dont l’action se déroule dans la région montréalaise et en partie à Québec nous amène à poursuivre notre réflexion sur notre environnement politique ainsi que sur les problématiques régulièrement mises en évidences dans les médias.

 

Au risque d’être déstabilisés à votre tour, plongez dans ce quatrième roman après D’autres fantômes (2014), Qu’il est bon de se noyer (2016) et La valeur de l’inconnue (2019) de cette auteure originaire de Donnacona, professeure à l’Université du Québec à Montréal où elle enseigne les théories de la fiction et la création littéraire.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
****
Psychologie des personnages :
****
Intérêt/Émotion ressentie :
***
Appréciation générale :
****

La mort dans l’âme (Ian Rankin)

Ian Rankin. – La mort dans l’âme. – Paris : Gallimard, 2004. – 607 pages.

 



Polar

 

 




Résumé :

 

Les services sociaux installent un pédophile avéré bénéficiant de la liberté conditionnelle en face… d'un jardin d'enfants. Un policier exemplaire se jette d'une falaise alors que les voies de l'ascension sociale lui étaient ouvertes. Des gosses disparaissent du jour au lendemain, sans que leurs familles n'aient la moindre explication. Un tueur en série revient libre des États-Unis pour narguer John Rebus et les médias, dans un jeu terrifiant dont nul ne sait qui sera la prochaine victime… Décidément, rien ne va plus dans la ville d'Édimbourg. Comment faire la part des choses ? Partagé entre la raison d'État, les fidélités intimes, le désir de justice et les nostalgies du passé, l'inspecteur John Rebus, une fois de plus, va devoir affronter ses propres contradictions.

 

 

Commentaires :

 

Bien que le sujet annoncé m’apparaissait prometteur, l’intrigue de ce roman est développée avec une lenteur qui m’a exaspéré, au point de songer à en abandonner la lecture. Bien sûr le personnage de Rébus qui butine d’une enquête à l’autre est intéressant dans sa personnalité d’antihéros particulière et complexe.

 

J’ai apprécié les références musicales nombreuses tout au long du récit ainsi que les descriptions des différents quartiers de la ville minière d’Édimbourg où sont bien campés les personnages. Aussi les réflexions sur les déviances et la réinsertion sociale. Quelques références à l’indépendance potentielle ou souhaitée de l’Écosse m’ont aussi plu.

 

Une première lecture de cet auteur écossais. Il faudrait m’assurer que ses autres opus sont davantage rythmés pour que je récidive.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
***
Appréciation générale :
***