Trilogie des ombres (Arnaldur Indridason)










Arnaldur Indridason. – Tome 1 : Dans l’ombre. – Paris : Éditions Métalié, 2017. 334 pages. – Tome 2 : La femme de l’ombre. – 2017. 317 pages. – Tome 3 : Passage des ombres. – 2018. – 302 pages.

Polars

Résumé :

Tome 1 : Un représentant de commerce est retrouvé dans un petit appartement de Reykjavik, tué d’une balle de Colt et le front marqué d’un “SS” en lettres de sang. Rapidement les soupçons portent sur les soldats étrangers qui grouillent dans la ville en cet été 1941.
Deux jeunes gens sont chargés des investigations : Flovent, le seul enquêteur de la police criminelle d’Islande, ex-stagiaire à Scotland Yard, et Thorson, l’Islandais né au Canada, désigné comme enquêteur par les militaires parce qu’il est bilingue.
L’afflux des soldats britanniques et américains bouleverse cette île de pêcheurs et d’agriculteurs qui évolue rapidement vers la modernité. Les femmes s’émancipent. Les nazis, malgré la dissolution de leur parti, n’ont pas renoncé à trouver de es traces de leurs mythes et de la pureté aryenne dans l’île. Par ailleurs on attend en secret la visite d’un grand homme.
Les multiples rebondissements de l’enquête dressent un tableau passionnant de l’Islande de la “Situation”, cette occupation de jeunes soldats qui sèment le trouble parmi la population féminine. Ils révèlent aussi des enquêteurs tenaces, méprisés par les autorités militaires mais déterminés à ne pas se laisser imposer des coupables attendus.

Tome 2 : Une jeune femme attend son fiancé à Petsamo, une ville tout au nord de la Finlande. Tous deux doivent rentrer en Islande sur le paquebot Esja pour fuir la guerre qui vient d’éclater dans les pays nordiques, mais le jeune homme n’arrive pas.
Au printemps 1943, dans une Islande occupée par les troupes alliées, la découverte d’un corps rejeté par la mer sème l’émoi à Reykjavík. Au même moment, un jeune homme est victime d’une agression d’une sauvagerie inouïe non loin d’un bar à soldats, et une femme qui fréquente avec assiduité les militaires disparaît brusquement. Les jeunes enquêteurs Flovent et Thorson suivent des pistes contradictoires et dangereuses : officiers corrompus, Gestapo, vulgaires voyous…

Tome 3 : Un vieil homme solitaire est retrouvé mort dans son lit. Il semble avoir été étouffé sous son oreiller. Dans ses tiroirs, des coupures de presse sur la découverte du corps d’une jeune couturière dans le passage des Ombres en 1944, pendant l’occupation américaine.
Pourquoi cet ancien crime refait-il surface après tout ce temps ? La police a-t-elle arrêté un innocent ?
Soixante ans plus tard, l’ex-inspecteur Konrad décide de mener une double enquête. Jumeau littéraire d’Erlendur, il a grandi en ville, dans ce quartier des Ombres si mal famé, avec un père escroc, vraie brute et faux spirite. Il découvre que l’Islande de la « situation » n’est pas tendre avec les jeunes filles, trompées, abusées, abandonnées, à qui on souffle parfois, une fois l’affaire consommée, « tu diras que c’était les elfes ».

Commentaires : D’entrée de jeu je dois le confesser : Arnaldur Indridason est un de mes des auteurs de polars préférés et il ne m’a  jamais déçu. J’ai lu toute sa production publiée en français et j’attends toujours l’arrivée en librairie de son roman le plus récent.

Dans la Trilogie des ombres, cet historien de formation, journaliste et critique de cinéma délaisse son limier fétiche, Erlendur Sveinsson, pour mettre en scène un nouveau couple d’enquêteurs, Flovent et Thorson à l’époque de l’occupation américano-britannique de l’Islande à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et dans le dernier tome, un certain Konrad, policier à la retraite, qui nous reviendra dans un roman noir dont la parution est annoncée pour février 2019 : Ce que savait la nuit.

Dans cette trilogie, d’abord deux enquêtes habilement ficelées à la Indridason nous font découvrir quelques pages peu reluisantes de la présence militaire dans l’île en 1941 et en 1944. Deux enquêteurs qui mènent rondement leurs interrogatoires à la recherche de la vérité. Celle qu’on croit deviner de chapitre en chapitre et, à la toute fin, l’imprévisible. Deux récits dont il est difficile de suspendre la lecture. Des personnages bien campés, des dialogues vivants. Le tout dans une Reykjavik noire.

Dans le troisième roman, l’auteur entrecroise deux enquêtes qui n’en font qu’une. Sur deux époques : en 1944 et dans les années 2000. Encore une fois, des meurtres liés à des croyances populaires issues « des brumes, des glaces et des champs de lave » d’Islande dont les auteurs ne sont pas ceux que même les enquêteurs croient être. Je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher votre plaisir.

À noter que le Prix Blood Drop du roman policier islandais 2017 a été attribué à La femme de l’ombre alors que Passage des ombres s’est mérité le Grand prix RBA du roman noir.

Après que vous ayez lu la première phrase de ce triptyque polaire (« Le Sudin contourna soigneusement les frégates et les torpilleurs avant d’accoster au port de Reykjavik »), vous serez rapidement envoûté-e et incapable d’arrêter la lecture.

Ce que j’ai aimé : Dès les premières pages, Indridason nous plonge dans son univers d’écrivain amoureux de son pays.

Ce que j’ai moins aimé : Un petit détail pour le traducteur. On ne dit pas « né dans le Manitoba » (expression récurrente dans les trois tomes), mais plutôt « né au Manitoba ».

Cote :

À tombeau ouvert (Laurent Chabin)


Laurent Chabin. – À tombeau ouvert. – Montréal : Hurtubise, 2018. 161 pages.

  

Roman noir Jeunesse

 

  

Résumé : Ombres furtives, messages menaçants, mouchoir ensanglanté dans un tiroir… Plaisanteries macabres? Non, ça ne ressemble décidément pas à des blagues : quelqu’un en veut à Normand. À mort!

Lorsque Alice, sa conjointe, introuvable, semble victime d’un enlèvement, Normand part à sa recherche. Mais chaque fois qu’il croit s’en rapprocher, Alice s’enfuit de plus en plus loin. Où va-t-elle? Pourquoi? Quel monstre tire les ficelles de cet imbroglio? La réponse à ces questions ne fera qu’amplifier la tension qui imprègne ce récit.

Commentaires : Laurent Chabin est l’auteur de plus de 90 romans. Il récidive en signant À tombeau ouvert, un roman noir jeunesse pour un lectorat en fin d’adolescence. Une fiction qui se déroule au Québec (Montréal, Saguenay/Lac-Saint-Jean et Chibougamau) dont le personnage principal, le bédéiste Normand Gallo (Hôtel de la dernière heure, autre roman auquel l’auteur réfère à plusieurs reprises) devenu chargé de cours à l’université est convaincu de croiser à nouveau l’abominable Enver Kazan. À la recherche de sa femme Alice qui laisse sur la route des indices devant mener à solutionner sa disparition, Gallo est confronté à un mystère.

Je dois avouer que j’ai eu passablement de difficultés à me laisser entraîner dans cette histoire plus ou moins crédible. Les nombreuses redites tout au long de l’intrigue ralentissent le rythme de l’ensemble. Les personnages de l’étudiante, Hélène, de la femme au style gothique et même des enquêteurs montréalais m’ont semblés désincarnés à bien des égards. Et la finale plutôt décevante.

Désolé. Je m’attendais à un « roman noir haletant » comme nous a généralement habitués Laurent Chabin. J’y ai trouvé malgré tout une lecture divertissante. Des lecteurs plus jeunes apprécieront peut-être davantage.

Ce que j’ai aimé : Un certain suspens dans les premiers chapitres. La qualité de l’écriture.

Ce que j’ai moins aimé : Les nombreuses redites.


Cote :

Dangereuse poursuite (Chantal Beauregard)

Chantal Beauregard. – Dangereuse poursuite. – Montréal : Hurtubise, 2018. 257 pages.

 
Polar Jeunesse

 

 

 

Résumé : Tout commence par un accident de la route. Un banal fait divers. Le fils de la victime, Samuel, habitué à la facilité, se retrouve démuni.

De son côté, Emma travaille au salon de coiffure de sa mère, le samedi. C’est là qu’elle rencontre Samuel, qui lui raconte le tragique événement qui a changé sa vie. Ils conviennent de se revoir.

Après le visionnement d’une vidéo de la collision prise par un témoin, la thèse de l’accident est mise en doute. Les deux amis décident d’enquêter, tandis que l’inspectrice Rajotte, du SPVM, suit sa propre piste.

Commentaires : « Attachez vos tuques », comme on dit en bon québécois. Ce roman jeunesse met en vedette deux ados de 16 et 17 ans provenant de milieux sociaux aux antipodes : Emma de Verdun et Samuel d’un quartier huppé de Montréal qui viennent de terminer leurs études au niveau secondaire.
 
Publiée dans la collection « Atout » qui compte plus de 150 titres, cette fiction découpée en 35 chapitres est très bien ficelée avec un bon rythme et un déroulement d’action qui entretient le suspens. Une histoire de deuil et de recherche de la vérité très crédible du début à la fin qui intègre bien les maladresses et les préoccupations des ados de leur âge. Avec un niveau de langage approprié à chacun des personnages. Évidemment, tout fini bien.

Chantal Beauregard en est à son 5e roman dont deux pour un lectorat adulte. Elle a aussi collaboré au collectif Mystères à l’école avec la nouvelle Le carnage canin.

Ce que j’ai aimé : La psychologie des personnages. Le scénario et l’incrustation du récit dans divers lieux réels de Montréal.

Ce que j’ai moins aimé : -

Cote :