Michel Viau et Jocelyn Bonnier. – Blass – Le chat sur un toit brûlant. – Montréal : Glénat Québec, 2020. – 141 pages
Bande dessinée policière
Résumé :
Ami de Mesrine [prononcer Mérine], braqueur
de banques, tueur... Entre 1965 et 1975, Richard Blass a été soupçonné de 21
meurtres et a réalisé 3 évasions spectaculaires.
1968, Montréal est la deuxième ville la plus
violente en Amérique du Nord, après New York, quand Richard Blass, âgé de 23
ans à peine, se retrouve à la tête d'une bande criminelle.
Jeune et rebelle, il s'oppose au pouvoir
détenu par la mafia italienne dans le centre de la ville de Montréal.
Son gang, essentiellement composé de
francophones, empiète de plus en plus sur le territoire de la mafia, ce qui
déclenchera des conflits dangereux et irréversibles...
Commentaires :
À ce jour, Michel Viau a scénarisé deux
bandes dessinées portant sur des criminels québécois célèbres : « Havana
Connection (2023) » [dessins de Djibril Morissette-Phan) qui
met en scène le narcotrafiquant Lucien Rivard lors de la révolution cubaine,
une période peu connue de la biographie de ce gestionnaire de boîtes de nuit et
marchand d’armes à La Havane. Et, trois ans plus tôt, « Blass – Le chat sur un toit brûlant »
[dessins de Jocelyn Bonnier] qui porte sur une dizaine d’années de la vie du
gangster Richard Blass.
Comme dans ses autres publications, l’auteur historien
de la BD québécoise, avec la collaboration de Bernard Tétrault, journaliste
spécialisé dans les affaires criminelles et judiciaires, s’appuie sur une
recherche approfondie concernant son personnage qui repose, on le devine, à
partir d’une documentation très variée : journaux d’époque, essais sur l’individu,
son entourage et le contexte criminel de l’époque qu’il fournit en
bibliographie pour quiconque voudrait compléter la lecture de ce tourne page
illustré.
L’époque où sévit Richard Blass est aussi celle d’un célèbre chroniqueur judiciaire : Claude Poirier, « monsieur 10-4 », alors en début de carrière. C’est à ce dernier que Michel Viau a confié la rédaction de la préface dont le titre donne le ton à la couleur langagière des dialogues entre les bandes criminelles : « Arrête de dire que je suis mort, CRISS, J’SUIS VIVANT ». L’ex-journaliste y décrit quelques rencontres « par la force des choses » qu’il a faites avec le criminel « omniprésent dans [sa] carrière de reporter spécialisé dans les affaires judiciaires ».
Comme dans « La
non vengée – Le mystère Blanche Garneau » les dessins au trait en noir
et blanc de Jocelyn Bonnier nous replongent à l’époque des faits relatés et certaines
images sont inspirées de photos de journaux.
La référence aux événements d’octobre 1970 au
moment de la promulgation de la « Loi
sur les mesures de guerre » offre l’opportunité au scénariste de nous
faire découvrir que Richard Blass, alors emprisonné au pénitencier de
Sainte-Anne-des-Plaines, a fait une proposition surprenante à son avocat, Me
Frank Shoofey, en échange de sa libération :
« Écoute Frank ! Je sais comment libérer les
deux otages du FLQ ! »
La première planche trouve son explication en
finale alors que le récit est ponctué de violents assassinats, de procès
colorés, d’évasions spectaculaires avec, entre autres, la complicité du
criminel français Jacques
Mesrine. Le tout raconté en deux blocs : « Le chat sauvage » et ses neuf vies, la période des conflits
entre le gang de Blass et la mafia montréalaise et « Le fauve » vengeur en réaction violente à ses emprisonnements.
« Blass
– Le chat sur un toit brûlant » rappelle à notre mémoire une période
trouble dans l’histoire de la métropole montréalaise. En complément de lecture,
je vous invite à visionner ce court reportage tiré des archives de la Société
Radio-Canada intitulé « Le criminel Richard Blass ».
Également, lire l’article « Exécution
et résurrection de Richard Blass ») publié par le tandem Dave
Noël et Jean-François Nadeau publié dans le journal Le Devoir de Montréal le 23 janvier 2021.
Enfin, je ne saurais passer sous silence « Requiem
pour un beau sans-cœur », premier
film de Robert Morin « sans doute le meilleur polar psychologique québécois
de tous les temps » nommé quatre fois aux Prix Génie 1992. Le scénario « que l’on dit librement inspiré de la vie du
criminel québécois Richard Blass (1945-1975), est un hommage aux films de
gangsters des années cinquante tourné en caméra subjective » fait
revivre les derniers jours de Régis Savoie, criminel notoire condamné à
vingt-cinq ans de réclusion, alors que huit personnes se remémorent, chacune à
sa manière, les événements des trois derniers jours de sa vie.
Bonne lecture et bons visionnements !
* * * * *
Michel Viau qui vit à Sherbrooke est historien de la bande dessinée québécoise (« Les Années Croc », 2013; « BDQ. Histoire de la bande dessinée au Québec », 2014, réédité en 2021). Il a été directeur du secteur BD des éditions Les 400 coups et rédacteur en chef de Safarir. Il est le scénariste de « L'Affaire Delorme », de « La Non vengée : Le mystère Blanche Garneau » et de « Visa pour Nan Madol ». Il collabore au Cochaux Show (CFLX) à titre de chroniqueur BD.
Bernard Tétrault est un journaliste spécialisé dans les affaires criminelles et judiciaires depuis 1964. Il a été le rédacteur en chef de l'hebdomadaire Allô Police. Il est aussi le coauteur de « Claude Poirier – 10-4 », de « Claude Poirier – Sur la corde raide » et a signé, avec Michael Lechasseur, « Confidences d'un agent double – En mission à 14 ans ». En 2015, il a fait paraître la biographie de Me Jean-Pierre Rancourt, avocat criminaliste.
Le Montréalais Jocelyn Bonnier travaille dans le domaine du cinéma et de la publicité en tant qu'illustrateur de scénarimages, de bandes dessinées et de romans graphiques.
Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire du livre via la plateforme leslibraires.ca et le récupérer dans une librairie indépendante.
Évaluation :
Pour
comprendre les critères pris en compte, il est possible de se référer au menu
du site [https://bit.ly/4gFMJHV],
qui met l’accent sur les aspects clés du
genre littéraire.
Évaluation globale :
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