Soif (Amélie Nothomb)

Amélie Nothomb. – Soif. – Paris : Albin Michel, 2019. – 125 pages.

 




Roman 

 




Résumé :

 

La romancière se glisse dans la tête de Jésus-Christ depuis son procès jusqu'à la résurrection, et raconte à la première personne les réflexions du Christ sur son Père, le corps, l'amour, la jouissance, l'ingratitude humaine, la souffrance, l'espérance, la foi ou encore la mort. Le temps de la Passion ravive la mémoire d’événements, d’expériences, de rencontres présentes dans le Nouveau Testament sous l'œil de Jésus, qui raconte « son » Judas, ou encore ses meilleurs miracles.

 

 

Commentaires :

 

En vérité je vous le dis, cet opuscule de Amélie Nothom est le premier roman de cette auteure belge que je lis. L’éditeur le résume par cette phrase : « Pour éprouver la soif, il faut être vivant ».

 

Il fallait le faire : donner la parole au Christ pour qu’il dévoile son point de vue sur les événements entourant sa crucifixion (avant – pendant – après) et ses relations avec son Père, sa mère Marie, son amoureuse Madeleine, Judas, Pierre, Jean et les autres. Inspiré des Évangiles. Réussi comme entreprise que d’aucuns qualifieront sûrement d’appropriation masculine.

 

J’ai apprécié l’audace et l’humour dans l’écriture de la 28e publication de cette romancière.

 

Une lecture de circonstances en cette Semaine sainte 2021. 

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
****
Appréciation générale :
****

La pierre du remords (Arnaldur Indridason)

Arnaldur Indridason. – La pierre du remords. – Paris : Éditions Métaillé, 2021. – 345 pages.

 


Polar

 




 

Résumé :

 

Une femme est assassinée chez elle. Sur son bureau, on retrouve le numéro de téléphone de Konrad, ancien policer. L’enquête révèle rapidement qu’elle l’avait contacté récemment pour lui demander de retrouver l’enfant qu’elle avait mis au monde cinquante ans plus tôt, et qu’elle avait abandonné juste après sa naissance. Maintenant désolé de lui avoir refusé son aide, Konrad s’emploie à réparer son erreur. Il retrouve les membres d’un mouvement religieux contre l’avortement et reconstruit l’histoire d’une jeune fille violée dans le bar où elle travaillait. Il retrouve aussi un clochard équivoque, des trafiquants de drogue et même des fragments de l’histoire de la mort violente de son père. Lorsqu’il retrouvera l’enfant, il mesurera l’ampleur de la tragédie dans laquelle son intuition et son entêtement l’ont plongé.

 

 

Commentaires :

 

Dans ce troisième tome de la série Konrad, ce dernier « se révèle un enquêteur sensible à la souffrance des autres, d’une humanité touchante » dans un récit ayant pour thème «  la honte, le désespoir et l’intensité des remords qui hantent les principaux personnages imaginés par Arnaldur Indridason. Son héros, personnage attachant toujours en quête des circonstances entourant la mort violente de son père, mène une enquête complexe dans laquelle s’entrecroisent des histoires qui semblent n’avoir aucun lien entre elles, qui nous captive dès les premiers chapitres.

 

Comme dans les autres romans de cet auteur islandais que j’aime beaucoup, les paysages, les habitants, les mentalités et les caractéristiques socioculturelles de cette population insulaire sont omniprésents dans le scénario. Il s’en dégage une atmosphère empreinte de mélancolie. Indridason est historien de formation. Il maîtrise l’art de faire le lien entre le passé et le présent.

 

À noter l’excellente traduction de Eric Boury qui met bien en évidence le style à la fois percutant et sobre de l’auteur.

 

Un roman policier nordique - non sanglant -, crédible et intelligent, qui divertit et qui fait aussi réfléchir sur des questions universelles relatives à la morale, à la sociologie, à la religion, à la psychologie, à la parapsychologie, aux relations humaines.

 

Une lecture agréable, un tourne page et une enquête qui se clôt dramatiquement avec une ouverture prometteuse sur un quatrième opus.

 

 

 

Originalité/Choix du sujet :
****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
****
Appréciation générale :
****

Né d’aucune femme (Franck Bouysse)

Franck Bouysse. – Né d’aucune femme. – Paris : La manufacture de livres, 2019. – 333 pages.

 



Roman

 

 




Résumé :

 

Un prêtre hérite de cahiers sortis en douce d’un ancien couvent hébergeant des malades psychiatriques oubliés du monde. Par ce legs, l’homme d’Église se retrouve détenteur d’une mémoire vive dont il ne sait que faire… Dès la première lecture, le poids du secret pèse sur sa conscience. La vie de Rose a tout d’un conte horrible. Un père qui, par désespoir, vend sa fille. Une enfant de 14 ans se retrouvant prisonnière d’un manoir habité par un duo diabolique qui lui fait vivre les pires horreurs. Une histoire de rencontres porteuses d’espoir et d’actes de courage plus grands que nature.

 

 

Commentaires :

 

Un roman noir, très noir, admirablement écrit, construit de manière à transmettre aux lecteurs les émotions et les tourments des principaux personnages : le curé, la fille, le père, la mère, le palefrenier en alternance au gré des chapitres dans lesquels chacun s’intègre et livre sa propre vision de cette histoire d’horreur. Il faut tenir le coup jusqu’à la finale même si certains passages sont à la limite du supportable.

 

Je ne peux passer sous silence la métaphore que Franck Bouysse met dans la bouche de la « reine mère » pour bien faire comprendre à Rose la réalité sociale des deux mondes dans laquelle elle est condamnée à subir les pires sévices : celle de l’huile qui flotte toujours à la surface de l’eau. L’huile, ce sont les biens nantis qui domineront toujours les classes laborieuses et pauvres, l’eau, dont le destin leur réserve le mauvais sort de ne jamais pouvoir émerger.

 

Et, parmi un exemple parmi tant d’autres, de l’écriture superbe de ce roman écrit à la manière d’un thriller. Cette réflexion sur le passage de la vie à la mort : « Quand ce sera le temps de partir, je le sentirai, je résisterai plus, je me laisserai gentiment glisser hors de ma peau. Je ferai comme il faut […]. Il paraît que quand on s’en va, quelque chose s’envole, quelque chose de pas bien gros et pas bien lourd, mais quelque chose d’autrement essentiel que ce qui est détruit. J’espère pas m’en rendre compte, que ça se déroule un peu comme dans un rêve, avec l’espoir d’aller complètement ailleurs, que la lumière qui s’éteint mène à une autre lumière sans quoi on s’enfonce tranquillement. » (pp. 280-281)

 

Tout est dans la couverture de première… Je n’en dis pas plus pour vous laisser savourer cette œuvre romanesque puissante qui a mérité le Grand Prix des lectrices de Elle, le prix Psychologies du roman inspirant, du Prix des libraires et du premier prix Babelio.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

Comment ne rien faire (Guy Delisle)

Guy Delisle. – Comment ne rien faire. – Montréal : La Pastèque, 2020. – 148 pages.


 


Bande dessinée

 

 




Résumé :

 

Comment ne rien faire rassemble les courts travaux de l’auteur québécois parus dans diverses publications aux cours des dernières années. À travers ces histoires expérimentales ou intimistes aux chutes parfois déconcertantes, Guy Delisle crée une œuvre empreinte de finesse et d’humour.

 

 

Commentaires :

 

Le livre a subi une refonte complète en 2007 à l’occasion de la troisième édition. Épuisé depuis un moment, il a été réimprimé avec une histoire inédite et une couverture actualisée. Il est essentiel pour remonter aux sources d’inspiration de ce Québécois (ville) d’origine devenu célèbre avec la publication de ses expériences de superviseur d’animation en Asie lui fournissant toute la matière première pour Shenzhen et Pyongyang.

 

Il y a du bon et du moins bon, parfois même « non politically correct » dans Comment ne rien faire dont le titre correspond à l’une des 25 courtes histoires.

 

Guy Delisle est un grand observateur du comportement humain en tant qu’être social. Ses premières créations sont annonciatrices de sa vision universelle du monde qui nous entoure.

 

 

Intérêt/Émotion ressentie :
***
Appréciation générale :
***

Skidamarink (Guillaume Musso)

Guillaume Musso. – Skidamarink. – Paris : Calman-Lévy, 2020. – 444 pages.

 



Thriller

 

 




Résumé :

Alors que le vol de La Joconde fait la une de tous les journaux, quatre personnes qui ne se connaissent pas reçoivent un fragment découpé de la célèbre œuvre de Léonard de Vinci, accompagné d’un mystérieux rendez-vous dans une chapelle de Toscane.

Pourquoi eux ? Qui les a choisis ? Quel plan se cache derrière ce coup d’éclat ? Ils l’ignorent encore, mais à l’instant même où ils décident de résoudre ensemble cette énigme, leur vie prend un tournant dangereux, exaltant et sans retour.

 

Commentaires :

 

Quelle déception que cette réédition du premier roman de Guillaume Musso, Skidamarink. Bien sûr, il s’agit d’un premier opus avec ses maladresses. Mais lorsque l’éditeur le qualifie de « petite merveille » et d’un « Da Vinci avant l’heure », on a affaire à de l’enflure de marketing.

 

Le jeune auteur de l’époque voulait signer en 2001 une œuvre romanesque engagée « qui dénonce les dérives de la mondialisation ou encore les dangers potentiels de la génétique ». C’est bien le cas. Dans un récit plutôt naïf, peu crédible tant dans la trame que dans les dialogues parfois excessifs.

 

Tout m’a semblé superficiel et irréel dans cette histoire « arrangée avec le gars… qui l’a écrite » où le célèbre tableau de Léonard de Vinci (La Joconde) n’est qu’un accessoire. Même les personnages manquent de profondeur. Certaines scènes auraient mérité d’être peaufinées afin que le lecteur y croit. Paraît que l’édition originale épuisée de 2001 trouvait preneurs pour la rondelette somme de 300 euros (450 $) bien que le succès commercial ne fut pas au rendez-vous.

 

On me trouvera sévère mais Skidamarink n’a rien d’un thriller haletant. Oui on a hâte d’en connaître la conclusion pour découvrir comment le jeune auteur a imaginé une finale tout aussi improbable que réaliste.


À la défense de Musso, j'avais bien aimé La vie est un roman et La vie secrète des écrivains.


 

Originalité/Choix du sujet :
****
Qualité littéraire :
****
Intrigue :
***
Psychologie des personnages :
***
Intérêt/Émotion ressentie :
**
Appréciation générale :
**

Irrécupérables (André Marois)

André Marois. – Irrécupérables. – Montréal : Héliotrope, 2021. – 246 pages.


 



Polar

 

 



Résumé :

Depuis des jours, à la même heure et au même endroit sur son terrain, le sergent-détective Mazenc trouve une canette de boisson énergisante : un désagrément d’abord mineur, puis de plus en plus irritant, surtout à l’aube d’une semaine de vacances bien méritée. En bon protecteur de la bucolique région mandevilloise, Mazenc se met en tête de pincer le pollueur, s’attendant à trouver un vulgaire vandale à sermonner, sans plus.

Mais la forêt abrite des criminels bien plus dangereux… À croire que tous les malfrats de la province en ont fait leur repaire. En menant sa petite enquête, le sergent-détective ira ainsi fouiner dans des affaires de plus en plus louches, mettant en péril non seulement ses plans de vacances, mais sa vie ! Heureusement, pour un policier comme lui, le danger reste toujours plus attirant que le repos.

Dans ce truculent polar où la région de Lanaudière tient un rôle de choix, on avance sur ses gardes, certain de mettre le pied dans un piège au détour d’un sentier de quatre-roues.

 

 

Commentaires :

 

Définitivement la région de Mandeville, dans Lanaudière au Québec, se prête à merveille pour y camper des histoires sombres (l’expression est faible) !

 

Après Bienvenue à Meutreville (2016) que j’avais adoré, André Marois récidive avec ce 12e roman, un polar mettant en vedette son sergent-détective Mazenc, un récit palpitant non économe en nombre de victimes. Un autre « tourne-page » difficile à déposer sur sa table de nuit sans regretter d’en regretter les tenants et aboutissants, au risque de passer une très mauvaise nuit.

 

Pour qui connaît un peu la région, l’auteur nous entraîne dans le quotidien d’une communauté qui évolue dans un environnement forestier et giboyeux où les armes sont omniprésentes, aux résidences isolées, dans un univers exclusivement masculin de chasseurs buveurs de Labatt Bleue et de boissons énergisantes, d’adeptes de véhicules tout-terrain (VTT) et de pick-up F150, de policiers ripoux, de voleurs de grand chemin, d’assassins sans scrupules. Un univers où la violence est au cœur de l’action habilement traitée. Avec un clin d’œil à une réalité régionale bien québécoise : connexion internet pourrie. « … la MRC s’en fout de ceux qui habitent loi. Ils sont capables d’envoyer des fusées sur Mars, mais la haute vitesse au bout du chemin du Parc, oublie ça ! On est pogné avec Bell pison ‘tit fil de téléphone. C’est ça, la région. »

 

En somme le décor parfait entre Mandeville et Godbout sur la Côte Nord pour y tricoter serré un récit tragique mettant à l’épreuve l’instinct fiable et réconfortant du sergent-détective Mazenc qui se croit en vacances. Le tout en référence aux réflexions belliqueuses du général chinois Sun Tzu extraites de son traité L’art de la guerre rédigé au VIe siècle av. J.-C.

 

Écriture efficace. Scènes de fusillades des plus réalistes. Un titre quoi occupe une place de choix dans la collection Héliotrope Noir dont la ligne éditoriale a pour objectif de dresser la cartographie du crime à l’échelle du Québec.

 

Merci aux éditions Héliotrope pour le service de presse.

  

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

Un mensonge de trop (Éric Chassé)

Éric Chassé. – Un mensonge de trop. – Laval : Guy Saint-Jean, 2020. – 323 pages.

 



Thriller

 

 




Résumé :

Samedi, 14 heures. Lorsque Mathis se réveille dans sa voiture, il ne comprend rien. Qu’est-ce qu’il fait là?

Peu à peu, quelques souvenirs flous se faufilent dans la mémoire de l’enseignant de troisième secondaire. Un verre, la veille. L’inconnu qui lui a offert à boire. Aurait-il été drogué?

De retour chez lui, il retrouve son portefeuille dans la boîte aux lettres. Le contenu en semble intact, mais on l’a accompagné d’une note: C’est parti.

Mathis comprend que quelqu’un, quelque part, sait tout de sa vie privée. Tout. Une vidéo explicite où il tient la vedette a été dérobée de son ordinateur et sera diffusée à tous ses contacts, dont ses élèves, s’il n’accepte pas les conditions d’un odieux chantage. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg...

Une course folle, des événements terribles, une vie qui déraille, un cauchemar inimaginable:

 

 

Commentaires :

 

Quel plaisir de découvrir sur le tard un auteur québécois tel que Éric Chassé ! Son troisième roman, Un mensonge de trop, un « tourne page », m’a tenu en haleine du début à la fin. Avec une progression du suspense reposant sur un récit bien ficelé, truffé de détails qui s’emboîtent de chapitre en chapitre, tel un casse-tête bien imaginé par le ce thriller.

 

Tout est crédible dans ce scénario qui illustre à quel point un tel drame pourrait être vécu par quiconque dans la même situation que les trois protagonistes de ce cauchemar.

 

Écriture simple et efficace. Personnages bien campés. Un talent de raconteur indéniable qui précipite le lecteur au cœur de l’action. Un roman que j’ai dévoré en quelques heures, à bout de souffle lorsque j’ai tourné la dernière page.

 

Je limite volontairement mes commentaires de peur de vous dévoiler le moindre indice qui vous laisserait deviner la chute non conventionnelle dans le cas d’une histoire criminelle.

 

Donne le goût d’attaquer les deux opus précédents : La mort en vedette publié en 2016 et Ils étaient deux, en 2018.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

Un fond de vérité (Zygmunt Miloszewski)

Zygmunt Miloszewski. – Un fond de vérité. – Paris : Mirobole, 2015. – 540 pages.

 




Thriller

 

 




Résumé :

 

Fraîchement divorcé, Teodore Szacki a quitté son travail de procureur à Varsovie et débarque dans la paisible bourgade de Sandomierz, où il compte bien refaire sa vie. Mais six mois à peine après avoir abandonné l’agitation de la capitale et l’asphyxie de son mariage, il s’ennuie déjà.

Heureusement, devant l’ancienne synagogue de la vieille ville, du travail l’attend : un corps de femme drainé de son sang, tout comme dans un rite sacrificiel juif… Lorsque le mari de la victime subit le même sort, la population de la ville renoue avec des peurs vieilles de plusieurs décennies. Aux prises avec une flambée d’antisémitisme sans précédent, Szacki va devoir plonger dans un passé aux échos douloureux, et tenter de trouver la vérité dans une histoire qui déchaîne toutes les passions.

 

 

Commentaires :

 

Deuxième opus de la trilogie consacrée aux enquêtes du procureur polonais Teodore Szacki que j’ai nettement préféré au premier (Les impliqués). Avec Un fond de vérité, l’auteur nous entraîne dans les méandres d’un pan de l’histoire de son pays : les relations troubles entre les communautés juives et catholiques campées dans la petite ville de Sandomierz aux prises avec des légendes urbaines et un antisémitisme persistant.

 

Un roman policier enlevant avec une chute que je vous défie de deviner qui s’appuie sur des stéréotypes « toujours existants et douloureux » imaginé dans une ville de province dont est tombé amoureux son auteur. Très critique à l’égard de la société polonaise, de ses institutions, de sa justice. Des rappels historiques qui expliquent en tout ou en partie l’intrigue menée de main de maître.

 

Une autre occasion pour découvrir des aspects de la personnalité et du flair du procureur Szacki aux prises avec ses propres démons. Une enquête où l’humour caustique de Zygmunt Miloszewski contribue à la fois à appuyer et à dénoncer une réalité aux confins de l’histoire ancienne et actuelle, voire fictive.

 

J’ai beaucoup apprécié les descriptions « cinématographiques » des lieux, de la ville au passé historique très riche, la plus charmante cité de la Pologne selon l’auteur, avec son vieux quartier dominant la Vistule, sa cathédrale, son château, son quartier juif, ses nombreuses églises, ses murailles médiévales et son labyrinthe souterrain. Comme si on y était, aux côtés du procureur et des nombreux personnages qu’il côtoie dans la progression de son investigation.

 

Vivement le troisième volet de cette trilogie qui a valu, en France, à son auteur de se classer finaliste du Grand Prix des lectrices de ELLE et récipiendaire du Prix du polar à Cognac et du Prix du polar européen du Point.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

Chroniques de jeunesse (Guy Delisle)

Guy Delisle. – Chroniques de jeunesse. – Montréal : Éditions Pow Pow, 2021. – 152 pages.

 




Bande dessinée

 

 




Résumé :

 

Avant d’aller à Pyongyang, à Shenzhen et à Jérusalem, Guy Delisle a vécu à Québec où, durant trois étés, il a travaillé dans la même usine de pâte et papier que son père. Avec Chroniques de jeunesse, l’auteur revient sur son expérience de gars de shop, dressant un portrait drôle et touchant du milieu ouvrier et de ses années formatrices en tant qu’artiste.

 

 

Commentaires :

 

Toujours agréable de découvrir des pans de l’univers du bédéiste Guy Delisle à la fois dans l’originalité et la qualité graphique et dans la justesse et l’émotion ressentie dans les descriptions et les phylactères.

 

Chroniques de jeunesse m’a particulièrement intéressé, étant moi-même originaire de Limoilou où se dresse depuis 1927 l’usine de pâte et papier à l’architecture Art Déco qui, au cours de ma prime jeunesse, polluait allègrement l’air du quartier par ses émanations de soufre qui nous prenaient à la gorge. L’Anglo Pulp comme on l’appelait où travaillait un des cousins de ma mère. Un édifice imposant et intrigant sur le boulevard des Capucins dont on connaît maintenant tous les « mystères » grâce aux trois étés de travail d’étudiant de Delisle.

 

Un environnement de travail gris industriel avec quelques touches d’orange, exclusivement masculin aux horaires difficiles, éreintant, bruyant, exténuant sous une chaleur excessive et des odeurs agressantes. La routine des équipes de nuit. Des propos machos et sexistes lors des pauses « dans des cabines insonorisées […] placées entre les machines pour souffler un peu ».

 

Sans porter de jugement, l’auteur nous livre un portrait intimiste et sociologique saisissant de la fin des années 1980, lui-même en transit entre ses études en dessin et en animation et le métier qui l’amènera à publier plus de 17 BD depuis 1996.

 

Une page d’histoire de la ville de Québec, du quartier Limoilou et des ouvriers qui y ont œuvré et laissé, pour plusieurs, leur santé.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

Numéro zéro (Umberto Eco)

Umberto Eco. – Numéro zéro. – Paris : Grasset, 2015. – 233 pages.

 




Roman

 

 





Résumé :

En 1992, à Milan, un groupe de journalistes, cinq hommes et une jeune femme, sont embauchés pour créer un nouveau quotidien qu’on leur promet dédié à la recherche de la vérité, mais qui se révèle un pur instrument de calomnie et de chantage.

Ils fouillent dans le passé pour mettre en page leur « numéro zéro », et c’est le présent qui leur saute au visage…

« L’ombre de Mussolini, donné pour mort, domine tous les événements italiens depuis 1945 » : est-ce là le délire d’un journaliste d’investigation paranoïaque ? Mais alors, pourquoi le retrouve-t-on assassiné un beau matin ?

Attentats, tentatives de coups d’État, empoisonnements, complots, stratégie de la manipulation, de la désinformation et de la tension : quand tout est vrai, où est le faux ?

 

 

Commentaires :

 

Critique du monde des médias écrits italiens traité avec humour qui trouve aussi ses références ailleurs dans le monde occidental. Les informations font-elles un journal ou serait-ce plutôt le journal qui fait l’information ? Question que soulève l’auteur en entraînant le lecteur dans les fabulations réelles ou imaginaires de ses six journalistes qui, en 1992, réfléchissent sur le contenu d’un nouveau périodique dont l’éditeur souhaite des publications avant les faits.

 

Toutefois, une bonne connaissance de l’histoire contemporaine de l’Italie est souhaitable pour mieux apprécier la parodie des thèmes abordés.

 

Un court roman agréable mettant en évidence l’érudition de son auteur, à lire ou relire (je l’avais lu lors de sa sortie initiale en 2015) à l’ère des Fake news de la crise des médias écrits confrontés aux réseaux sociaux, nouveaux créateurs et diffuseurs de la vraie ou la fausse nouvelle.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
****
Psychologie des personnages :
****
Intérêt/Émotion ressentie :
****
Appréciation générale :
****

Mystère aux Archives (Pierre Gemme)

Pierre Gemme. – Mystère aux Archives. – Paris : Flammarion jeunesse, 2020. – 139 pages.

 



Littérature jeunesse

 

 





Résumé :

 

Théo n’a jamais connu son grand-père, un célèbre cuisinier des ambassades. Il a disparu avant sa naissance. Lorsque ses professeurs lui demandent de se rendre aux Archives diplomatiques dans le cadre d’un devoir, Théo saute sur l’occasion pour tenter de résoudre le mystère entourant la disparition du chef étoilé.

 

Accompagné de sa meilleure amie Élodie, il retrouve un carnet de recettes ayant appartenu à son grand-père. Mais ils ne sont pas les seuls à s’intéresser à cet ouvrage. Certains sont prêts à tout pour le récupérer.

 

Une enquête au cœur des secrets des Archives.

 

 

Commentaires :

 

Ce roman jeunesse entraîne les lectrices et les lecteurs dans le monde des archives, en l’occurrence les archives diplomatiques française. Le personnage principal, appuyé par sa copine de classe dont il est amoureux résoudra le mystère de la disparition de son grand-père cuisinier grâce à un document d’archives révélateur.

 

Une aventure à la fois culturelle et culinaire bien rythmée, au dénouement prévisible qui nous fait voyager dans quelques quartiers de la capitale française.

 

Une lecture agréable et motivante. Une belle collaboration entre une institution d'archives et un romancier.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
****
Appréciation générale :
****

Tous les diables sont ici (Louise Penny)

Louise Penny. – Tous les diables sont ici. – Montréal : Flammarion Québec, 2020. – 512 pages.

 



Polar

 

 





Résumé :

 

Le soir de leur arrivée à Paris, les Gamache se réunissent dans un bistro avec le parrain d’Armand, le milliardaire Stephen Horowitz. En sortant, ils voient avec horreur le vieil homme se faire renverser dans ce que Gamache sait n’être pas un simple accident, mais bien une tentative d’assassinat.

 

Une étrange clé trouvée sur le blessé entraîne Armand, sa femme Reine-Marie et Jean-Guy Beauvoir, son gendre et ancien bras droit à la Sûreté, sur une piste allant du sommet de la tour Eiffel aux entrailles des Archives nationales, en passant par de luxueux hôtels et des œuvres d’art cryptiques. Il leur faut se plonger dans les secrets qu’Horowitz a dissimulés pendant des décennies.

 

Une découverte terrible dans son appartement parisien montre toutefois que le danger est bien plus grave. Bientôt, toute la famille se retrouve piégée dans un enchevêtrement de mensonges et de tromperies. Gamache devra décider s’il préfère se fier à ses amis, à ses collègues, à son instinct… ou à ses proches. Car même la Ville lumière recèle des zones d’ombre où se cachent des êtres diaboliques.

 

 

Commentaires :

 

Rafraîchissante cette nouvelle enquête d’Armand Gamache qui sort des décors surutilisés du village mythique et imaginaire de Three Pines, haut lieu d’un nombre hors du commun de crimes. L’air de Paris contribue à doter ce polar d’un bon suspense malgré la lenteur de l’action qui culmine dans les derniers chapitres.

 

Comme dans ses 15 autres romans, Louise Penny pêche par l’invraisemblance nous faisant découvrir que les Gamache ont fréquenté par le passé à plusieurs reprises la Ville lumière et qu’ils sont bien connus par des hauts placés de la capitale française : Armand et le préfet de Paris, Reine Marie et l’Archiviste nationale de France. Sans oublier la peintre Clara Morrow aux toiles sévèrement critiquées et l’un des conservateurs du Musée du Louvre !

 

L’auteure nous entraîne avec toute la famille Gamache dans de chics hôtels parisiens (le Lutetia et le George V), au sommet de la tour Eiffel, dans les jardins du musée Rodin, dans le quartier du Marais et celui de La Défense…dans une histoire abracadabrante dont on souhaite connaître le dénouement plutôt imprévisible.

 

À noter quelques détails qui auraient eu avantage à être contre-vérifiés : Reine Marie qui se dit « bibliothécaire archiviste principale » retraitée ayant débuté sa carrière à Bibliothèque et Archives nationales du Québec. D’abord, ce corps d’emploi n’a jamais existé dans cette institution. Et l’épouse d’Armand Gamache a débuté sa carrière soit aux Archives nationales, soit à la Bibliothèque nationale, car BAnQ est le résultat de la fusion de ces deux entités le 31 janvier 2006.

 

D’autre part, j’avais compris que le personnage Stephen Horowitz avait des enfants alors que ce n’est pas le cas dans celui-ci. Louise Penny nous rassure en confirme « avoir commis une erreur la première fois en fournissant plus de détails que nécessaire ». De plus, peut-être une erreur de traduction on doit l’espérer : comme l’a mentionné un blogueur littéraire québécois, il est plutôt surprenant qu’on manipule allégrement des mitrailleuses plutôt que des mitraillettes.

 

Tous les diables sont ici est à mon avis un des meilleurs romans policiers de la série imaginée par la seule auteure à avoir emporté sept fois le très prestigieux prix Agatha et à être traduite dans une trentaine de langues. Mais attention, le clan Gamache (parents, enfants et petits-enfants) sera de retour à Three Pines, pour le meilleur ou pour le pire.

 

D’ici là, envolez-vous virtuellement pour Paris et laissez-vous emporter par l’imaginaire réconfortant de Louise Penny.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****