À priori… (Bernard Racette)


Bernard Racette. – À priori…. – Montréal : Bernard Racette, 2022. – 547 pages.

 


Thriller

 

 


Résumé :

 

Madrid. Un curieux message est diffusé par le Mouvement Philonous. La loterie nationale est perturbée. La gagnante ne reçoit pas son prix. Les autorités n'y comprennent rien et les médias s'emparent de cette étrange nouvelle.

 

Depuis Berlin, une philosophe de renom, Birgit Grünewald, spécialiste de l'œuvre de Kant, désire créer une équipe de chercheurs, parmi lesquels une jeune Chinoise spécialiste en chimie quantique. Allier la pensée morale du grand philosophe avec l'intelligence artificielle... Une machine peut-elle être morale? L'alliance philosophie et science peut-elle agir sur le réchauffement climatique, sur la surconsommation?

 

Un deuxième message du Mouvement Philonous est diffusé à New York, en plein Time Square. Qui en est à l'origine et que veulent ses auteurs? L'énigme devient planétaire.

 

Tout en travaillant les uns avec les autres, ces têtes bien pleines observent entre elles une réelle méfiance, chacun ne sachant pas vraiment pour qui l'autre travaille. C'est dans un climat de soupçons et de collaboration que certains des héros verront leur vie bouleversée au-delà de toute attente.

 

 

Commentaires :

 

Il faut être féru de sciences pures et de philosophie pour apprécier toute la richesse des connaissances qui constituent le cadre de ce récit.

 

Si vous êtes à l’aise avec la mécanique quantique, la chimie numérique et computationnelle, les algorithmes d’intelligence artificielle, le Deep Learning, la pensée philosophique de Kant énoncée dans la Critique de la raison pratique et La métaphysique des moeurs ou celle de George Berkley sur l’inexistence de la matière…, vous allez apprécier.

 

Vous naviguerez dans les dédales d’une histoire d'espionnage scientifique international tricotée serrée mettant en scène, entre autres, une jeune chimiste quantique, une philosophe allemande désespérée et un génie de l'informatique fou des beaux-arts parmi les nombreux personnages mis en scène. Dans un scénario multipiste où « le constructivisme kantien est mis à mal, en partie et non en totalité, par la mécanique quantique ». Dans un contexte de crise climatique et écologique, de trafic de fentanyl contrôlé par les cartels mexicains et de lutte contre la surconsommation.

 

Personnellement, je n’ai définitivement pas l’esprit scientifique que je reconnais à Bernard Racette pour avoir tiré profit de la lecture de ce roman somme toute très bien écrit et très documenté. Une œuvre de fiction des plus réaliste qui met en évidence des questions d’éthique, de sécurité de l’information et des « possibles dérives liées à la société numérique […] rendues possibles par les progrès fulgurants et exponentiels de l’intelligence artificielle ».

 

Entre œuvre de fiction et essai, À priori nous entraîne aussi dans un labyrinthe de détails sur la matière, l’espace et le temps dans lequel je me suis senti complètement dépassé. Ce qui n’est nullement le cas de l’auteur érudit qui maîtrise toutes les facettes de son sujet.

 

J’ai été ravi par cette description de la Grande Bibliothèque de Montréal la nuit et de sa section philosophie. Je partage ces deux paragraphes qui illustrent bien la qualité d’écriture de cet ouvrage :

 

« La Grande Bibliothèque de Montréal ressemble à un immense navire lorsque, les soirs obscurs, on la regarde par un de ses côtés longilignes. Joyau architectural, gardien de la culture, grouillante d'activités le jour, elle est
endormie à cette heure de la nuit. Seuls quelques agents de sécurité déambulent sur son pont et regardent au loin la mer de bâtiments qu'elle sillonne. Tout est calme, comme toujours. Les allées sont vides, les livres se reposent avant d'être à nouveau manipulés, parcourus, parfois rejetés, parfois adorés, mais toujours prêts à livrer leurs messages, à conter leurs histoires, à parler silencieusement aux lecteurs ou lectrices, jeunes ou vieux, intéressés ou pas, curieux ou analytiques, et quoi d'autre encore.

 

Ils en ont vu d'autres. Certains vieillards reposent en silence sur les tablettes depuis longtemps. Ils ont été transportés d'un bâtiment à l'autre, d'un étage à un autre, sans jamais se plaindre ou rechigner. La section philosophie est particulièrement âgée, de fait et de fond, et souvent, même durant le jour, un calme plat y règne; on dirait parfois une maison de retraite pour bouquins. Pourtant, ils ont encore tant à dire et enseigner, ces vieux sages qui chérissent leurs lecteurs d'un amour platonique. Ils ont tant de points de vue profonds et de conseils lumineux à donner, mais jamais directement, toujours en illustrant, démontrant, expliquant, suggérant. Ils ne sont pas des poseurs cherchant éclats de lumière et attention. La lumière, ils la portent en eux. Ils sont des retraités de la réflexion, souvent mis de force à l'écart, dont le savoir est pourtant plus que jamais nécessaire. »

 

Bernard Racette vit à Laval. Il est diplômé en génie chimique de l’École Polytechnique de Montréal et en chimie de l’Université de Montréal. L’obtention de ses diplômes dans le domaine scientifique n’a pas altéré son goût pour la philosophie. Il joint à ses talents d’écrivain ceux de peintre – ses œuvres sont exposées sur le site web de Gallea – et de pianiste – on peut l’entendre interpréter quelques pièces musicales sur sa chaîne YouTube.  

 

J’aimerais également souligner la qualité d’auto édition de ce roman réalisé avec l’accompagnement des services de publication de BouquinBec et de deux de leurs professionnels avec qui j’ai eu l’occasion de travailler par le passé : Vicky Winkler (Scribeo-Productions) à la révision linguistique et à la correction des épreuves et Alejandro Natan pour la mise en page et la couverture de première.

 

 

Merci à Bernard Racette pour le service de presse.

 

Vous pouvez commander votre exemplaire broché ou numérique sur le site amazon.ca.

 

 

Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue : ***

Psychologie des personnages : ****

Intérêt/Émotion ressentie : ***

Appréciation générale : ***



Automne 1995 (Dominique Lebel)


Dominique Lebel. – Automne 1995. – Montréal : Robert Laffont Québec, 2023. – 197 pages.

 


Roman

 

 


Résumé :

 

Martin croisait dans la rue des gens qui semblaient le regarder d’une drôle de façon. Que voyaient-ils en lui qu’il ne voyait pas lui-même? C’étaient les lendemains de la défaite — de toutes les défaites — et tout le monde semblait bien décidé à oublier le passé. Qui étions-nous avant le référendum de l’automne 1995 et que sommes-nous devenus ?

 

 

Commentaires :

 

Automne 1995 est un roman écrit à la deuxième personne du singulier et du pluriel qui a pour thème le suicide : celui des Québécois qui, en octobre, ont refusé une deuxième fois de se donner un pays et, en décembre, celui de Sophie, l’amoureuse du narrateur, Martin, militant du Parti Québécois. Une fiction-réalité qui jette un regard introspectif sur un drame individuel et collectif. Un retour aux sources, entre l’enfance et l’âge adulte, un peu comme l’évoque Le plus beau voyage de Claude Gauthier. Un monologue qui tente d’expliquer le présent, à partir d’un passé marqué d’épisodes de tristesse et de bonheur, d’envisager l’avenir autrement, l’heure étant venue de passer à autre chose !

 

Le style est caractérisé par de courtes phrases, l’insertion chronologique d’événements marquants sur la scène nationale et internationale s’imbriquant tout au long du parcours du narrateur et de celui des Québécois de 1990 à 1995 et de références littéraires (écrivains et poètes). Le récit de Dominique Lebel abonde d’images évocatrices de ses origines, de son vécu et des sentiments qui l’ont personnellement animé. Quant aux réflexions de l’auteur sur la politique, la psyché des Québécois, la campagne référendaire, les acteurs politiques et en bout de piste la victoire à l’arraché du « Non » laissent malgré tout un goût amer sur une des périodes les plus intenses de l’histoire du Québec qui avait pris son élan les 23 et 24 juin 1990 :

 

« En juin 1990 s’ouvrit une parenthèse qui allait se refermer au soir du 30 octobre 1995. Ces cinq années furent les plus exaltantes de l’histoire de la nation. »

 

« Cette nuit-là, si l’on avait regardé la Terre depuis le ciel, on aurait pu voir apparaître, au-dessus du Québec, un halo bleuté. »

 

Et cinq ans plus tard : une « déflagration […] si grande qu’elle a assommé tout un peuple, peut-être pour l’éternité », un « banc de brouillard qui, d’un coup, [ayant] recouvert le Québec tout entier, comme au petit matin dans les ports des Îles-de-la-Madeleine. » 

Tout au long des 40 courts chapitres que compte ce roman, l’auteur, passionné du monde politique qu’il a fréquenté, énonce les raisons de la tenue du référendum, livre une description éloquente du déroulement de la campagne référendaire, expose l’ambivalence des politiciens français face à l’avenir du Québec, partage avec le lecteur l’ambiance des assemblées publiques : 

« Tu aimais ces atmosphères de fin du monde où tout peut arriver. La tension dans la salle. Les applaudissements à tout rompre. Les silences. L'attente. La musique qui claque à l'arrivée du chef. L'avancée vers l'estrade en se faufilant entre les militants gonflés à bloc. Les gardes du corps qui doivent fendre un chemin dans la foule. La lumière au bout du tunnel. » 

Particulièrement celle de fin de campagne, à Jonquière, à quelques heures du vote : 

« Tu te souviens de l'incroyable énergie de la foule. De l'entrée triomphale de Parizeau dans la salle. Ces fameux walk-in qui charrient toute la puissance émotionnelle que la politique est capable d'offrir, laquelle, à ce moment-ci de l'histoire, était d'une intensité telle que tu ne l'avais jamais vue auparavant, et que plus jamais on ne reverra. Ce saut de puce improvisé du chef à Jonquière, c'était comme si la direction de la campagne avait voulu l'offrir à Parizeau en guise de cadeau de fin de campagne, et d'invitation à tenir. » 

Il partage aussi sa conception de l’idée d’indépendance : 

« L'idée d'indépendance est comme le bassin d'eau contenu par les deux portes d'une écluse. Il s'agit parfois d'un petit bassin. Un tout petit bassin. Parfois, l'idée n'existe que dans la tête de quelques-uns, ou n'est encore que latente, dans une forme d'état d'hibernation. C'est le calme plat. On veut qu'elle reste en vie le temps qu'elle est dans le sas. Le sas, c'est aussi pour qu'elle ne meure pas. On se tient tranquille. On avale des couleuvres. Ce n'est pas grave. On se dit que ce n'est pas bien grave. Nous vivons une vie courte dans l'histoire longue. »

 

Lui qui a côtoyé le premier ministre Jacques Parizeau ne pouvait s’empêcher de décrire le personnage, sans références à sa déclaration lucide le soir de la défaite : 

« Il avait une présence hors de l’ordinaire. Un mélange de retenue, de hauteur, d’humour, de classicisme et d’onctuosité. Ses discours étaient à la fois des leçons de politique pour ceux qui l’aimaient et d’incroyables repoussoirs pour ceux qui ne pensaient pas comme lui. » 

« Parizeau disposait d'un pilote interne sans lequel il n'aurait pu se rendre si loin. Se rendre jusqu'au bout, c'était un pari fou, véritable roulette russe. Mais il y allait tête première, et se rendrait à destination, mort ou vif. Il n'y avait rien qui n'aille aussi peu de soi que cette idée de faire l'indépendance. C'était une idée révolutionnaire, et comme toutes les idées révolutionnaires, elle est extrêmement difficile à tenir sur la durée. Parizeau avait tenu jusque-là. Il tomba juste après. Il avait pu déclencher le référendum non seulement parce qu'à ce moment précis de l'histoire, il détenait le pouvoir, mais parce que c'était lui et personne d'autre. - Si on perd, ce sera ma faute. » 

Dominique Lebel étant chroniqueur littéraire au magazine L’actualité, j’ai noté ces quelques passages qui illustrent bien son amour de l’écriture, de la poésie, des livres et de l’importance des écrivains dans une société : 

« Un grand romancier est quelque chose de rare et de précieux. Ça tient sur peu de tablettes dans une bibliothèque. C'est la part tragique qui fait le roman. Le lecteur cherche toujours la mort de l'écrivain. Pour écrire, l'écrivain ne doit pas mourir. Le lecteur doit avoir peur, et pour qu'il ait peur, l'écrivain doit avoir peur lui aussi. C'est cette peur qui fait le roman. » 

« Il faut écrire sur ce que l’on sait, le moins possible sur ce que l’on ne sait pas. » 

« Les livres vivent tant qu’ils sont lus. » 

« Les pays qui aspirent à de grandes politiques doivent avoir de grands poètes. Parce que tout naît de la beauté. » 

« Tu sais que tu aimes un livre si, en parcourant ses pages, tu souris intérieurement en imaginant le plaisir de l’auteur. » 

Autres citations intéressantes :

 

« …le problème avec l’avenir, c’est que ça dure longtemps. » 

 « L'histoire n'est pas écrite d'avance. Vous ne savez jamais si vous êtes au début, au milieu ou à la fin. Une seule chose est certaine: la vie est partout, à l'intérieur de toutes ces forces luttant simultanément. Et chaque jour, la vie recommence. » 

« Pour les non-initiés, la politique est le lieu de l’anticipation, des calculs et de la scénarisation. » 

Le pays n’est jamais venu. Viendra-t-il un jour ? Dominique Lebel glisse en conclusion cet énoncé teinté d’un optimisme modéré : « C’est quand on croit que tout est fini que tout devient possible. » 

Le lecteur indépendantiste que je suis, malgré tout depuis près de 60 ans, doute que l’on puisse réussir à convaincre un « peuple qui veut être un peuple qui ne veut pas être un peuple », un peuple inconscient de « la puissance d’un peuple rassemblé peut créer une sorte de courant électrique si fort qu’il en modifie la surface du globe. » Ce que la société civile catalane avait compris de 2011 à 2017. 

Automne 1995 est une œuvre littéraire qui fait réfléchir sur le parcours d’une vie entre « l’engagement citoyen et l’ivresse amoureuse », avant et après la mort de Sophie et le choix politique des Québécois : 

« Il y a tant d’intersections dans une vie que, lorsqu’on fait le chemin à rebours, on n’arrive pas très bien à comprendre comment les choses se sont alignées. »

 

Dominique Lebel est diplômé en histoire l’Université du Québec à Montréal.. Il est l’auteur entre autres du journal de son mandat auprès de la première ministre Pauline Marois à titre de directeur de cabinet adjoint du 4 septembre 2012 à la défaite électorale du 7 avril 2014, Dans l’intimité du pouvoir (2016). Au cours des 25 dernières années, il a travaillé dans l’univers des communications et de la publicité, de la politique, puis des technologies. Au milieu des années 1990, il avait oeuvré auprès de Jean Doré à Montréal, puis de Pauline Marois et de Gilles Baril dans le gouvernement de Lucien Bouchard

 

Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire sur le site leslibraires.ca et le récupérer auprès de votre librairie indépendante.

 

 

Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intérêt/Émotion ressentie : ****

Appréciation générale : ****

Photographes de guerre (Raynal Pellicer / Titwane)


Raynal Pellicer / Titwane. – Photographes de guerre – Hans Namuth et Georg Reisner 1936-1949. – Paris : Albin Michel, 2023. – 152 pages.

 


Bande dessinée

 

 

Résumé :

 

18 juillet 1936.

Barcelone se prépare pour les Olympiades populaires, réponse pacifiste et antifasciste aux JO de Berlin. Hans Namuth et Georg Reisner s’apprêtent à photographier les athlètes, mais l’ambiance n’est pas à la fête, l’armée nationaliste s’est soulevée contre la République.

 

À 21 et 24 ans, les deux photographes allemands ignorent encore qu’ils ne sont qu’aux premières heures d’une longue guerre fratricide. Pendant plusieurs mois, armés de leurs seuls appareils photo, ils vont couvrir les différents fronts du côté républicain. Eux qui avaient fui les geôles nazies dès 1933, les voici confrontés à l’inexorable avancée des troupes franquistes.

 

Le drame européen conduira l’un à mourir dans la France vichyste quand l’autre aura une seconde vie outre-Atlantique, entre autres grâce à Jackson Pollock.

 

 

Commentaires :

 

« Habitués des reportages en immersion, Raynal Pellicer et Titwane livrent un portrait tout en humanité de deux photographes plongés dans la tourmente de la guerre d'Espagne. Un récit poignant aux accents tristement actuels. »

 

Cette phrase en quatrième de couverture décrit bien cette bande dessinée très documentée et au style graphique rappelant les croquis que certains peintres cumulent dans leurs vade-mecum : qualité du dessin et sa mise en couleur à l’aquarelle aux tons bicolores (noir et marron), mise en page dynamique, planches sans dialogue qui parlent d’elles-mêmes, transposition de photographies, doubles pages parfois percutantes, de nombreux gros plans, un choix éditorial pour mettre en évidence les acteurs et ceux qui subissent les conséquence de cette guerre entre Espagnols.

 


L’album s’ouvre sur la traversée de l’Atlantique et l’arrivée à New York en avril 1941 d’un des protagonistes qui ne veut pas oublier « les fantômes laissés derrière soi [mais] avec un irrémédiable sentiment de culpabilité ».

 

Suit la chronologie des événements dans une Espagne divisée en zone nationaliste (fasciste) et républicaine de juillet 1936, début du soulèvement militaire contre la Rébublique à mars 1939, chute de Madrid aux mains des troupes franquistes.

 

On y suit les deux photoreporters qui, parfois au péril de leur vie, alimentent en binôme l’hebdomadaire français « VU », un magazine d’actualité photographique avec « une mise en page avant-gardiste et une ligne éditoriale engagée », plutôt à gauche. Dans lequel, « le texte explique et la photo prouve ».

 

Une planche est consacrée à la comparaison entre les appareils que s’échangent les photographes. Un Leica « au format 24 x 36 avec des pellicules de 36 poses. Le film avance automatiquement et on peut enchaîner les prises se vues. »

 


Et un Rolleiflex « doté d’une pellicule de 12 vues 6 x 6. On cadre l’appareil contre le ventre, le regard orienté sur le verre dépoli horizontal ».

 

« Se servir du Leica est plus dangereux que du Rolleiflex. Le problème, c’est le viseur oculaire. Quand tu mets l’appareil au visage pour prendre une photo, c’est un peu le même geste que de sortir une arme et viser… De loin, peut y avoir méprise. » explique Hans Namuth.

 

Au passage, des personnalités politiques et littéraires sont entre autres mentionnées : Lluís Companys, président de la Catalogne ; Ernest Hemingway ; Antoine de Saint-Exupéry ; Frank Borkenau, auteur d’un ouvrage intitulé « The Spanish Cockpit », « un essai critique de la gestion politique et sociale du conflit par le gouvernement républicain » que George Orwell, dans « Hommage à la Catalogne », considère parmi les livres sur la guerre d’Espagne comme étant « celui qui est écrit avec le plus de compétence » ; Varian Fry, journaliste new-yorkais à la tête de l’Emergency Rescue Committee ayant pour objectif de faire sortir de France artistes, ingénieurs, chimistes, scientifiques.

 

On y apprend également des détails sur le passé des deux photographes : « militants au sein de mouvements pacifistes et gauchistes en Allemagne ». Et sur le soutien des forces soviétiques avec la présence de chars russes, dont un conduit par un Ukrainien de Kiev !

 

Le conflit s’envenimant, les deux jeunes Allemands, craignant de tomber entre les mains des franquistes, se résignent à s’exiler à nouveau en France :

 

« Leur expérience de sept mois au cœur de cette guerre civile leur a au moins octroyé une certaine reconnaissance et un grand nombre d’opportunités professionnelles. »

 

Ils ouvrent un studio à Neuilly-sur-Seine, travaillent pour différents magazines et enchaînent reportages et portraits de personnalités, dont Paul Eluard et Joseph Roth. Jusqu’à ce que suite à l’invasion de la Pologne, le Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à l’Allemagne :

 

« La IIIe République finissante ordonne alors l’internement de tous les ressortissants du Reich séjournant sur son territoire. »

 

En finale, un chapitre est alors consacré à leur séjour forcé dans le sud de la France entre septembre 1939 et décembre 1940 : Georg Reisner interné au Camp des milles entre Aix-en-Provence et Marseille ; Hans Namuth au Stade de Colombe, puis à Blois avant d’être enrôlé dans la légion étrangère, envoyé au Maroc, démobilisé parce que la France avait capitulé et revenu à Marseille. Je vous laisse découvrir la suite, leurs espoirs anéantis alors qu’un nouveau conflit prend de l’ampleur en Europe.

 

« Le fascisme est une machine à broyer les peuples. Les démocraties sont restées passives. Elles ont espéré échapper au chaos. Aujourd’hui elles en payent le prix fort. […] même l’Amérique n’échappera pas au fracas des armes… » … déclara Georg Reisner

 

Vous l’aurez compris, l'histoire de ces deux photographes, de leur engagement est passionnante. Cette chronique journalistique est du même calibre que « Gaza 1956 en marge de l’Histoire » de Joe Sacco (2010). Elle livre un vibrant témoignage des atrocités de ce conflit fratricide qui a laissé des séquelles irréversibles dans l’Espagne et la Catalogne d’aujourd’hui.

 

En annexe, les auteurs ont fourni leurs sources documentaires (ouvrage et documents d’archives) et reproduit quelques documents « biographiques datant de 1940 : la dernière lettre de Georg Reisner à sa famille, une lettre de Konrad Reisner, frère de Georg adressée à Hans Namuth, l’acte de décès de Georg Reisner et un radiogramme de Varian Fry. Il eût été intéressant d’y retrouver également deux ou trois clichés qui ont inspiré les auteurs. On peut toutefois visionner sur le site de l'International Center of Photography plusieurs photos prises pendant la guerre civile espagnole par Hans Namuth et Georg Reisner. Vous y reconnaîtrez certaines planches de l’album.

 

« Photographes de guerre » est un album plus que jamais d’actualité, à l’heure des conflits majeurs qui dévastent actuellement l’Ukraine et la Palestine, pour ne nommer que ces deux pays.


 

Raynal Pellicer est auteur de documentaires. Il a publié de vastes reportages très illustrés avec Titwane au dessin. En croisant sa passion pour la photo et ses origines espagnoles, il a découvert le travail de Hans Namuth et Georg Reisner… et s’est lancé dans une vaste enquête au sujet de leur histoire.


 

Titwane est illustrateur et oeuvre dans la presse, l’édition jeunesse et la bande dessinée. Avec Raynal Pellicer au scénario, il a entre autres publié trois enquêtes illustrées très documentées sur différents services de police et une sur le porte-avions Charles de Gaulle. Avec Namuth et Reisner, il fait montre d’un découpage ultra riche et d’une rare densité visuelle.

 

Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire sur le site leslibraires.ca et le récupérer auprès de votre librairie indépendante.

 

 

Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire et graphique : *****

Intérêt/Émotion ressentie :  *****

Appréciation générale : *****

La cage (Hervé Gagnon)


Hervé Gagnon. – La cage. – Paris : Hugo Jeunesse, 2022. – 304 pages.

 


Polar jeunesse

 

 


Résumé :

 

Lévis, 1763

Condamnée à mort pour le meurtre de son mari, Marie-Josephte Corriveau est pendue. Par ordre du gouverneur, son corps est ensuite exhibé dans une cage en fer à la croisée des chemins.

 

Montréal, 1851

La cage de la Corriveau est exposée à Montréal. Eugénie Lachance et son petit frère, Alexis, jeunes orphelins employés dans une manufacture, décident de s'offrir ce modeste divertissement. Mais la vue de l'objet a un effet inquiétant sur la douce Eugénie. Pire encore, plusieurs crimes violents sont rapportés aux autorités ! Le constable Seamus O'Finnigan tente d'éclaircir cette affaire...

 

 

Commentaires :

 

Les littératures du crime et leurs déclinaisons (polars, thrillers, romans d’espionnage, romans noirs…) prennent parfois une dimension sociologique, ethnologique, historique… Ils contribuent alors à sensibiliser les lectrices et les lecteurs à certains travers de la société, voire à rappeler des événements marquants de notre passé. C’est ici le cas avec La cage de Hervé Gagnon, historien de formation, qui utilise comme prétexte le procès pour meurtre et la pendaison de Marie-Josephte Corriveau, dite La Corriveau, pour nous plonger dans la vie ouvrière montréalaise des années 1850. Après une brève incursion le 18 avril 1763, quelques années après la Conquête anglaise. Avec comme cible des « ados au cœur solide » de 14 ans et plus.

 

Ce roman de 300 pages se lit en quelques heures. L’écriture fluide, l’intrigue bien ficelée qui se déploie tout au long d’une quarantaine de courts chapitres, l’atmosphère angoissante et le rythme du récit en font un tourne page qui intéressera aussi une clientèle adulte. Et que dire de la finale tout à fait inattendue, ouverte sur une suite aux prémisses prometteuses. À la page 299, pour contrer les appréhensions d’aucuns qui pourraient critiquer l’écrivain d’avoir bâclé la conclusion de son récit, j’aurais remplacé le mot « Fin » par « À suivre ».

 

J’ai particulièrement apprécié la recette de l’auteur pour nous imprégner de la vie quotidienne d’une couche moins nantie de la société montréalaise. Dans une métropole d’à peine 60 000 habitants « en train de devenir la capitale économique du Canada-Uni », avec son « marché Bonsecours tout neuf » et son « magnifique dôme [trônant] au sommet de cet édifice en calcaire gris [faisant] la fierté de tout Montréal », son « église Notre-Dame et ses deux magnifiques tours toutes neuves », sa « rue Saint-Paul, parsemée de fabriques et de boutiques de toutes sortes », ses « trottoirs de bois »…

 

Sans oublier les conditions de travail des couturières d’une manufacture de chaussures : « onze heures ininterrompues par une courte pause pour manger, boire et faire les besoins pressants ». Et quelques détails de la vie quotidienne : les repas autour des « bines » (fèves au lard) et de « la soupe aux pois », le « bloc de glace enveloppé de sciure de bois dans la glacière », les « latrines » dans la cour arrière.

 

Avec comme résultat un roman très réaliste malgré une incursion dans le surnaturel où hallucinations et fantômes ont une influence, un pouvoir néfaste et occulte sur certains individus.

 

Hervé Gagnon a aussi mis en scène un personnage principal, Eugénie Lachance, au caractère indépendant, féministe avant l’heure, souhaitant « plutôt continuer à travailler, qu’elle n’avait aucun besoin de se marier pour exister, qu’elle pouvait très bien mener sa vie sans porter le nom d’un autre ». En ravivant une figure légendaire de l’histoire québécoise, la Corriveau, l’exposition à Lévis en 1763 de son cadavre dans une cage de fer et l’exploitation de cet artéfact sinistre maintenant conservé à Québec, au Musée de la civilisation, l’auteur rappelle également cette époque des cabinets des curiosités qui a trouvé son équivalent avec l’exposition en novembre 2015 de la célèbre cage, à Québec, dans les voûtes de la Maison Chevalier de place Royale, qui a attiré de nombreux curieux. J’étais du nombre.

 

On ne sera pas surpris d’apprendre que Hervé Gagnon, originaire de La Baie, est détenteur d'une maîtrise et d’un doctorat en histoire ainsi que d’une maîtrise en muséologie de l'Université de Montréal. Il a œuvré pendant plus de 25 ans à la mise en valeur de la culture et du patrimoine et a enseigné dans plusieurs universités québécoises. Depuis 2010, il se consacre à l'écriture de thrillers et de polars ésotériques ayant le plus souvent l'histoire en toile de fond. Au rayon de la littérature jeunesse, il a publié 14 romans, dont la série Le talisman de Nergal en six tomes.

 

 

Merci aux éditions Hugo Jeunesse pour le service de presse.

 

Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire sur le site leslibraires.ca et le récupérer auprès de votre librairie indépendante.

 

 

Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue :  *****

Psychologie des personnages :  *****

Intérêt/Émotion ressentie :  *****

Appréciation générale : *****

L’alerte (Brigitte Alepin)


Brigitte Alepin. – L’alerte. – Montréal : Druide, 2024. – 252 pages.

 

Thriller uchronique

 

 

 


Résumé :

 

Cécile Larrivée, spécialiste en politiques fiscales et conseillère du populaire entrepreneur et politicien Éloi Laliberté, s’est investie corps et âme dans l’avènement du Québec souverain. Mais en octobre 2035, un an après avoir célébré l’indépendance de l’ex-province canadienne devenue un paradis fiscal pour les entreprises, et à l’aube du dévoilement d’un budget national subversif, elle fuit vers l’Europe pour dénoncer le sort tragique qui guette sa nation et risque de bousculer l’échiquier politique mondial. À l’insu de tous, les frontières d’une nouvelle mégaalliance intercontinentale se dressent sous le joug de milliardaires véreux. Évasions et évitements fiscaux, extorsion et chantage menacent de ravager l’intégrité des démocraties modernes. Cécile réussira-t-elle à lancer l’alerte à temps ou est-il déjà trop tard ?

 

 

Commentaires :

 

Quand on est de la trempe de l’une des 50 fiscalistes les plus influent,es au monde et qu’on imagine un thriller uchronique tel que L’alerte, il y a de quoi être déstabilisé en tant que lecteur indépendantiste. Au point de se dire : un futur pays du Québec peut-il être envisagé sous l’angle d’un tel dérapage socio-économique ? Un rêve qui tourne au cauchemar comme, entre autres, ont pu l’anticiper dans d’autres registres : Jean-Michel David (Voir Québec et mourir, Hurtubise 2012), un Québec en pleine guerre civile suite à l’annonce d’un nouveau référendum ; André Marois et sa trilogie apocalyptique Les voleurs d’espoir de mémoiredu soir  (La courte échelle, 2013-2015).

 

L’initiative de Brigitte Alepin donne elle aussi froid dans le dos. Elle qui, en 2016, à la question d’un politicien qui s’interrogeait « comment la fiscalité pouvait aider le Québec à devenir un pays » elle avait répondu à la blague : « … en faire un paradis fiscal, la petite Suisse de l’Amérique » :

 

« Transformer des régions telles que le Québec, la Catalogne, l’Écosse et la Casamance [Sénégal] en paradis fiscaux pour les entreprises afin de les aider à accéder à leur indépendance ». 

 

Cette hypothèse est au cœur de son premier roman avec en fond de scène un souci d’établir « la justice fiscale et l’équilibre des pouvoirs et des richesses ». En mettant en scène un personnage féminin (Cécile Larrivée, la narratrice, son alter ego) à la fois responsable de l’abyme dans lequel le premier ministre (Éloi Laliberté) risque d’y précipiter le Québec libre et désillusionnée avec la suite des événements pour éviter le pire à une tranche de la population du nouveau pays à la veille de la présentation du budget de l’an 2 en octobre 2035. Et de ceux qui sont en voie de le devenir au sein d’une Alliance séparatiste internationale « synonyme de l’appropriation partielle ou totale par les milliardaires des ressources de régions indépendantistes ».

 

On est en pleine fiction et l’ensemble du récit demeure assez crédible bien que le contexte canadien et la dynamique politique à l’Assemblée nationale soient plutôt ignorés. Les liens avec des lieux géographiques réels, avec certaines personnalités dont on devine l’identité et avec des faits marquants de l’histoire du Québec appuient le déroulement de l’action.

 

Brigitte Alepin y a intégré la longue marche pour la prise du pouvoir par le Parti du Québec libre. Fondé en 2023, le parti n’obtient que 20 % des suffrages aux élections de 2026. En octobre 2030, il forme un gouvernement majoritaire, porteur d’un message « clair, direct et sans fla-fla » :

 

« si le gouvernement Laliberté est élu pour deux mandats consécutifs, il réalisera l’indépendance du Québec au début de son deuxième mandat. »

 

Promesse faite, promesse tenue. Avec le slogan « Pas de pouvoir sans indépendance », le parti indépendantiste est réélu le 2 octobre 2034 « avec le mandat clair de faire du Québec un pays » quatorze jours plus tard. [Exit les consultations populaires ou les référendums voués à l’échec].

 

Et la narratrice d’ajouter :

 

« Les Québécois appréciaient notre honnêteté, si rare de nos jours. Ils se sentaient respectés. »

 

Du bonbon !

 

Les fondements du drame qui s’en suit sont établis dès les premiers chapitres d’un scénario construit tel une course contre la montre en heures et en minutes avant l’alerte. Impossible de décrocher jusqu’à une finale enlevante avec des révélations qui ne cessent de nous surprendre.

 

Plusieurs éléments d’information qui nourrissent ce roman nous font découvrir des caractéristiques méconnues du système fiscal québécois actuel. À preuve cet extrait :

 

« … bien avant que le Québec devienne un pays, il était déjà pratiquement un paradis fiscal pour plusieurs entreprises. Depuis longtemps, le régime d'imposition québécois jouait le jeu de la concurrence fiscale de manière très persuasive et réduisait la charge fiscale demandée aux entreprises pour les attirer sur son territoire. Les grandes sociétés profitaient même d'un congé fiscal lorsque leurs investissements au Québec dépassaient un certain seuil. »

 

D’où l’idée de faire du Québec un paradis fiscal :

 

«  … nous craignions que l'indépendance occasionne un exode des sociétés vers une province voisine ou un autre pays. C'est connu, les entreprises recherchent la stabilité et fuient l'inconnu. Cependant, paradis fiscal et zéro impôt, voilà qui plaît aux entreprises. Elles sont prêtes à supporter bien des choses pour éviter de payer de l'impôt. Donc, la transformation en paradis fiscal pour les entreprises […] permettait au Québec de s'afficher officiellement comme tel et de s'assurer l'attention et la fidélité des grandes entreprises, non seulement du Québec, mais de partout dans le monde. »

 

« Quand on pense que l’impôt est souvent l’une des dépenses les plus importantes dans le budget d’une entreprise, y échapper donne un gros coup de pouce au portefeuille et une bonne longueur d’avance sur les autres. »

 

Avec quels impacts sur les rentrées fiscales ?

 

« … plus d’une centaine de nouvelles sociétés se sont installées ici avec la promesse de créer des milliers de nouveaux emplois à temps plein bien rémunérés » [tiens, tiens, on croirait entendre un certain premier ministre caquiste !]

 

« … grâce aux emplois créés, nous touchons davantage d’impôt de la part des particuliers. »

 

… pour, dans un plan de rationalisation, être en mesure de continuer d’offrir des services de santé, d’éducation et autres services publics pour répondre aux attentes des citoyens, alors que les pharmaceutiques contrôlent leur vie. Et à quel prix ?

 

Vous le découvrirez en dévorant ce thriller fort bien écrit par une auteure qui a pour modèles de courage – tout comme son personnage fiscaliste – Erin Brockovich dans sa lutte environnementaliste ; Bennet Omalu qui découvrit un lien entre la pratique du football et les traumatismes au cerveau des joueurs ; John Doe, pseudonyme du lanceur d’alerte des Panama Papers. Avec comme autre source d’inspiration une œuvre cinématographique marquante d’un certain réalisateur américain, Richard Fleischer : Soleil vert. Elle qui veut voir naître « de nouveaux pays plus justes, plus efficaces, plus verts, avec moins de pauvreté et des services publics agissant véritablement au service de leurs citoyens. »

 

Tout au long du récit, Brigitte Alepin glisse des commentaires assassins sur la vie des gens riches et célèbres comme celui-ci :

 

« Il en existe à profusion, des milliardaires qui se proclament grands philanthropes et reçoivent les honneurs pour avoir fait don des miettes qui tombent de leur table. »

 

J’ai souri en lisant ces quelques extraits :

 

« Le Québec figure [encore en 2035] parmi les grands distillateurs de gin au monde avec plus de deux cent soixante types différents fabriqués au pays. »

 

« Ces fainéants [ceux qui peuvent travailler, mais qui ne le font pas], s’ils veulent continuer de manger et de se loger, vont devoir travailler. » [Un rappel à ma mémoire d’une déclaration en 2006 d’un certain Lucien Bouchard : « Allez travailler, bande de fainéants ! »]

 

« … peu de temps avant que je ne commence à me consacrer au Québec libre, une porte importante a été ouverte par un Québécois qui refusait de prêter serment à Charles III. Nouvellement élu à l'Assemblée nationale du Québec, il s'opposait à ce que son premier geste comme député soit de ‘’ prêter serment envers la population qui l'a élu et, simultanément, à la Couronne d'un pays étranger ‘’. Finalement, il a gagné son combat que plusieurs avaient pensé perdu d'avance et sa victoire face au régime monarchique britannique figure parmi les plus importantes depuis la bataille des patriotes à Saint-Denis en 1837. Tout bonnement, ce nouveau député confirmait mes espoirs en la société distincte. »

 

L’éducation : « Toutes ces matières qui font perdre du temps, tous ces gens qui étudient sans résultat, tous ces professeurs payés à prix fort pour réaliser des recherches qui ne servent à rien… »

 

Sur le métier de fiscaliste : « ayant surfé toute ma vie professionnelle entre l’éthique et la légalité fiscale ».

 

* * * * *

Comme l’affirme l’éditeur, L’Alerte fictive s’adressant aux milliardaires, ceux qui portent « le titre le plus prestigieux qui soit dans le monde des affaires », dont il faut prendre le temps de lire et de relire pour en constater la pertinence évidente en 2024 est un suspense palpitant. Un thriller engagé tant d’un point de vue politique que social. Et pas besoin d’être spécialiste en fiscalité de quelque niveau pour apprécier ce roman.

 

Brigitte Alepin nous livre un bel exemple de la puissance de la littérature, particulièrement de la littéragure de genre (polars, thrillers, romans noirs…) pour dénoncer, de manière ludique, les inégalités et les injustices sociales.  

 

En annexe, pour les lecteurs qui désirent creuser davantage les sujets couverts dans L’alerte, l’auteure fournit la liste des principales références, une cinquantaine, qui ont soutenu sa recherche.

 

Formée à Harvard et avec 35 ans d’expérience pratique comme fiscaliste, Brigitte Alepin est professeure en fiscalité à l’Université du Québec en Outaouais. Son premier livre, Ces riches qui ne paient pas d’impôt, a marqué l’histoire de la justice fiscale au Québec. Elle a remporté le prix Gémeaux du meilleur scénario pour le documentaire Le prix à payer, inspiré de son deuxième livre, La crise fiscale qui vient. Elle est membre de l’Ordre national du Québec et elle a été répertoriée parmi les 50 fiscalistes les plus influents au monde.

 

Merci aux éditions Druide pour le service de presse.

 

Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire sur le site leslibraires.ca et le récupérer auprès de votre librairie indépendante.

 

 

Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue :  *****

Psychologie des personnages :  *****

Intérêt/Émotion ressentie :  *****

Appréciation générale : *****