Collectif
sous la direction de Richard Migneault. – Crimes
au musée. – Montréal : Druide, 2017. 345 pages.
Nouvelles
noires
Résumé : Peut-on imaginer des crimes dans des lieux de culture,
d’histoire et de conservation que sont les musées ? Absolument ! En réunissant
des auteures de part et d’autre de l’Atlantique, Richard Migneault offre un
tour d’horizon du polar au féminin, à la fois délicieux et déstabilisant.
Les
dix-huit écrivaines réunies relèvent le défi de s’approprier ces lieux où le
calme règne et en font, chacune à sa façon, la scène d’un crime. Elles
dénaturent ce monde de tous les imaginaires en transformant les œuvres qui s’y
trouvent en témoins de la violence, de l’horrible et du machiavélique. Crimes d’honneurs,
meurtres passionnels, vengeance, copie meurtrière d’une œuvre d’art… Qu’on soit
simples visiteurs, touristes ou gangsters aux mains rougies par le sang, tous les
coups sont permis.
Commentaires : Les maisons d’édition n’acceptent pas facilement la
publication de recueils de nouvelles. Avec des auteurEs de qualité, Richard
Migneault vient de réussir un triplé qui fait mentir cette assertion. Après Crimes à la librairie et Crimes à la bibliothèque, voici qu’il
nous propose ces crimes au musée publiés simultanément ou presque (le Québec a
dû patienter quelques semaines) des deux côtés de l’Atlantique. Dix-huit
auteures et autant de courts récits, certains plus efficaces que d’autres.
De
premier abord, ces nouvelles noires dans le milieu des arts s’inscrivent dans
la foulée de celles associées au monde littéraire que j’avais lues avec
beaucoup de plaisir.
Une
nouvelle est, par définition, un récit plus court que le roman, de construction
dramatique simple, mettant en scène peu de personnages. Ceux-ci se doivent être
crédibles et l’auteur doit les faire évoluer dans des décors authentiques,
parfois dans des scènes d’action enlevantes et, dans la littérature de genre qu’est
le polar, avec une finale dramatique inattendue. En quelques pages, une trame fictionnelle
efficace, intrigante, émouvante, voire drôle et imaginative, qui débouche sur la
pleine satisfaction du lecteur amené, parfois, à ne découvrir le pot aux roses que
sur les derniers mots du dernier paragraphe.
Crimes au musée regroupe près d’une vingtaine de courts textes qui
répondent à ces critères, en tout ou en partie, à des niveaux variables. Parmi
ceux-ci, mes coups de cœur :
Mobsters’ Memories, d’Andréa A. Michaud, un carnage drolatique au cœur d’un
musée américain, remporte la palme. Le
second linceul d’Ingrid Desjours, où l’essentiel de l’action se déroule
derrière un rideau de velours rouge. La
vieille, de Martine Latulippe : très court texte fort émouvant. Renaissance, de Nathalie Hug :
quand le mensonge justifie le crime. La
mort à ciel ouvert, de Florence Meney et sa finale inopinée. Le retraité, de Marie-Chantale Gariépy
et son musée qu’il vaut mieux ne pas visiter.
Avec
une mention spéciale pour La mystérieuse
affaire du codex maya, de Stéphanie de Mecquenem, qui nous plonge
efficacement, en 13 pages, dans l’univers romanesque d’Agatha Christie.
À
vous maintenant de créer votre propre palmarès en fonction de vos attentes.
Mentionnons
enfin que la formule imaginée par Richard Migneault est originale : le
milieu culturel comme vecteur de crimes plus ou moins sordides. Elle contribue très
certainement à mieux faire connaître la littérature « polardienne »
et noire auprès d’un lectorat à conquérir. Et à découvrir de nouveaux auteurs. Pour
rester dans la même veine, à quand des crimes dans les archives, au théâtre,
dans le monde du spectacle… pour compléter le tableau ?
Ce que j’ai aimé : La grande variété des récits et la haute qualité
littéraire de chaque texte. L’universalité des thèmes abordés.
Ce que j’ai moins aimé : -
Cote
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