Vic Verdier. – Cochons rôtis. – Lévis : Alire, 2024. – 297 pages.
Polar
Résumé :
Vic Verdier et Mélanie Miron, amoureux depuis
peu, sont policiers au SPVM. Ils viennent de passer tous deux l'examen écrit du
concours de sergent-détective, avec des résultats mitigés. Mais tout n'est pas
perdu puisque l'entrevue, étape cruciale, reste à venir, et c'est là que tout
va se jouer !
Lors d'une fin de semaine de camping entre
collègues, Vic et Mélanie sont candidement approchés par Guy Patenaude, un
enquêteur des homicides. Ce dernier se dit impressionné par leurs résultats
préliminaires au concours et leur offre son aide pour préparer l'entrevue finale.
Mais Vic, qui a toujours préféré faire les choses à sa manière, décline
poliment l'invitation.
Quelque temps plus tard, Vic rumine son échec
en attendant Mélanie - fraîchement promue, elle ! -, quand une terrible
nouvelle s'abat sur lui: Mélanie est morte, brûlée vive dans sa voiture de
patrouille. Des images du brasier hantent déjà les réseaux sociaux... puis
l'esprit de Vic, qui devra consulter un psychologue.
Or quand Franc Langlais, l’ancien copain de
Mélanie, lui apprend qu’elle avait accepté « l'aide » de Patenaude, les pensées
de Vic prennent une étrange tournure : se peut-il qu'en acceptant cette offre,
Mélanie ait imprudemment joué avec le feu ?
Commentaires :
Il se dégage une odeur de roussi dans ce
tourne-page qu’est la nouvelle version remaniée de ce roman paru en 2015 chez
XYZ Éditeur. Un roman « incisif,
direct, parfois comique, mais surtout très efficace » comme le
qualifie un des personnages de « Cochons
rôtis ».
Avec son intrigue solide, tissée serrée, cette
histoire de vengeance à plusieurs niveaux s’appuie sur une description des plus
réaliste du travail quotidien des équipes de patrouilleurs en binôme associées
aux postes de quartier du Service de police de la ville de Montréal (SPVM). Au
point de se demander si le récit est fictionnel.
L’auteur met en scène une galerie de
personnages principaux et secondaires tous crédibles et les fait évoluer dans
des lieux bien connus de la métropole québécoise. De brefs détails biographiques
sur les membres du « Groupe 2 du poste de quartier 16 » du SPVM sont livrés
au lecteur en pages liminaires.
J’ai été accroché à cette histoire « porcine »
dès les premières pages, intrigué par ce narrateur psychologue qui « passe le plus clair de [ses] journées à écouter les problèmes des autres »
qu’il considère « même parfois
jouissif, un plaisir coupable ». En refermant le livre, force est de
constater qu’il n’avait pas tort. Et, en passant, impossible de deviner la
conclusion de cette enquête. Je me retiens de vous la dévoiler même si cela me
brûle les lèvres J.
J’ai grandement apprécié les quelques notes
en bas de page qu’a insérées le romancier pour nous faire découvrir des expressions
consacrées du travail policier :
·
la
désignation des voitures de police en patrouille ;
·
l’organisation
du travail sur un cycle de 35 jours ;
·
l’abréviation
SD, sergent détective ;
·
les
quatre centres opérationnels (C.O.) sur l’île de Montréal ;
·
les
« fall in », les réunions
de toute l’équipe de policiers avant le début du quart de travail ;
·
l’abréviation
R-D-P qui fait référence au Centre de détention Rivière-des-Prairies;
·
l’abréviation
D.H., la « dernière heure, c’est-à-dire
que le policier est libéré plus tôt, sans avoir mangé » ;
·
« Un gars de date : un gars qui a
beaucoup d’ancienneté » ;
·
« Faire la roulette : changer de
partenaire de patrouille à chaque quart de travail » ;
·
les
abréviations « M » et « A » : congé pour maladie ou
annuel ;
·
« Être dans le ‘’ blanc ‘’, par opposition à
être dans le ‘’ rouge ‘’ qui fait référence aux policiers qui ne sont
pas conscients des dangers de leur environnement » ;
·
« Pointer le péteux : sortir son arme de
service » ;
·
« Copycat : tueur en série qui imite le
modus operandi d’un autre » ;
·
l’abréviation
MAS : moralité, alcool et stupéfiant ;
·
10-10 :
« code utilisé sur les ondes radio
pour indiquer ‘’ annulé ‘’ » ;
·
02 :
« code pour indiquer une période de
repas » ;
·
« Sam Brown : nom de la ceinture de
travail sur laquelle les policiers accrochent leur équipement » ;
·
« Chemise bleue : en référence à l’uniforme
porté par la police municipale, par opposition à la chemise verte de la Sûreté
du Québec » ;
·
« MAPP : Module d’action par projet – un groupe
de policiers dégagés de la patrouille pour se concentrer sur le renseignement
criminel dans leur secteur » ;
·
« Être en coop :
porter main-forte à un collègue sur un appel ».
De l’aveu même de Vic Verdier, ce dernier a
appris toutes ces informations et bien d’autres sur le milieu policier, les procédures
et le fonctionnement du SPVM ayant été longtemps marié à une policière :
«
On en discutait souvent à la maison. J'ai
appris les codes et pris conscience des défis que pose la profession. C’est un
peu un passage obligé si on s'intéresse à ce que l'autre fait au travail. Les
histoires, les attitudes, les anecdotes des groupes de travail de mon ex-femme
ont donc naturellement trouvé leur place dans le roman. »
De plus, l’auteur remercie les policiers de
Montréal qu’il a eu le plaisir de côtoyer « et qui ont agi comme autant de sources et de conseillers lors de l’écriture »,
content de les « avoir eus en coop
sur cet appel ».
Par contre, j’ai été irrité en cours de lecture, par l’abus de mots, d’expressions, de portions de dialogues… empruntés à la langue anglaise dans un roman francophone écrit par un francophone :
« Mon objectif était de rendre les situations
crédibles. Comme les groupes de policiers sont d'origines diverses, l'anglais
fait partie des échanges courants. J'en ai été témoin et Cochons s'en trouve le reflet ! »
On a alors une belle illustration que le français est en danger dans les forces
de l’ordre. Il faudra m’expliquer pourquoi il n’en est pas ainsi dans la très
grande majorité des polars dont les récits se déroulent dans la même ville, à
la même période !
Malgré cette remarque de forme, « Cochon rôtis » est un excellent
roman qui se lit d’une traite. Le lecteur est rapidement happé par le rythme de
l’écriture. Les chutes de fins de chapitres et l’accumulation progressive des indices
et des hypothèses rendent l’expérience addictive.
L’éditeur annonce la parution d’un deuxième
tome des enquêtes de Vic Verdier récemment promu sergent-détective, trois ans
après les événements racontés dans « Cochons
rôtis ». Je brûle de me plonger à nouveau dans l’imaginaire d’un
auteur que je viens de découvrir sur le tard.
Merci aux éditions Alire pour le service de
presse.
Au Québec, vous pouvez commander votre
exemplaire sur le site leslibraires.ca
et le récupérer auprès de votre librairie indépendante.
Originalité/Choix du sujet : *****
Qualité littéraire : ****
Intrigue : *****
Psychologie des
personnages : *****
Intérêt/Émotion
ressentie : *****
Appréciation générale
: *****