Victoire (Michel Tremblay)

Michel Tremblay. – Victoire – Montréal : Leméac, 2020. – 133 pages.

 



Roman élégiaque

 

 






Résumé :

 

1898, au cœur des Laurentides. Après sept ans pas­sés au couvent, Victoire tourne le dos à la vie de reli­gieuse qui l’attendait et décide de rentrer à Duhamel pour retrouver son frère Josaphat, orphelin comme elle depuis le décès de leurs parents dans l’incendie de l’église du village.

 

 

Commentaires :

 

Mon commentaire sera bref : un sujet délicat, un amour interdit, une histoire touchante relatée dans le non-dit campée dans un environnement porteur d’émotions.

 

Que dire de plus, sinon à ajouter sur votre pile à lire même si vous n’avez pas lu, comme moi, l’ensemble de l’œuvre gigantesque de Michel Tremblay, dramaturge, romancier, conteur, traducteur, adaptateur, scénariste de films et de pièces de théâtre et parolier pour Pauline Julien, Renée Claude et Monique Leyrac.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

Incendie nocturne (Michael Connelly)

Michael Connelly. – Incendie nocturne – Paris : Calmann-Lévy, 2020. – 771 pages.

 



Polar

 

 





Résumé :

 

À ses débuts, Bosch a eu un certain John Jack Thompson comme mentor. Un homme qui lui a appris à toujours prendre une affaire personnellement et à déployer tous ses efforts pour la résoudre. À la mort de Thompson, sa veuve confie à Bosch un dossier volé par son mari aux scellés avant sa retraite. Il s’agit d’une affaire non résolue : un jeune homme abattu dans une ruelle coupe-gorge de Los Angeles des années plus tôt.

Bosch demande l’aide de Renée Ballard, déjà fort occupée au quart de nuit à Hollywood après qu’un sans-abri a été retrouvé calciné dans sa tente. Ensemble, ils en arrivent bientôt à se poser une terrible question : le mentor de Bosch a-t-il dérobé ce dossier pour tenter de résoudre l’affaire après son départ de la police… ou pour s’assurer que la vérité ne soit jamais faite sur ce meurtre?

 

 

Commentaires :

 

Michael Connelly récidive avec son nouveau binôme Renée Ballard et Harry Bosh. Mais, cette fois, en intégrant le demi-frère de ce dernier, l’avocat Mickey Haller. Avec la même structure de récit : deux enquêtes parallèles qui finissent par se rejoindre, alternance de blocs de chapitres BOSH / BALLARD. Une formule intéressante, mais qui fera son temps si l’auteur persiste à l’avenir.

 

Les enquêtes de son inspecteur fétiche et les méthodes parfois peu orthodoxes de son personnage avocat permettent toujours de mettre en évidence les travers de la société dans laquelle ils évoluent. Incluent ceux des milieux policiers et judiciaires. Elles nous permettent d’en apprendre sur les pratiques et les techniques d’enquête, d’analyse des scènes de crime, de la logique des interprétations des indices et des faits. Une véritable immersion dans l’univers du crime et des heures sombres. Personnellement, j’apprécie en particulier les mises en scène imaginées par Mickey Haller pour faire acquitter ses clients.

 

Mais cette recette d’écriture au récit laborieux qui risque d’atteindre ses limites si, en finale, elle continue d’annoncer la prochaine collaboration des deux protagonistes. Les problèmes de santé de Harry Bosh sont-ils annonciateurs de sa disparition de l’imaginaire de Connelly, laissant toute la place à sa nouvelle héroïne hors normes ?

 

En attendant la version française de The Law of Innocence (série Mickey Haller, arrêté par la police qui trouve le corps d’un ancien client dans le coffre de sa Lincoln ) et de Fair Warning (série Jack McEvoy qui traque un tueur en série qui a été complètement exploité sous le radar) attendus en 2021.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
****
Qualité littéraire :
***
Intrigue :
***
Psychologie des personnages :
***
Intérêt/Émotion ressentie :
****
Appréciation générale :
****

Un homme meilleur (Louise Penny)

Louise Penny. – Un homme meilleur – Montréal : Flammarion Québec, 2020. – 492 pages.

 


Polar

 

 





Résumé :

 

Alors qu’une crue printanière place toute la province sous la menace de terribles inondations, n’épargnant ni Three Pines ni la rivière Bella Bella, Armand Gamache affronte une tempête médiatique. De retour d’une suspension de neuf mois à la suite de décisions « désastreuses », il est rétrogradé à la section des homicides de la Sûreté du Québec, sous la direction de son gendre et ancien lieutenant, Jean-Guy Beauvoir. Au cœur de ce tumulte, un père fou d’inquiétude sollicite l’inspecteur-chef pour retrouver Vivienne Godin, sa fille disparue. Gamache ne peut que s’associer à la douleur d’Homer Godin et se répéter cette question : comment réagirait-il, lui, s’il devait craindre de n’avoir pas su protéger sa propre enfant d’un conjoint violent ?

 


Commentaires :

 

Après quatorze enquêtes d’Armand Gamache, j’avoue malheureusement m’être un peu ennuyé dans cette histoire invraisemblable.

 

L’ex-directeur de la Sûreté du Québec rétrogradé simple enquêteur devenu spécialiste de la gestion de la crue des eaux. Un récit d’une lenteur à l’image de la vie quotidienne à Three Pines, ce village fictif à quelques kilomètres de Montréal, où tout un chacun invite tout un chacun à partager des repas dont le menu finit par se ressembler d’un roman à l’autre. Three Pines, la mythologie du village québécois idéalisé qui vit drame sur drame depuis que Gamache s’y est installé.

 

Des retours en arrière, des redites d’enquêtes antérieures et cette manie de Gamache de constamment héberger chez lui les criminels potentiels. Sans oublier Clara, cette artiste au talent douteux, qui s’immisce sans raison apparente dans cette histoire. Ni les sandwichs de Reine-Marie, l’épouse de l’enquêteur déchu, toujours prêtes pour dépanner un petit creux. La même brochette de personnages qui n’en finissent pas de palabrer (incluant les fuck fuck fuck de la cane de la poète mal embouchée) au coin du feu [j’avoue en avoir escamoté la lecture de certains passages pour tenter d’accélérer la résolution de l’enquête].

 

Vivement un séjour d’Armand Gamache à Paris pour s’aérer l’esprit, à condition de ne pas encore centrer l’action autour d’un passé que maîtrisent les lectrices et les lecteurs de l’ensemble de l’œuvre de Louise Penny !  

 


Originalité/Choix du sujet :
****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
***
Psychologie des personnages :
****
Intérêt/Émotion ressentie :
***
Appréciation générale :
***

Et avec votre esprit (Alexis Laipsker)

Alexis Laipsker. – Et avec votre esprit – Paris : Michel Lafon, 2020. – 411 pages.

 


Polar

 

 





Résumé :

 

Appelée d’urgence à l’Institut des sciences de Strasbourg suite à la découverte du cadavre atrocement mutilé du prix Nobel de chimie, la commissaire Pourson se retrouve confrontée à une scène de crime aussi sanglante qu’énigmatique…

 

Au même moment dans la région lyonnaise, le lieutenant Vairne, connu pour ses méthodes un peu particulières et son obsession des probabilités mathématiques, doit mener l’enquête sur la disparition soudaine et inexpliquée d’un éminent physicien. Tandis qu’il cherche à remonter sa piste, chaque nouvel indice semble épaissir encore le mystère de cette affaire, le convainquant d’une conspiration au plus haut sommet. Quel sombre secret unit ces cerveaux de renommée internationale ?

 

Bien décidés à le découvrir, Pourson et Vairne vont devoir s’allier pour déjouer cette froide machination…

 

 

Commentaires :

 

Voilà un type de polar que j’aime bien : une mort violente, des personnages bien campés, un cadre de référence scientifique des plus plausibles, une intrigue bien ficelée, une tension qui croît de chapitre en chapitre qui nous tient en haleine jusqu’à la fin.

 

Ce premier roman d’Alexis Laipsker, « une des figures les plus reconnues du poker qu’il a popularisé par la présentation d’émissions spécialisées » est une réussite. Un récit dans lequel l’auteur a intégré sa propension pour les statistiques de réussite et qui nous fait voyager à Paris, Lyon, Strasbourg, Montpelier... Un peu à la manière de Lee Child et son personnage Jack Reacher qui anticipe à la seconde près les coups à porter et à recevoir dans une scène de combat.

 

La couverture du roman est à la fois attirante et intrigante. Écriture fluide et efficace, rythme soutenu par de courts chapitres. Avec une finale inattendue laissant dans l’ombre la résolution de certains pans de l’énigme, laissant peut-être entrevoir de futures enquêtes du duo Pourson-Vairne.

 

J’ai donc grandement apprécié cette lecture d’un classique du genre, un polar intelligent qui nous force à réfléchir sur les futures avancées scientifiques qui permettront peut-être à des savants fous d’exploiter le savoir et le savoir-faire cumulé dans les circonvolutions du cerveau humain.

 

Petit bémol pour le lectorat québécois : armez-vous de patience si vous souhaitez vous procurer une version papier de ce roman (toujours pas disponible au moment de la rédaction de ce billet !!!). Personnellement, j’ai dû payer à l’avance ma commande auprès de ma librairie (paraît-il qu’il s’agissait d’une commande spéciale, le distributeur québécois ayant jugé que cet ouvrage ne trouverait peut-être pas preneur au Québec m’a-t-on dit). Je n’ai reçu le roman qu’après 5 mois d’attente !

 

Exigez-le auprès de votre librairie indépendante préférée. Vous ne le regretterez pas.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

Novembre avant la fin (Alain Beaulieu)

Alain Beaulieu. – Novembre avant la fin – Montréal : Hamac, 2020. – 85 pages.

 


Roman/Essai

 

 






Résumé :

 

Décédé récemment, un écrivain vient hanter les séances d'écriture de sa petite-fille, lui prodiguant conseils et encouragements, mais aussi tendresse et protection. Offertes avec humour, empathie et une pointe d'auto-dérision, les remarques de ce mentor vaporeux portent autant sur les outils de l'écrivain, liés au langage et à la structure du récit, que sur ce qui doit l'animer plus profondément dans la pratique de son art.

 

Ouvrage de fiction et de réflexion sur la création littéraire, Novembre avant la fin ouvre des pistes et balise les sentiers sans jamais imposer de direction. Ce livre est destiné à celui ou à celle qui entreprend ou poursuit une démarche d'écriture littéraire, pour que chacun.e parvienne là où il doit aller, c'est-à-dire dans la vérité unique de sa subjectivité, mise en forme dans ce qui deviendra une œuvre d'art.

 

 

Commentaires :

Alain Beaulieu est écrivain et professeur de création littéraire à l'Université Laval. Avec Novembre avant la fin, il convie les auteurs qui aspirent à une carrière à réfléchir sur leur métier d’écrivain par le biais d’une fiction.

 « Ce livre est une façon pour moi de mettre sur papier des choses que je dis habituellement aux étudiants dans mes cours, explique-t-il. Je l’ai écrit avec l’idée de mélanger fiction et essai, sans prétention d’en faire un volume de référence.»

Un incontournable qui dispense des conseils d’écriture :

« Un texte littéraire doit se lire comme s’il avait été écrit par un compositeur. L’enchaînement des mots et des silences doit produire une sonorité et un rythme puisés à même ta subjectivité. En un mot, écrire, c’est chanter. »

Inspirant.

 

Appréciation générale :
*****

La vie est un roman (Guillaume Musso)


Guillaume Musso. – La vie est un roman. – Paris : Calmann-Lévy, 2020. – 302 pages.

 


Roman

 

 






Résumé :

 

« Un jour d’avril, ma fille de trois ans, Carrie, a disparu alors que nous jouions toutes les deux à cache-cache dans mon appartement de Brooklyn. »

 

Ainsi débute le récit de Flora Conway, romancière renommée à la discrétion légendaire. La disparition de Carrie n’a aucune explication. La porte et les fenêtres de l’appartement étaient closes, les caméras de ce vieil immeuble new-yorkais ne montrent pas d’intrusion. L’enquête de police n’a rien donné.

 

Au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique, un écrivain au cœur broyé se terre dans une maison délabrée.

 

Lui seul détient la clé du mystère. Et Flora va le débusquer.

 

 

Commentaires :

 

Je ne suis pas un lecteur assidu de Musso. Le titre de cet opus a attiré ma curiosité. Après La vie secrète des écrivains, je me suis laissé emporter par cette autre fiction dans laquelle l’auteur bien/mal aimé nous entraîne : une réflexion sur l’écriture, le lien entre les personnages et le romancier. Jusqu’à s’interroger à savoir qui est le véritable créateur d’un roman. Sujet qui n’intéresse particulièrement en tant qu’auteur à ses premières armes.

 

À mon avis, le commentaire de l’éditeur n’est pas trompeur : « En trois actes et deux coups de théâtre, Guillaume Musso nous immerge dans une histoire étourdissante (j’aurais toutefois utilisé un qualificatif moins exagéré) qui puise sa force dans le pouvoir des livres et la rage de vivre de ses personnages. »

 

Une réflexion intéressante sur le métier d’écrivain, de sa relation avec son lectorat, sur l’influence des personnages dans l’élaboration de l’intrigue, sur la solution du problème auquel il les confronte. De nombreuses citations référencées d’écrivains qui ont les mêmes préoccupations. Des aller-retour entre la réalité et la fiction, un flirt avec le fantastique, introduisant des dialogues entre le Créateur et le Créé.

 

Au total, un scénario jusqu’à un certain point rocambolesque avec une finale inattendue. J’ai particulièrement apprécié le lien constant entre le vécu de l’auteur présumé et celui de ses personnages. Un imaginaire inspirant, moteur de la création littéraire.

 

« Un roman réussi, c’est d’abord un roman qui rend heureux celui qui le lit ». Et qui donne le goût de continuer à écrire.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
****
Appréciation générale :
****

Les Demoiselles de Havre-Aubert (Jean Lemieux)

Jean Lemieux. – Les Demoiselles de Havre-Aubert – Montréal : Québec Amérique, 2020. – 276 pages.

 


Polar

 

 






Résumé :

Un soir d'août, le gérant d’une boutique de prêt sur gages de Montréal est abattu d'une balle dans la tête. André Surprenant, sergent-détective aux crimes majeurs du SPVM, est appelé sur les lieux bien qu’il soit en vacances.

Pourquoi? La victime est née aux Îles-de-la-Madeleine et Surprenant s’apprête justement à s’y rendre avec sa famille pour jouir de quelques semaines de repos dans l'archipel où sa carrière d’enquêteur a pris son envol. Au grand dam de sa blonde Geneviève, il y est plongé dans une affaire complexe, où les cadavres s'accumulent.

Havre-Aubert, les buttes des Demoiselles, la Grave avec ses cafés, ses touristes et sa marina, deviennent bientôt le centre d’une toile d’influences qui s’étend jusqu’à New York, Niagara, Montréal et Puerto Plata. À moins qu’il ne s'agisse d’une histoire de famille? Surprenant, en short, chemise hawaïenne et sous son célèbre galurin, prend l’air salin et fait parler les gens.

 

 

Commentaires :

 

André Surprenant et Jean Lemieux récidivent. La sixième enquête enlevante de ce sergent-détective aux crimes majeurs du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) qui nous transporte dans la communauté tissée serrée des Madelinots, au cœur du golfe Saint-Laurent.

 

Les polars de Jean Lemieux sont apaisants et procurent jusqu’à un certain point  une sensation de réconfort. L’intrigue est simple : quelques meurtres qui s’empilent, une quête de la vérité qui progresse lentement. Les indices s’accumulent et l’intuition proverbiale du héros permet de découvrir, dans une scène rappelant celles d’une Agatha Christi, le ou la coupable.

 

Tout au long du récit, le lecteur est enveloppé par les odeurs, les couleurs, la langue régionale, la gastronomie, les paysages à couper le souffle, le vent, la mer houleuse qui caractérisent cette extension maritime du territoire québécois. Ayant personnellement demeuré quelques jours sur le Chemin d’en Haut, à proximité de la Grave, à mi-chemin entre les résidences des différents protagonistes, j’ai été plongé au cœur de l’action.

Les Demoiselles de Havre-Aubert nous bercent au rythme des insulaires, dans un décor bucolique ou argent sale, drogue, assassinats sont l’apanage de malfrats bien campés en lien avec la diaspora madelino-montréalaise. Lemieux met aussi en scène les hostilités récurrentes entre les bleus (les policiers du SPVM) et les verts (ceux de la Sûreté du Québec). De même que les tensions internes au sein de la police nationale.

 

Un roman qui se lit avec intérêt et qui nous initie à la richesse du vocabulaire des Îles. Sans compter une énigme que seul l’esprit cartésien d’André Surprenant est en mesure de déchiffrer.

 

Encore une fois, Jean Lemieux nous titille avec une autre allusion au Front de libération du Québec (FLQ) en mentionnant, au tout début du roman, que son héros détient des informations inédites stockées sur une clé USB. Il faudra bien un jour que le chat sorte du sac pour peut-être mettre en lumière certains coins sombres de la crise d’octobre 1970.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

Le printemps des traîtres (Christian Giguère)

Christian Giguère. – Le printemps des traîtres. – Montréal : Héliotrope, 2020. – 244 pages.

 


Roman noir

 

 






Résumé :

Michaël a rencontré Dominique durant la fièvre du printemps 2012. Aujourd’hui, il est père d’une petite fille et réduit à vendre du fentanyl dans les secteurs pauvres de Longueuil. Un jour, il est approché par le Gang de l’Ouest. Billy McCallister, l’impétueux chef de clan, et Aidan, son écervelé de fils, ne lui inspirent pas confiance, mais Colm, un vieil Irlandais rompu aux arcanes de l’organisation, le convainc de s’enrôler. La paye est proportionnelle au risque, et Michaël sent que c’est sa dernière chance de sauver sa famille de la ruine.

Première mission : détourner un convoi de jeunes réfugiées que la Triade destine à la prostitution, puis alerter les médias sur les méfaits de l’organisation ennemie. Sauf que les McCallister ne sont pas les seuls à tirer les ficelles, et la mission a tôt fait de déraper. Michaël se retrouvera au cœur de la tempête, et Colm aura du mal à protéger sa recrue.

 

 

Commentaires :

 

Le printemps des traîtres est le deuxième roman noir de Christian Giguère. Cette fiction a pour thèmes des sujets de l’heure : corruption politique,  groupes mafieux, prostitution, délinquance, drogue, assassinats, immigration illégale, interventions de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) dans un espace-temps, la rive sud de Montréal post printemps érable. Un cocktail explosif propice à la traîtrise.

 

L’écriture de Christian Giguère est efficace : elle nous plonge dans l’atmosphère glauque de l’univers du personnage principal, Michaël, et de son protecteur, Colm, deux brigands  amoureux de littérature. L’utilisation du retour dans le temps permet de bien cadrer les tenants et aboutissants de cette sombre histoire. Le rythme du récit est plutôt modéré. De nombreux personnages secondaires émergent au gré de l’action. Le drame se construit progressivement au gré des chapitres entraînant le lecteur à espérer une heureuse conclusion.

 

Certaines répliques en anglais (irlandais) dans les dialogues m’ont quelque peu  frustré, mon niveau de maîtrise de la langue ne me permettant pas d’en bien comprendre le sens.

 

En conclusion, une thématique originale qui s’insère très bien dans l’objectif de cette collection qui, comme l’indique l’éditeur, vise à « tracer, livre après livre, une carte inédite du territoire québécois dans lequel le crime se fait arpenteur-géomètre ». La couronne sud de Montréal y a maintenant une place de choix.

 

Merci aux éditions Héliotrope pour le service de presse.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
****
Appréciation générale :
****

Les fantômes de Reykjavik (Arnaldur Indridason)


Arnaldur Indridason. – Les fantômes de Reykjavik. – Paris : Éditions Métailié, 2020. – 313 pages.

 



Polar

 






Résumé :

 

Danni a disparu, elle se droguait, ses grands-parents font appel à Konrad, un policier à la retraite. Une fillette retrouvée noyée dans le lac du centre de Reykjavik en 1947 hante les rêves d’une des amies de l’ex-policier.

Comment la police a-t-elle mené ces enquêtes ? À des années de distance les mêmes erreurs semblent se répéter. Konrad, solide, têtu, coléreux et rompu par son enfance auprès de son père à toutes les ruses des voyous, n’hésite pas à bousculer les conformismes. Il sait aussi écouter les fantômes.

 

 

Commentaires :

 

Sur la couverture de quatrième, l’éditeur affirme que, dans « Dans une construction particulièrement brillante, Indridason crée un suspense et des attentes sur des plans différents et surprenants. Il captive le lecteur et le tient en haleine avec brio. Il est ici question d’espoirs déçus et d’enfants que personne ne protège. » Et il a bien raison.

 

L’auteur islandais qui a publié à ce jour une vingtaine de romans traduits en français nous replonge dans l’univers d’un nouveau personnage dont il nous a fait faire connaissance  dans Ce que savait la nuit, le policier à la retraite Konrad à la recherche d’explications sur son passé. Intrigue bien ficelée, nombreux personnages qui s’insèrent pour alimenter de déroulement lent de l’action lente. Suspense efficace qui nous laisse deviner progressivement la solution de l’énigme exposée dès le premier chapitre.

 

Une histoire noire menée de main de maître avec de nombreux retours sur l’ordonnancement des événements dans une Islande sombre, fantomatique. Des sujets sensibles, la pédophilie, les abus sexuels et la violence conjugale traités de manière brillante dans le non-dit. Du grand Indridason dans une autre enquête efficace comme il sait en imaginer, avec un soupçon de fantastique qui ne nuit nullement à la crédibilité du récit.

 

Une lecture agréable, un texte intelligent, une traduction impeccable de Éric Boury. Si les amateurs regrettent la fin des aventures d’Erlendur Sveinsson, ils retrouvent la même signature dans celles de Konrad. Bien hâte de plonger dans la troisième enquête de personnage La Pierre du remords, avec comme thème « la honte, le désespoir et l’intensité des remords qui reviennent nous hanter. »

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****

Formation d’élite (Lee Child)

Lee Child. – Formation d’élite. – Paris : Calmann-Lévy, 2019. – 427 pages.

 



Thriller

 







Résumé :


1996. Jack Reacher fait encore partie de l’armée. Revenu d’une mission où il a exécuté deux criminels de guerre en Bosnie, il est décoré. Mais, aussi étonnant que cela paraisse, il est aussi renvoyé à l’école avec deux autres agents tout aussi brillants et décorés que lui. Pourquoi ? Il se le demande encore lorsqu’il apprend qu’une cellule djihadiste dormante basée à Hambourg et infiltrée par la CIA vient d’entendre parler d’un traître américain. Cet homme aurait quelque chose à vendre à des terroristes islamistes… et, potentiellement, à d’autres individus tout aussi dangereux, mais d’un genre différent. Le tout pour la coquette somme de cent millions de dollars.

Reacher se voit ainsi confier la tâche de retrouver cet homme, de chercher à savoir ce qu’il est prêt à vendre à ce prix et, naturellement, de faire tout ce qu’il faut pour l’arrêter. Car, si personne ne paie, les conséquences seront absolument catastrophiques…

 

 

Commentaires :

 

J’ai été un peu déçu par ce nouveau roman de Lee Child mettant en vedette son personnage fétiche Jack Reacher. Bien sûr, on retrouve le même militaire capable de maîtriser 3 combattants armés en moins de 6 secondes. Mais, cette fois-ci, l’homme se surpasse en mettant à profit un don incroyable de tirer des conclusions et d’orienter son action dans un contexte aux mille alternatives. J’exagère à peine.

 

L’action est lente dans Formation d’élite. Une centaine de pages auraient pu être éliminées, ce qui aurait certainement contribué à rythmer le récit. Et tout déboule un peu vite en finale.

 

Par contre, je dois avouer avoir découvert une réalité de la guerre froide que probablement plusieurs lecteurs apprécieront. Il est toujours intéressant de situer une fiction au cœur de faits historiques. Ce qui fournit des éléments de crédibilité à un récit imaginaire. Je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher votre plaisir.

 

Votre évaluation sera peut-être moins sévère que la mienne. À vous d’en juger et de vous laisser convaincre dans cette nouvelle enquête de Jack Reacher personnifié bizarrement au cinéma par Tom Cruise.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
****
Intrigue :
***
Psychologie des personnages :
****
Intérêt/Émotion ressentie :
***
Appréciation générale :
***

Tuer le fils (Benoît Séverac)

Benoît Séverac. – Tuer le fils. – Paris : La manufacture de livres, 2020. – 281 pages.




Polar

 

Résumé :

 

Matthieu Fabas a tué parce qu’il voulait prouver qu’il était un homme. Un meurtre inutile, juste pour que son père arrête de le traiter comme un moins que rien. Verdict, 15 ans de prison. Le lendemain de sa libération, c’est le père de Matthieu qui est assassiné et le coupable semble tout désigné. Mais pourquoi Matthieu sacrifierait-il encore sa vie ? Pour l’inspecteur Cérisol chargé de l’enquête et pour ses hommes, cela ne colle pas. Reste à plonger dans l’histoire de ces deux hommes, père et fils, pour comprendre leur terrible relation.

 

 

Commentaires :

 

Parmi mes meilleures lectures de l’été 2020 avec ses personnages principaux attachants – dont ce commandant de Police à la Criminelle de Versailles accro de confitures – biens définis et secondaires tout aussi bien imaginés. Un page turner qui nous accroche dès les premiers chapitres et qui nous tient jusqu’au dénouement qu’on finit par deviner après les ¾ du récit grâce à de subtils indices. Ce qui ne gâche pas du tout notre plaisir de naviguer dans l’univers de ces policiers en quête de résolution d’un crime évident à la lumière des faits, entre Tuer le père et Tuer le fils.

 

De belles réflexions sur la conciliation travail/famille, sur les relations humaines, sur la paternité et sur la littérature. Puisqu’il est question d’ateliers d’écriture romanesque, « le besoin d'écrire, les raisons d'écrire » au cœur de cette enquête à la thématique fort originale probablement inspirée du vécu et des connaissances de l’auteur. Nombreux retours sur le passé de chacun des policiers qui permettent de mieux saisir leurs états d’âme, les conflits du quotidien, les relations avec l’autorité, leur désabusement. En trois mots : un polar humaniste.

 

La fluidité de cette histoire sombre où une touche d’humour et une grande part de réalisme y trouvent leur place débouche sur une finale qui pourrait bien annoncer une suite.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****