Fausse balle – Une enquête de Gaétan Taguay (Mikaël Archambault)


Mikaël Archambault. – Fausse balle – Une enquête de Gaétan Taguay. – Boucherville : De Mortagne, 2024. – 274 pages.

 

Thriller

 

 


Résumé :

 

Fanny Poulin, une lanceuse québécoise, s’apprête à devenir la toute première femme à jouer dans les ligues majeures de baseball. Mais à quelques jours de cet exploit historique, elle reçoit des menaces de mort anonymes qui lui enjoignent de quitter l’équipe avant le match d’ouverture.

 

Refusant d’abandonner son rêve, la jeune athlète veut percer l’identité de son mystérieux intimidateur. Elle fait donc appel aux célèbres journalistes sportifs Gaétan Tanguay et Tarah Dalembert, qui sont de passage à Boston pour couvrir ses débuts.

 

Les deux associés s’engagent alors dans une enquête effrénée où ils constateront que le danger peut emprunter de nombreux visages.

 

 

Commentaires :

 

Fausse balle marque le retour des « Sherlock Holmes et docteur Watson du sport » dans une quatrième enquête de Gaétan Tanguay et Tarah Dalembert, fort probablement « une dernière enquête… et on verra pour la suite » d’une série qui s’est déroulée dans les milieux du tennis, du hockey et du soccer.

 

Cette fois-ci, Mikaël Archambault a campé son « intrigue bien ficelée teintée d’un humour rafraîchissant et parfaitement dosé » principalement au stade Fenway Park de Boston, le domicile des Red Sox, qui saura combler les amateurs et amatrices de sport et de suspense.

 

 

Pour celles et ceux qui découvriront l’univers des deux enquêteurs imaginé par l’auteur, celui-ci glisse au passage quelques caractéristiques du profil psychologique de Gaétan Tanguay, spécialiste des statistiques sportives à la mémoire phénoménale comparable à celle de Paul Houde décédé récemment :


« Gaétan avait toujours eu une horloge interne extrêmement fiable. Il pouvait se réveiller au milieu de la nuit et deviner l'heure à la minute près. Avant l'arrivée de Tarah dans son quotidien, qui avait eu le même impact qu'une météorite dans celui des dinosaures, son horaire était tellement réglé comme du papier à musique qu'il savait précisément, sans même regarder sa montre de la journée, quand déjeuner (7 h 10), quand effectuer ses étirements biquotidiens (6 h 15 et 14 h 15) et quand boire cent millilitres d'eau (toutes les heures, de 6 h 10 à 21 h 10, en doublant la dose au réveil et aux repas). »

 

En totale opposition avec la personnalité de sa complice, Tarah Dalembert, plutôt fonceuse et aventurière inconsciente du danger qu’elle fait courir à son collègue dans la recherche de la vérité.

 

Soulignons au passage un clin d’œil à Jacques Demers, « l’ancien entraîneur-chef des Canadiens de Montréal » qui, comme un des personnages de Fausse balle « ne savait ni lire ni écrire et [que] personne ne l’avait jamais su avant qu’il en fasse lui-même l’annonce, bien après sa retraite. »

 

Moi qui ne suis pas un accroc du baseball, j’ai appris que les communications entre le lanceur et le receveur se font probablement depuis plusieurs années de façon électronique plutôt que par des simagrées :

 

Le receveur « appuya sur une touche de son bracelet électronique, qui remplaçait les signaux anciennement exécutés avec les doigts. Aussitôt, une voix robotique traduisit la consigne […] via un minuscule haut-parleur placé sous la casquette » du lanceur.

 

Le roman dont l’action se déroule sur 14 jours est découpé en 62 courts chapitres répartis en cinq parties aux titres évocateurs : Zone des prises,  Double jeu, Retrait au bâton, Souricière, Saufs au marbre.

 

De nombreuses chutes incitent à poursuivre la lecture comme dans ces trois exemples :

 

« Elle crut qu’elle repartait bredouille de sa première rencontre, mais elle découvrirait plus tard qu’elle en avait appris beaucoup plus qu’elle le pensait… »

 

« Ni l’un ni l’autre ne s’aperçurent qu’ils étaient suivis… »

 

« Une idée fascinante venait de jaillir dans son esprit… »

 

Tout au long du récit, l’auteur distille des indices qui mènent le lecteur sur de fausses pistes jusqu’à une finale assortie de plusieurs coups de théâtre.

 

Deux scènes loufoques m’ont fait rigoler :

 

Celle au cours de laquelle Tanguay réalise une entrevue dans la salle de musculation du stade avec un des suspects alors que ce dernier l’oblige à l’accompagner sur un vélo stationnaire : « Allez monte ! Je réponds à toutes les questions que tu veux, tant que tu es capable de suivre mon rythme ». On peut deviner la suite.

 

Et la séquestration et la « torture » d’un autre suspect dans un local d’entretien du stade par Tarah Dalembert et Gaétan Tanguay déguisés en mascottes : une cacahuète et un ourson en peluche.

 

Certaines descriptions ou mises en situation illustrent bien le style imagé et décontracté de l’auteur :

 

Il « se retourna lentement, le visage illuminé par son sempiternel sourire arrogant, qui donnait envie de lui arracher les dents à froid, puis de lui frotter les gencives avec du gros sel. Un collier de barbe chétif encadrait sa mâchoire jusqu'à ses tempes rasées de près, surmontées d'une coupe à la mode dans les boîtes de nuit. Un gros diamant brillait à chacune de ses oreilles. »

 

« Quand on était beau comme lui, on pouvait avoir l’air distingué avec un chapeau à hélices, des pantalons de neige et des palmes. »

 

« Tarah sifflait comme si ses poumons avaient été remplacés par deux poches de cornemuse. Chaque inspiration lui donnait l’impression d’avaler du piment de cayenne. »

 

En publiant Fausse balle, Mikaël Archambault aborde une thématique contemporaine qu’il dénonce dans un roman au style décontracté : il met en scène un personnage féministe qui évolue dans un milieu exclusivement masculin. Sa lanceuse, Fanny Poulin, est confrontée à certains individus qui ont des propensions à des comportements machistes, sexistes et pour qui violence verbale et harcèlement sexuel font partie de la normalité pouvant même conduire jusqu’au… Vous verrez.

 

La couverture de quatrième le suggère en complétant ainsi le synopsis :

 

« Quand on brise un plafond de verre, on ignore ce qui peut nous tomber dessus… »

 

Merci aux éditions De Mortagne pour le service de presse.

 

Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire sur le site leslibraires.ca et le récupérer auprès de votre librairie indépendante.

 

 

Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue : *****

Psychologie des personnages : *****

Intérêt/Émotion ressentie : *****

Appréciation générale : *****


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