Maurice Jean. – Le retour du Cabotin. – Québec : Éditions Crescendo !, 2021. – 258 pages.
Polar
Résumé :
Montréal 1979.
Investissements Baker et Associés, une société
de placements qui connaît un essor incroyable depuis quelques années, ferme ses
portes du jour au lendemain. Plus de 300 millions de dollars d'investissement
disparaissent, des milliers d'investisseurs perdent tout.
Frustré devant l'absence de résultats, le
directeur général de la police de Montréal confie les rênes de l'enquête au
lieutenant-détective Henri Patenaude. Quelques jours plus tard, ce dernier
découvre avec stupéfaction que plusieurs éléments sont identiques à une fraude
dont son père a été victime vingt ans auparavant et qui était l'œuvre d'un
criminel surnomme le Cabotin.
Naviguant entre le passé et le présent, le
lieutenant-détective réussit à tisser des liens entre la fraude dont a été
victime son père, la mégafraude qui ébranle le Québec et Paul Baker, simple
comptable à la Banque Royale.
Son enquête se termine par un coup de théâtre
qui surprend le coupable et le lecteur au moment où ceux-ci croyaient que
l'enquête était terminée.
Commentaires :
Le retour du Cabotin, la troisième enquête du
lieutenant-détective Henri Patenaude du Service de police de la Communauté
urbaine de Montréal (SPCUM) est un polar de procédures avec pour thème ce qui
est convenu d’appeler une « fraude
de Ponzi ». Maurice Jean nous livre une intrigue complexe, très bien
ficelée et réussit à attiser l’intérêt du lecteur en entretenant l’intrigue et
le suspense tout au long des 41 courts chapitres du roman.
Dès le départ, l’auteur met la table en nous
présentant les premiers principaux personnages impliqués directement ou
indirectement dans ce qu’il qualifie d’une des plus importantes arnaques au pays.
L’action ne tarde pas à s’enclencher avec des aller-retour entre les années
1950 et 1979. L’enquête difficile à élucider s’étire.
Qui est ce mystérieux Cabotin ? Où se terre-t-il,
où sont cachés les millions de dollars volés à des centaines d’investisseurs ?
Impossible d’identifier celui qui a profité de cette fraude avant la véritable finale
qu’on anticipe. En effet, personnellement, en couverture de quatrième, j’aurais
éliminé la dernière phrase du synopsis (« Son enquête se termine par un coup de théâtre qui surprend le coupable
et le lecteur au moment où ceux-ci croyaient que l'enquête était terminée »)
pour surprendre davantage le lecteur.
Ce roman m’a amené à faire quelques recherches
sur le Web à propos des fraudes de Ponzi aussi appelées « chaîne de Ponzi »
ou « pyramide de Ponzi » :
« …montage financier frauduleux qui consiste à
rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds
procurés par les nouveaux entrants. Si l'escroquerie n'est pas découverte
auparavant, la fraude apparaît au grand jour au moment où le système s'écroule,
c'est-à-dire quand les sommes procurées par les nouveaux entrants ne suffisent
plus à couvrir les rémunérations des clients. »
Ce
système « propose un investissement
à un taux très attractif. Le taux promis lui permet d'attirer toujours plus de
clients, au fur et à mesure que sa réputation s'accroît. La croissance du
nombre d'investisseurs lui permet effectivement de rémunérer les premiers
investisseurs et de rembourser les quelques clients qui souhaitent retirer
leurs fonds, aussi longtemps que ceux-ci ne sont pas trop nombreux. Lorsque les
nouveaux arrivants deviennent plus rares, le fonds commence à perdre de l'argent.
L'instigateur peut alors s'enfuir avec l'argent restant et les investisseurs
qui n'ont pas retiré leur argent perdent leur mise. »
Maurice Jean a très bien intégré dans son
récit le concept de ce type d’arnaque qui rappelle que Charles Ponzi est devenu
célèbre après avoir mis en place une opération fondée sur ce principe à Boston
dans les années 1920. Et ce sans nous perdre dans le jargon financier. J’ai
bien aimé le parallèle entre l’évolution de la partie d’échec par correspondance
entre le sympathique enquêteur et « un
vieil ami [habitant] au fin fond de
la Provence » jusqu’au dénouement de l’investigation et de la partie
avec un incontournable « Échec et mat
! ».
L’allusion glissée par l’auteur à propos de
la bureaucratie documentaire m’a fait sourire :
« Tout le dossier était au centre de rétention
des documents de la police et on lui expliqua qu'il devait venir remplir une
demande pour sortir le dossier des archives. Cette demande devait être
autorisée par un lieutenant-détective, puis par un directeur. Par la suite, il
devait envoyer la demande par courrier interne au service de l'archivage longue
durée qui, après entente avec le service de livraison, lui livrerait l'ensemble
des documents. »
Et ce clin d’oeil au personnage fétiche de
Louise Penny quand Henri Patenaude suggère à son adjoint, le
sergent-détective Alain Hamelin, de
demander de l’aide à la police nationale :
« Appelle Armand Gamache de la Sûreté du
Québec. Il pourra sûrement mettre quelqu'un sur ce dossier. »
On se saura jamais si le célèbre résident du
village fictif de Three Pines, en Estrie, a contribué à démasquer le coupable.
Originaire de Bedford dans les Cantons-de-l'Est, Maurice Jean possède une maîtrise en chimie analytique et a travaillé plus de trente ans comme spécialiste en enquêtes techniques dans le domaine de l'aéronautique. Il habite maintenant à Morin-Heights, dans les Laurentides. Il se lance dans l'écriture de la série Une enquête d'Henri Patenaude au début des années 2010, avec le défi de produire des romans accessibles à tous dans la pure tradition du roman policier britannique du début du siècle; défi qu'il a relevé avec la parution de Portefeuilles en série en 2017 réédité en 2023 sous le titre Tuer une vieille dame. Il récidive avec Mes Amis Facebook (2019), Mort à huis clos (2023) et Meurtre au presbytère (2024).
Merci à Maurice Jean pour le service de
presse.
Au Québec, vous pouvez commander votre
exemplaire sur le site leslibraires.ca
et le récupérer auprès de votre librairie indépendante.
Originalité/Choix du sujet : *****
Qualité littéraire : ***
Intrigue : *****
Psychologie des
personnages : *****
Intérêt/Émotion
ressentie : *****
Appréciation générale
: ****
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