Jacques Côté. – Au nom du frère. – Montréal : Flammarion Québec, 2024. – 294 pages.
Polar
Résumé :
Le lieutenant Owen Hayden du SPCUM cherche
sans répit quelle organisation criminelle a osé faire exploser sa maison et s'attaquer
aux siens. Sa soif de vérité est teintée de colère quand on lui annonce qu'il
fait l'objet d'une enquête externe. La SQ veut connaître les détails de la nuit
durant laquelle Hayden a abattu le gangster en cavale, Jesse Morel, et n'entend
pas clore le dossier avant d'avoir levé le voile sur chaque zone d'ombre. Un
rendez-vous chez le notaire pour régler la succession de son père viendra de
surcroît ébranler les valeurs et les certitudes d'Owen.
Saura-t-il naviguer entre sa vie
professionnelle houleuse et sa vie familiale chamboulée par un rapprochement
avec Tom, son frère ennemi, désormais chef par intérim des Hells Angels ?
Commentaires :
Au nom du frère étant la suite de Requiem américain, mes commentaires sur
la première partie de ce récit publiés antérieurement sont aussi valables.
Comme l’indique son éditeur, Jacques Côté continue d’explorer « avec
habileté les mécanismes complexes de la vengeance ».
Cette histoire romancée de la guerre des
motards montréalais et de leurs relations troubles avec la mafia italienne met
en scène des personnages aux dénominations trafiquées qu’on peut décoder.
Le récit rappelle des événements tragiques –
bombes, évasion, jeune victime collatérale, attentat contre un journaliste,
assassinats, gardiens de prison qui « enlèvent
leur uniforme avant de quitter leur lieu de travail pour ne pas être la cible
de tireurs »… – fort bien documentés par l’auteur. Le tout campé à
l’époque où allait éclater le scandale des commandites alors que « le gouvernement fédéral avait mis en place
un système de ristournes pour faire de la propagande canadienne engageant des
firmes de communication au Québec ». Ce dernier décrit le mécanisme
mis en place à deux reprises (pages 46 et 244) dans le roman. Et aussi
de l’objectif « déficit zéro »
du gouvernement québécois avec ses conséquences sur la réduction des budgets
d’intervention et de filature des forces de l’ordre.
J’ai noté au passage quelques belles
descriptions imagées :
« …
Smith ressemblait à la figurine en
caoutchouc Gumby. Il avait le teint vert, un double menton et une bedaine de
bière. »
« Des pigeons marchaient sur le tapis blanc
laissant des traces comme un étrange alphabet. »
« Certaines séquences de vie sont des
courtepointes d’anxiétés. »
« Son visage osseux aux angles obtus semblait
sortir d’un manuel de géométrie cubiste. »
(Source de la photo : Facebook de Jacques Côté
Il m’a aussi appris que l’archange
Saint-Michel terrassant le dragon était le patron des policiers, « le Glock ayant remplacé la lance. »
J’ai cru déceler à quelques reprises une
certaine forme d’acharnement de l’auteur à l’endroit du ministère de la
Sécurité publique du Québec (MSPQ) de l’époque faisant dire, entre autres, à
son enquêteur que « …c’est une
méchante gang de bums ! C’est la pire
mafia qui soit au Québec. »
À noter la description de l’ambiance du
spectacle musical du groupe auquel appartient le fils du personnage principal
dans un bar de l’avenue du Mont-Royal comme si on y était.
Lors d’une réédition, il faudrait
probablement corriger une coquille qui s’est glissée au haut de la page 233
alors que Tom Hayden, le frère de Owen, associe ce dernier à la « SQ » (Sûreté du Québec) plutôt
qu’au Service de police de la communauté urbaine de Montréal (SPCUM).
Rappelons que Jacques Côté enseigne la
littérature au cégep de Sainte-Foy. Auteur de nombreux polars, dont les séries
à succès Daniel Duval et Les cahiers
noirs de l'aliéniste, il compose une œuvre qui lui a valu une
reconnaissance au Québec comme à l'étranger ainsi que de nombreuses
récompenses, notamment le prix Arthur-Ellis à trois reprises. En 2003, il signe
la biographie Wilfrid Derome, expert en homicides, qui deviendra un documentaire
sur les ondes de Canal D. Conférencier recherché, il est souvent invité par des
institutions comme le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale
de Montréal et l'École de criminologie de l'Université de Montréal. Il est
aussi l'auteur de la série Le voyeur
pyromane, adaptation de son essai Autopsie
d'un crime imparfait.
Merci aux éditions Flammarion Québec pour le
service de presse.
Au Québec, vous pouvez commander votre
exemplaire sur le site leslibraires.ca et le récupérer auprès
de votre librairie indépendante.
Originalité/Choix du sujet : *****
Qualité littéraire : *****
Intrigue : ****
Psychologie des
personnages : *****
Intérêt/Émotion
ressentie : ****
Appréciation générale
: ****
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