La constellation du chat (Jean-Louis Blanchard)


Jean-Louis Blanchard. – La constellation du chat. – Montréal : Fides, 2023. – 361 pages.

 


Polar

 

 


Résumé :

 

Lancer des tomates pourries à un politicien arrogant, c’est une chose. Mais aller jusqu’à l’assassiner, c’est une tout autre histoire. Qui en voulait donc autant à Bruno Hébert-Sirois pour l’éliminer de façon aussi violente?

 

Les autorités nagent en plein mystère, d’autant plus que la main meurtrière frappe à nouveau. Terroriste, tueur en série ou simple règlement de comptes? Chose certaine, les cadavres s’empilent.

 

Bonneau et Lamouche sont alors confrontés à une constellation de victimes sans liens apparents. Que peuvent bien avoir en commun un politicien, un agent immobilier et un boursicoteur de banlieue? Les pistes se multiplient et le duo d’enquêteurs ne possède qu’un seul indice pour résoudre l’affaire: un énigmatique symbole, laissé sur chaque scène de crime.

 

 

Commentaires :

 

Après avoir savouré Le silence des pélicans et Les os de la méduse, j’attendais avec fébrilité la suite des aventures du binôme policier imaginé par Jean-Louis Blanchard : le lieutenant-enquêteur Bonneau, gaffeur et pas si incompétent qu’il n’en paraît et Lamouche, son jeune assistant « stagiaire », une fine mouche excellant dans son domaine grâce à sa grande habileté professionnelle.

 

Et, d’entrée de jeu, je n’ai pas été déçu. En fait, ma seule déception, comme ce fut le cas avec les deux premiers titres de cette trilogie « animale » : refermer déjà ce livre lu en rafale et regretter de ne pouvoir attaquer une éventuelle suite, il faut le souhaiter, après des mois de patience.

 

Avec La constellation du chat, Jean-Louis Blanchard nous propose une enquête bien ficelée ne laissant en plan aucun détail même si en cours de lecture on en doute. Tous les morceaux du puzzle sont assemblés en 63 courts chapitres qui entretiennent le rythme d’un récit bien documenté.

 

Cette troisième enquête de Bonneau qui, soit dit en passant, déteste les chats, et Lamouche est moins burlesque que les précédentes, mais toujours aussi drôle. Certaines scènes que je vous laisserai découvrir m’ont fait pouffer. Bonneau rédige encore ses rapports dignes d’une anthologie bureaucratique à l’indicatif du passé simple. Estropié, une conséquence de ses prouesses pour résoudre l’énigme de la méduse, il brille par ses distorsions phonétiques :

 

tai chi quan / taille-Chicoine ;

Netflix / Nexflic ;

une IPA / une nippée-A ;

vérité de La Palice / vérité de la police ;

Raymond Burr / Raymond Beurre ;

Liechtenstein / Liche-Einstein…

 

pour ne mentionner que celles-là.

 

L’auteur entoure encore une fois ses deux protagonistes d’une brochette de personnages dont nous avons fait la connaissance dans les enquêtes précédentes :

 

  • le directeur Edmond St-Pierre confronté aux exigences du comité exécutif de la ville ;
  • l’efficace lieutenant Pierre Lacoste ;
  • les sergents Pierre Houle et Bob « Arnold » Hétu dont les gros bras de ce dernier, prêt à tout pour ridiculiser Bonneau, l’emportent sur ses capacités cérébrales ;
  • Fred Weber, pathologiste en chef à la morgue, qui pète les plombs chaque fois qu’il entre en communication avec le lieutenant-enquêteur ;
  • l’informaticien de génie Luc Noël ;
  • Gérald DaSylva, technicien en audiovisuel
  • et, bien sûr Anabelle April, la directrice des ressources humaines qui ne laisse pas Lamouche indifférent.

 

À noter, entre autres, le choix judicieux du prénom du tueur recherché et de la raison sociale d’une des scènes de crime, le bar Le Pinardier. Encore une fois la magnifique couverture de première de Bruno Lamoureux. Sans oublier le clin d’œil à Hergé avec le bistrot Ad Hoc où Bonneau est confronté à choisir entre les « cigares du Pharaon » et les « bijoux de la Castafiore » qu’on y sert. Et la qualité d’écriture de l’auteur comme en témoignent ces deux extraits notés au passage :

 

« … l’ordi sortait de son sommeil cybernétique ».

 

« … il laissa Bonneau marcher devant, sous le crépitement des flashs et l'œil des caméras de télévision. Le lieutenant avançait d'un pas lent, tenant sa canne d'une main et se couvrant les yeux de l'autre. On aurait dit Winston Churchill après la victoire des Alliés ».

 

Et ce paragraphe d’un réalisme troublant (je pourrais en témoigner après une quarantaine d’années à titre de consultant en gestion documentaire) :

 

« C'était une tâche terriblement fastidieuse, car plusieurs de ces archives n'avaient jamais été mises à jour, ou alors étaient classées selon des critères qui semblaient échapper à toute forme de logique. Sans compter les multiples changements de nomenclature apportés sous chaque nouvelle administration, soucieuse de laisser une marque indélébile au processus d'archivage municipal. »

 

Quel spécimen de la faune inspirera Jean-Louis Blanchard dans une prochaine aventure de nos deux inséparables ? Vivement une quatrième enquête qui devrait, entre autres, nous transporter à la table du président de la République où Bonneau, ayant fini par accepter l’invitation répétée de l’Ambassade de France à Ottawa pour services rendus dans l’affaire des os de la Méduse, sera égal à lui-même.

 

Avant de terminer, j’aimerais citer un extrait qui laisse peut-être entrevoir la thématique d’une nouvelle série ou, à tout le moins, d’un recueil de nouvelles :

 

« L'oncle Archibald était tout un personnage ! Un peu énigmatique, certes, mais néanmoins chaleureux et fascinant. Il avait connu une longue et prolifique carrière de détective privé, et ses incroyables récits d'enquête subjuguaient le jeune Lamouche. Encore aujourd'hui, il ne doutait pas un seul instant que ce vieil oncle un peu bizarre avait influencé son parcours de façon déterminante. »

 

Un défi à relever pour notre grand plaisir, nous divertir tout en se creusant les méninges.


Merci aux éditions Fides pour le service de presse.

 

 

Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue :  *****

Psychologie des personnages :  *****

Intérêt/Émotion ressentie :  *****

Appréciation générale : *****


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