Toute la rancune du monde (Éric Chassé)


Éric Chassé. – Toute la rancune du monde. – Laval : Guy Saint-Jean éditeur, 2023. – 364 pages.

 


Thriller

 

 


Résumé :

 

Lorsque Thomas et Émilie quittent Rosemont pour la banlieue, ils réalisent un rêve. Souhaitant que leur fille adorée Mégane devienne une grande sœur prochainement, ils choisissent un quartier tranquille dans une maison qui, même si elle a besoin d’amour, deviendra bientôt leur nid bien à eux. Là, dans la simplicité, le bonheur et la joie, ils pourront laisser leur bulle familiale s’épanouir. À l’école, Mégane fera une rencontre salutaire pour son adaptation à sa nouvelle vie. Entre elle et Juliette, c’est le coup de foudre, comme seules les petites filles savent en avoir. Un réel soulagement pour ses parents qui accueillent la nouvelle amie bien chaleureusement.

 

Sandrine et Christian, les parents de Juliette, sont cependant beaucoup moins enchantés. Car Thomas et Émilie sont bien loin de ce qu’ils considèrent être de « bons parents ». Évidemment qu’ils ont du mal à laisser leur petite s’acoquiner avec des gens aussi indignes qui élèvent leur enfant n’importe comment!

 

Lorsque le drame survient, Sandrine, déjà fragile, perd tous ses repères. D’autant plus que Christian, par ses agissements, détruit le peu qui reste de son équilibre et la propulse dans un abîme de déraison qui prendra des proportions tragiques.

 

Entre amour « inconditionnel » et « irrationnel », la ligne est bien mince…

 

 

Commentaires :

 

Quel plaisir de retrouver la plume efficace d’Éric Chassé après ma découverte de cet auteur d’Otterburn Park, originaire de Sorel-Tracy,  il y a exactement deux ans avec Un mensonge de trop que j’avais beaucoup aimé.

 

D’entrée de jeu, Toute la rancune du monde, son quatrième roman, est un excellent thriller noir. À la fois stressant et divertissant. Une violence psychologique indéniable sans giclées d’hémoglobine malgré quelques morts brutales. Un parfait équilibre.

 

L’action se déroule dans un environnement que connaît bien l’auteur, à moins de cinq kilomètres de son lieu de résidence. Ce dernier se démarque comme habile architecte du drame qu’il a imaginé à partir de scènes de la vie quotidienne de deux couples, un de la classe moyenne, l’autre plus fortuné, installés dans une municipalité de banlieue paisible, Mont-Saint-Hilaire, en bordure de la rivière Richelieu, au pied d’une des neuf collines montérégiennes situées près de Montréal au sud-ouest du Québec.

 

Ce qui semble une histoire des plus banales nous accroche dès les premiers chapitres et nous tient en haleine jusqu’au dernier mot de la dernière page.

 

Éric Chassé qui, comme le mentionne son éditeur, « se distingue par son style franc, son humour noir et ses descriptions douloureusement justes de l’humain ordinaire et des drames qui le guettent » installe lentement les événements de plus en plus inquiétants qui s’enchaînent au fil du récit. De sorte que la tension monte d’un cran d’un chapitre à l’autre suggérée par des phrases annonciatrices telles que :

 

« Hélas, le destin pouvait se montrer parfois bien cruel. Émilie allait vite réaliser qu’on ne choisissait pas les gens de son quartier. »

 

« Thomas répliqua qu’en effet, la chute de Sandrine serait terrible. Et il n’aurait su mieux dire. »

 

« La guerre venait d’être déclarée. »

 

« Rien ne serait plus jamais comme avant. Jamais. »

 

« Dans sa tête, le déclic se fit à cet instant précis. »

 

« Émilie n’aurait pu mieux dire. »

 

Au point où il difficile de faire une pause en cours de lecture en se demandant à plusieurs reprises : « Qu’est-ce qui pourrait bien arriver de pire ? » Le tout truffé de quelques épisodes angoissants, comme celles de la piscine ou de l’épicerie, dignes de scénarios de films à sensations.

 

Les personnages de Toute la rancune du monde sont des plus crédibles. Ils pourraient être vos voisins d’en face. Les dialogues naturels avec des niveaux de langage reflètent la personnalité de chaque protagoniste.

 

Vous y découvrez probablement comme moi le concept de « parents hélicoptères », une réalité qui a inspiré l’auteur, une situation vécue dans son quartier qu’il a décidé d’extrapoler comme il l’a déclaré dans une entrevue.

 

La chute finale n’est pas du tout celle que j’avais imaginée. La dernière ligne de dialogue ouvre grand la porte à une suite logique. Éric Chassé saura-t-il nous surprendre ?

 

Merci à Guy Saint-Jean Éditeur pour le service de presse. Bravo pour la mention en page liminaire que « Ce livre a été entièrement imaginé, créé et fabriqué au Québec » !

 

 

Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue :  *****

Psychologie des personnages :  *****

Intérêt/Émotion ressentie :  *****

Appréciation générale : *****