Gary
Victor. – Saison de porcs. – Montréal :
Mémoire d’encrier, 2009. – 190 pages.
Polar
vaudou
Résumé : À la fois fable, histoire et enquête policière, Saison de porcs met en scène les
mystères de la société haïtienne, dominée par la corruption et la tentation
totalitaire. Un livre bouleversant : humour, cynisme, virtuosité.
Commentaires : Gary Victor est un auteur haïtien, romancier,
scénariste et journaliste. Saison de
porcs est un polar coup de poing dont la thématique, une sordide affaire de
trafic d’enfants, oscille entre politique et fantastique.
Dès
les premières pages, le lecteur est immergé dans le milieu corrompu des hautes
sphères de la police haïtienne. À Port-au-Prince, pendant un été torride et
suffocant, au cours duquel l’inspecteur alcoolique Dieuswalwe Azémar est aux
prises avec quelques meurtres et une secte mafieuse, l’Église du Sang des
Apôtres chargée de l’adoption de sa fille Mireya. Dans l’absurdité du quotidien
de ses compatriotes, l’enquêteur est amené à découvrir l’horreur qui se trame
derrière ce groupe religieux. Contraint de lutter sans merci dans un système
pourri où la corruption est tellement endémique qu’elle devient presque
invisible. Contre les forces policières et occultes de l’île pour sauver sa
peau et celle de sa fille.
Assurément
un polar hors du commun que j’ai beaucoup aimé tant pour l’intérêt soutenu du
récit, le style franc et direct de l’auteur, les descriptions, l’ensemble des
personnages. Au fur et à mesure de l’avancement de l’action, impossible de ne
pas avoir de l’empathie envers ce policier au quotidien merdique.
Saison de porcs est aussi une œuvre littéraire qui dénonce sans ambages.
À preuve ces deux extraits, à titre d’exemples :
À
propos de l’omerta : « On vit
vieux quand on ne comprend rien et quand, surtout, on ne cherche pas à comprendre.
»
À
propos de la corruption politique : « Dans ce pays pratiquement laissé à lui-même où gouverner n’était qu’une
macabre représentation dont les acteurs profitaient pour s’autorémunérer
grassement, la population était à la merci de toutes les folies des grands
requins du Nord. Des cliniques, des hôpitaux fonctionnaient sans contrôle
véritable. Dans des centres de santé gérés par des intérêts occultes qui
profitaient de la banqueroute de l’État, des gens sans aucune éthique se
livraient parfois à toutes sortes d’expérimentation. C’était pratiquement dans
tous les domaines. Les ressources minières du pays étaient souvent exploitées
en cachette par des compagnies qui graissaient la patte des politiciens. Le plus
grave, pensa Azémar, c’est que ces intérêts ne venaient pas seulement s’approprier
ce qui restait de la terre. Ils pouvaient venir aussi y enfouir toutes sortes
de saloperies. L’avenir seul mettrait certainement à jour la félonie et l’inconscience
des politiciens. »
Ce que j’ai aimé : Le rendu de l’ambiance sordide qui se dégage du
récit, des descriptions et des personnages. Le rythme lent et la chute finale.
Ce que j’ai moins aimé : -
Cote
: ¶¶¶¶
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire