Paul et les fées (Denis April)


Denis April. – Paul et les fées. – Montréal : Liber, 2008. 120 pages.



Récits






Résumé : « Les récits regroupés dans ce livre, à peine inventés, tournent autour de Paul Boyer, personnage observateur, souffrant de maladie mentale, qui a jeté un regard parfois étonné autour de lui lors de ses hospitalisations. Il a rencontré dans ce milieu un peu spécial les délires des autres certes, mais aussi la compassion entre ces désespérés de la réalité qui fuient dans leur folie.

Je vous invite à lire ces histoires avec votre cœur d’enfant. Vous comprendrez alors pourquoi certaines grandes personnes sont aussi fragiles que des enfants.

Vous savez, perdre la raison, ce n’est pas sorcier. »

Commentaires : D’entrée de jeu, vous comprendrez que Paul et les fées fait partie de la catégorie des « etc. » annoncés dans le titre de cette page d’avis de lecture. Comme c’est occasionnellement le cas.

Denis April est un ex-collègue d’études classiques des années 60. On s’était perdu de vue. Lui a fait carrière comme avocat, moi dans la gestion documentaire. En 2018, on s’est retrouvé par hasard dans un cours de création littéraire à l’Université Laval. Nous avons échangé et dédicacé nos publications respectives.

Paul et les fées regroupe 6 courts textes ayant pour thème la vie quotidienne des « fous » enfermés dans ce qu’il était convenu d’appeler l’Hôpital Saint-Michel-Archange de Québec. Une ville en soi. Un établissement dont la façade s’étire sur un demi-kilomètre qui dérobe au regard délires et hallucinations. L’auteur y a travaillé pendant ses études, durant l'été et la période des fêtes entre 1968 et 1970, à titre de préposé aux malades : il décrit sans artifice la vie de celles et ceux qu’on y a isolés pour soi-disant les soigner : hantés par les fées de la folie; parfois libérés momentanément pour tenter de survivre dans la société dite normale, utilisateurs des portes tournantes entre enfermements ponctuels et pseudo liberté; en quête d’évasion virtuelle et d’apaisement des troubles par la musique d’un tourne-disque ou d’un piano.

J’ai été touché par chacun des récits. J’ai beaucoup ri à la lecture de celui qui, intitulé Musique d’orchestre, décrit un événement symphonique ayant pour objectif une collecte de fonds auprès de la haute société. Au programme, des compositeurs ayant été atteints d’une façon ou d’une autre de maladie mentale. Un concert perturbé par un « inconnu habillé d’un pantalon gris et d’une chemise à carreaux rouge et noir qui accapare le micro et dont le discours indispose la femme d’un courtier d’assurance qui avait acheté des billets auprès d’un client important. À la fois tordant et touchant.

Le dernier texte, intitulé la Nef des fous, décrit de façon anonymisée et dans ses moindres détails l’expérience de travail estival de l’auteur. Une indicible tristesse et une admirable générosité se dégagent de ces employés généralement sous-payés, côtoyant un personnel infirmier qu’on sent impuissant  dans un établissement où étaient parqués bon an mal an des milliers de malades mentaux.

Paul et les fées est le premier ouvrage publié par Denis April. Il vous entraînera dans un Vol au-dessus d’un nid de coucou québécois si vous le commandez chez votre libraire ou l’empruntez dans une bibliothèque près de chez vous.

Ce que j’ai aimé : Le style direct, franc et sans quelconque jugement de la part de l’auteur. Le réalisme dans les descriptions des situations.    

Ce que j’ai moins aimé : -

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