Édouard
Louis. – Qui a tué mon père. – Paris :
Éditions du Seuil, 2018. 85 pages.
Roman
Résumé : « L'histoire de ton corps accuse l'histoire
politique. »
Commentaires : C’est le premier roman-essai-autobiographique d’Édouard
Louis que je lis. J’ai découvert l’auteur à l’émission télé La grande librairie sur TV5 Monde. Et je
n’ai pas été déçu contrairement à certaines critiques. Peut-être parce que cet
opuscule, 85 pages très denses, qui se lit en moins de 2 heures rejoint en
bonne partie mes valeurs sociales. Peut-être aussi que je viens d’un milieu
ouvrier modeste que je n’ai jamais renié.
Dans
Qui a tué mon père (sans point
d’interrogation), Édouard Louis décrit, d’une part, les relations difficiles
qu’il a eues avec son paternel. Dès son plus jeune âge, ce dernier niait
tacitement la personnalité naissante d’un fils qui affichait des prédilections
attribuées davantage à une fille. À une époque où l’amour d’un père se
manifestait par des sous-entendus et ne s’exprimait pas verbalement.
Tout
au long du récit se dessine nettement une tentative de dialogue avec un père meurtri dans son corps à la fois
victime de conditions de travail déplorables et de politiques sociales
manifestant peu ou pas d’empathie envers les moins bien nantis, pour ne pas
dire les pauvres de la société. Édouard Louis éprouve beaucoup d’affection
envers ce père qui a vu sa santé affectée par le travail. Il en rend
responsable le système sociétal. Et c’est là le deuxième volet de ce roman qui
en justifie le titre : c’est la Politique qui a tué son père. Physiquement
réduit, objet de honte face à celles et ceux qui rapportent à la société et qui
occupent une place, leur place dans leurs familles. Le tout axé sur l’impact
des décisions des dirigeants politiques sur les gens les moins nantis.
Auteur
de la honte, comme il aime bien se qualifier, Édouard Louis, qu’on soit
d’accord ou non avec sa thèse, pousse la réflexion sur la
littérature qui fait peu de place à ceux qu’on qualifie de pauvres, les moins
privilégiés de la société, et aux pièges dans lesquels ils sont souvent coincés
et quasi impossible de s’en sortir. On n’a qu’à penser aux ghettos des
banlieues dont sont à l’abri les quartiers bourgeois. Un essai somme toute
émouvant, percutant.
Quelques
citations :
« Il n’y a qu’à ceux à qui on donne tout
depuis toujours qui peuvent avoir un vrai sentiment de possession, pas les
autres. »
« On ne dit jamais fainéant pour nommer un
patron qui reste toute la journée assis dans un bureau à donner des ordres aux
autres. »
Ce que j’ai aimé : La simplicité de la langue, la justesse des
observations dans le quotidien, le respect du fils en quête constante d’amour
du père.
Ce que j’ai moins aimé : Les raccourcis avec la politique qui auraient
gagné à être approfondis.
Cote
: ¶¶¶¶
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