Simenon – Le roman d’une vie (Rodolphe et Christian Maucler)


Rodolphe et Christian Maucler. – Simenon – Le roman d’une vie. – Paris : Philéas, 2022. – 109 pages.

 


Bande dessinée

 

 


Résumé :

 

La Belgique, à l'aube du XXe siècle.

 

Le jeune Simenon, ou Sim, est dès ses 15 ans un brillant journaliste à « La Gazette de Liège ». Déjà, il nourrit deux passions : l'écriture et les femmes.

 

À l’étroit dans son rôle de petit reporteur, il décide de monter à Paris où il côtoie vite artistes et écrivains du Montparnasse nocturne et tombe amoureux de Joséphine Baker. Il rêve d'aventure et de gloire, comme Rouletabille et Tintin.

 

Mais son héros à lui n'aura rien à leur envier : un certain Jules Maigret...

 

 

Commentaires :

 

Le titre de cette bande dessinée de Rodolphe, de son vrai nom Rodolphe Daniel Jacquette, écrivain et surtout un scénariste français de BD et de Christian Maucler, auteur et dessinateur reconnu dans le monde de la BD pour son personnage du Commissaire Raffini, dans le livre Jeunesse, dans le roman illustré et la presse pour la Jeunesse est trompeur. « Le roman d’une vie » ne couvre que les jeunes années dans la vie de Georges Simenon, soit la période de 1915 à 1931, de son adolescence jusqu’à la naissance et le premier anniversaire du commissaire Jules Maigret.

 

Cette bande dessinée aux couleurs pastel de 109 pages se lit en moins d’une heure. Les auteurs se sont concentrés sur cet espace-temps de Liège à la fin de la Belle époque jusqu’au Paris des années folles. Ils ont voulu mettre en évidence le parcours littéraire de Sim, journaliste à la Gazette de Liège et auteur prolifique de nouvelles et de romans érotiques fréquentant les milieux littéraires et un groupe à la recherche du « grand dérèglement des sens » dans l’art et l’ivresse, cumulant les nuits de fêtes et les nombreuses conquêtes féminines, brûlant la chandelle par les deux bouts. Les excès et les impulsions du romancier belge sont bien illustrés dans cette scène où lors d'une promenade avec Fayard, son éditeur, il abandonne ce dernier à deux reprises pour rejoindre tour à tour deux prostituées aperçues au coin  de la rue.

 

La scène de la création du personnage Jules Maigret et de la définition de ses traits de personnalité est fascinante. À Delfzijl, en Hollande, Simenon est à la recherche de son personnage principal. La silhouette d’un homme s’avance sur les rochers et nourrit l’imaginaire de l’auteur :

 

« Bon sang, si mes personnages pouvaient surgir aussi rapidement que les gens réels ! Avec d’emblée une tête et une personnalité bien à eux ! Un peu mieux que ce bonhomme si possible ! Tiens, pour camper mon héros, si je partais de ce type... ou plutôt de son contraire... son exact contraire », se dit-il.

 

Avec comme résultat « costaud, avec un feutre [...], une gabardine [...] une bonne pipe ». « Et puis, un certain port de tête, des attitudes bien spécifiques... il jauge, il ‘’ sent ‘’ ses interlocuteurs. »

 

En interpellant l’inconnu et en lui expliquant qu’il est écrivain et qu’il essaie d’inventer un personnage, Simenon lui demande son nom. Et l’autre de répondre « Marie-Eugène de Cormont-Lessac » :

 

« Hum ! Optons pour du simple, court et facile à mémoriser... Quelque chose comme Lessac, Marac, Maret... Tiens : Maigret comme mon ancien voisin de la place des Vosges... Je crois bien qu’il s’appelait Jules... », continue-t-il à cogiter.

 

S’enquérant du métier de sa source d’inspiration, gardien de la paix, Simenon décide de le faire monter en grade : commissaire. « En tant qu’agent, vous est-il arrivé des choses intéressantes, étranges, originales ? » demande l’auteur en quête de personnage. L’autre lui répond que sa « femme dit toujours [qu’il] manque de sens d’observation, d’intuition aussi... » :

 

« L’intuition ! Il a raison ! Capitale pour mon personnage ! Ce sera par l’écoute et l’intuition que mon commissaire fera avancer ses enquêtes... »

 

Jules Maigret, protagoniste et héros de 75 romans policiers et 28 nouvelles publiés entre 1931 et 1972, était né et son créateur jurait de ne plus jamais le lâcher tout au long de sa vie. D’où très certainement la justification du titre de la BD de Rodolphe et Maucler.

 

Il m’a semblé détecter une erreur chronologique de la part des auteurs. En page 52, il est fait mention d’une fête du Nouvel An 1922 chez Régine Renchon que Simenon rencontre pour la première fois et qu’il décide de renommer Tigy. Neuf pages plus loin, on le voit débarquer à Paris le 18 août 1919 (!!!) seul avec sa valise, sous la pluie pour s’y installer et préparer la venue de Tigy qu'il prévoit d'épouser au printemps. Ses biographes datent plutôt cet événement du 11 décembre 1922, alors que son service militaire vient de prendre fin et qu’il vient d’annoncer sa démission de la Gazette de Liège.  

 

Ceci dit, « Simenon – Le roman d’une vie » m’a un peu déçu. Je m’attendais à une biographie plus complète, impossible d’ailleurs à livrer sur une centaine de pages. Une suite serait appréciée. J’ai toutefois apprécié le graphisme et l’enchaînement dynamique du récit qui m’ont fait découvrir la personnalité de cet écrivain dont, je dois honteusement l’avouer, je n’ai lu qu’un seul Maigret !  

 

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Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Psychologie des personnages :  ****

Intérêt/Émotion ressentie : ****


Appréciation générale : ****


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