Ta seule issue (Giles Kristian)


Giles Kristian. – Ta seule issue. – Paris : Harper Collins, 2023. – 329 pages. 



Thriller

 

 


Résumé :

 

Les ténèbres à perte de vue. Une tempête pour tout horizon. La mort qui rôde. Comment en sont-ils arrivés là ? Erik et sa fille avaient pourtant prévu un simple trek dans les montagnes norvégiennes. Un moyen de se retrouver, après le drame qui a brisé leur famille. Mais à cause d’un accident, leur voyage tourne au cauchemar. Alors qu’ils ont trouvé refuge dans une maison isolée, ils sont témoins d’un crime atroce. Le père et la fille doivent fuir à tout prix. Fuir pour survivre. C’est le début d’une traque sans merci à travers des étendues hostiles…

 

Une chasse à l’homme dans une nature brute et inhospitalière.

 

 

Commentaires :

 

En page liminaire, le ton de ce thriller des neiges est donné : « Si vous vous êtes déjà demandé jusqu’où vous seriez capable d’aller, ce livre est pour vous. » Ta seule issue est le premier thriller contemporain de l’écrivain anglo-norvégien Giles Kristian, une longue fuite à l’avant dans un environnement hostile pour échapper à un meurtrier dans un contexte de recherches scientifiques autour d’une source potentielle de pandémie. Un récit palpitant, parfois irréel, un suspense constant jusqu’à la finale insoupçonnée. Dans un décor presque surréaliste, où à 16 heures il fait déjà nuit : 

 

«  À la lueur de la lune, ils apercevaient de grands sapins se dressant tels des géants figés comme par un enchantement au cours d'une guerre très lointaine. Le doux rayonnement bleuté du manteau sur lequel ils se déplaçaient. Les surplombs rocheux frangés d'une glace aussi tranchante que des canines de vampire, ou plaquée sur les parois, en cascades suspendues, ou encore en coulées de lave inversée, comme issues d'une éruption polaire. »

 

« Les congères étaient si hautes autour de la cabane qu'elle semblait se faire lentement avaler, comme une offrande réclamée par la terre ou par une divinité des montagnes. »

 

Le tout écrit dans un style imagé comme l’illustrent bien ces deux exemples :

 

« ...oublier son propre cauchemar aussi pesant qu’un vêtement mouillé. »

 

« Des aurores boréales paraient le ciel d'éclats verts, jaunes et bleus, chaudes et paisibles comme le souffle des dieux. »

 

En annexe, l’auteur explique l’origine de son roman, lui qui a « passé de nombreuses vacances au bord d’un fjord » dans le chalet de sa famille « près de Bergen, sur la côte ouest de la Norvège, ou à skier dans les montagnes. » Il a trouvé son inspiration après une randonnée en 2003 avec son frère qu’il avait dû abandonner après quelques jours, manquant « d’entraînement et de technique en ski de fond. » En 2006, après cette aventure de ski de fond ratée, et à la recherche d’un sujet d’écriture, Giles Kristian a commencé à rédiger une première version de ce roman de survie, en situant l’histoire dans le futur, en 2020 : « un homme et son fils qui, alors qu’ils se baladent à skis, se retrouvent au beau milieu d’une opération des forces spéciales pour sécuriser une ressource pétrolière souterraine dans le cercle arctique. » Le scénario du récit a évolué, centré sur l’exploration « de la souffrance physique et de la volonté humaine de survivre, mais aussi de celle d'un autre thème : le deuil, la lutte d'un père pour réussir à lâcher prise, et la lutte de son enfant pour devenir adulte. »

 

Ta seule issue est l’histoire « de la lutte d'un père pour accepter que sa fille grandisse, pour accepter sa propre mortalité et sa propre faiblesse. L'histoire de l'ordre naturel des choses, de la façon dont le parent doit inévitablement se mettre en retrait tandis que l'enfant grandit et s'épanouit. Et aussi l'histoire d'une fille qui cherche la liberté tout en acceptant la mortalité de son père et la nécessité implacable de devoir affronter le monde sans lui. »

 

Ce roman, avec le personnage d’Hánas, fait aussi référence à la vie contemporaine des Samis, peuple autochtone du nord de la Suède, de la Norvège, de la Finlande et de Laponie, entre traditions et modernité :

 

« Le mode de vie semi-nomade des Samis est intrinsèquement lié aux saisons et, pour ceux qui gagnent encore leur vie en élevant des rennes comme le faisaient leurs ancêtres [...] tandis que le monde moderne continue d'empiéter sur leur mode de vie, il devient de plus en plus important de se raccrocher au passé. Ainsi, en tant que l'un des quelque six mille cing cents Samis de Scandinavie qui pratiquent l'élevage de rennes, Hánas a un pied dans le monde contemporain (il possède un téléphone portable, une motoneige, il a probablement une maison tout ce qu'il y a de plus moderne quelque part, équipée d'Internet et de la télévision) et l'autre, dans la culture traditionnelle de son peuple. »

 

Giles Kristian est l’auteur de romans historiques inspirés de sa famille, traduits dans une vingtaine de langues et vendus à plus d’un million d’exemplaires, fasciné par la guerre civile anglaise en retraçant le destin d’une famille divisée par ce conflit brutal dans The Bleeding Land et Brothers' Fury. Il est aussi le coauteur, avec Wilbur Smith, du thriller Golden Lion, un succès de librairie à l’international.

 

Dans les romans The Rise of SigurdGod of Vengeance (sélectionné parmi les meilleurs livres de l’année par The Times of London), Winter’s Fire et Wings of the Storm – il est retourné dans le monde des Vikings pour raconter l’histoire de Sigurd et de sa célèbre communauté fictive.

 

Au cours des années 1990, Giles Kristian a été le chanteur principal du groupe pop Upside Down avec quatre albums à succès jouant des concerts sur la même scène d’artistes tels que The Spice Girls, Take That, The Backstreet Boys et Eric Clapton !

 

Giles Kristian est un auteur de grand talent que j’ai eu le plaisir de découvrir. J’ai bien aimé Ta seule issue pour l’originalité du sujet traité, la qualité de l’écriture, le suspense entretenu de chapitre en chapitre.

 

 

Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue : ****

Psychologie des personnages : ****

Intérêt/Émotion ressentie : ****

Appréciation générale : ****