Francois Hébert. – Bob Morane - Menace au Château Frontenac. – Québec : Ananké, 2013. – 27 pages.
Nouvelle
Résumé :
1943. Deuxième guerre mondiale. Pour assurer
la sécurité du premier ministre britannique, Bob Morane est chargé d'escorter
l'avion ministériel jusqu'au Canada.
Commentaires :
Cette nouvelle écrite par François Hébert avec
l'autorisation de Henri Vernes est l’une de celles
qui furent écrites à partir de 2013 par différents auteurs, souvent des groupies
de la série, qui paraissaient à l’époque au rythme de six à huit par an aux
éditions Ananké, en tirages limités. Celle-ci utilise le MacGuffin (prétexte au
développement d'un scénario cher à Alfred Hitchcock) du Château Frontenac et de
la protection d’un certain Winston Churchill à la conférence de Québec de 1943 pour
associer Robert Morane
(Bob pour les intimes), le héros de l’auteur belge, à une affaire sans grand intérêt à saveur autochtone,
mais qui pourrait se situer parmi les premières aventures réparties dans les
229 romans publiés par Henri Vernes .
Morane y est décrit comme étant un « pilote aguerri, au sang-froid reconnu, doué
d’un sens d’anticipation remarquable et d’une discrétion absolue »,
mesurant « plus d’un mètre quatre-vingts
(sic), mince sans être maigre, large
d’épaules et de poitrine [doué d’une] confiance
certaine [et d’une] maîtrise parfaite
de ses émotions. Mais c’est surtout l’éclat de son regard qui retenait l’attention.
Ses yeux gris acier fixaient son interlocuteur avec une attention qui frisait l’insolence. »
Voilà pour le personnage. Quant à la fausse
intrigue, elle a très peu à voir avec celle de la « mission d’une extrême importance » qui est confiée au « Flying Commander » (grade
imaginaire de la Royal Air Force) : « escorter l’avion présidentiel durant le trajet qui le conduira à
Québec, puis assurer la sécurité du premier ministre durant son séjour
outre-Atlantique. » Pourquoi l’avoir choisi, lui ? Parce qu’il est « Français et qu’à Québec, le français est la
langue de la région » et que « les Québécois [sont] les
petits cousins de [ses] compatriotes. »
La mission officielle n’étant qu’un leurre
pour tromper les Allemands, Morane n’a qu’un objectif : « visiter le village des Indiens Hurons
(Wendake), situé à vingt minutes au nord-ouest du centre-ville, et de rapporter
quelques souvenirs typiques de cette Première Nation (de cette nation première
?), ces Indiens d’Amérique qui avaient peuplé les récits de son enfance. »
Les Hurons « qui habitaient encore
les terres ancestrales qui leur étaient réservées et qui avaient conservé, pour
la plupart, leurs coutumes si particulières. Cette nation avait son chef
respecté et son shaman (sorcier). »
François Hébert qui fait loger Bob Morane à l’hôtel
Clarendon, dans le Vieux-Québec, glisse au passage la mention d’une expression
québécoise (« magané ») et nous
apprend que la route entre l’aéroport de l’Ancienne Lorette et le centre de la
ville était « rocailleuse »
et que bientôt, elle « serait
recouverte de bitume, pour le grand confort des voyageurs. » Il en
profite également pour justifier l’existence de la Citadelle dont les murs « furent élevés sur les hauteurs de la cité
afin de protéger la ville de Québec. Par nécessité, d’autres fortifications
englobèrent peu à peu l’étendue qu’elles occupent aujourd’hui, allongeant sur
le Vieux-Québec leurs remparts protecteurs. »
S’ensuit un chapitre où on assiste à la
rencontre du commando avec la schamane huronne, nyctalope comme lui, qui lui remet
un talisman et lui fait des révélations étonnantes (« le Grand Manitou conserve sur toi et tes semblables sa bienveillante
protection ») l’informant qu’il a « reçu du dieu TVYHUL de grands attributs qui [lui] seront utiles tout au long de [sa] vie, laquelle sera fertile et bien remplie :
le Courage, la Force, l’Intelligence, la Pugnacité, la Franchise et la Sagesse. »
Armé de ce bouclier protecteur, Morane fera
face, bien malgré lui, à la menace qui plane sur le Château Frontenac en se
retrouvant, tel un automate, dans un « imposant
lac souterrain, duquel émergeaient des centaines de colonnes. On se serait cru
devant un gigantesque temple englouti par on ne sait quelle catastrophe. Ses
dimensions étaient telles que chaque pas, chaque chuchotement, se répercutaient
(sic) à l’infini. » Le réservoir d’eau
douce de la ville de Québec auquel il a accès par l’ « immense porte en bois solide » d’une
« tour aux murs rébarbatifs près des
murs fortifiés ».
Dans un contexte réaliste, bien campé dans la
région de Québec, cette nouvelle de François Hébert flirte avec le récit fantastique
avec une chute où le héros, après avoir fait la grasse matinée, est à la fois « heureux que tout cela soit un rêve »
et stupéfait alors qu’au moment de donner un premier coup de rasoir sur sa
forte barbe hirsute, son visage tournant au gris, lorsqu’il aperçoit dans le
miroir, « autour de son cou, une
marque rouge et profonde, comme celle que fait une lanière de cuir qu’on
arrache violemment !!! ».
En complément, l’éditeur lance un défi qux
lecteurs : trouver la clé de l’énigme suivante : « Par quel calcul mathématique l’auteur a-t-il
créé le nom de TVYHUL, le dieu souffleur ? Un indice important se trouve à la
page 13 (début du chapitre 3). » J’ai eu beau me creuser les méninges,
je n’ai jamais réussi à résoudre la question. Si vous êtes plus futés que moi,
j’attends votre réponse… si vous réussissez à mettre la main sur un exemplaire
de cette nouvelle.
Originalité/Choix du sujet : **
Qualité littéraire : **
Intrigue : *
Psychologie des
personnages : *
Intérêt/Émotion
ressentie : *
Appréciation générale
: **
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