Joël Bégin. – Plessis. – Montréal : VLB éditeur, 2022. – 402 pages.
Roman
Résumé :
Schefferville,
1959. Dans le guest house de l'Iron
Ore Company of Canada, le vieux Chef se meurt. Attaque cérébrale soudaine. Du
moins, c'est ce qu'on prétend. Parce qu'il apparaît vite qu'il se trame quelque
chose de louche, à Schefferville. C'est à Paul-Émile Gingras, jeune policier
trifluvien pas spécialement doué, que son grand-oncle Jos-D., ministre de la
Colonisation et bras droit de Maurice Duplessis, assigne la tâche de démêler
tout ça. Alors pas le choix, avec son ami Gégé Godin – oui, ce Godin-là –,
Gingras prend la route de la Côte-Nord.
Un roman noir, donc ? Oui, mais le plus
coloré qui soit. Passant de la farce à la fresque historique, du drame familial
au vrai-faux portrait d'une classe politique, du picaresque au naturalisme,
Joël Bégin louvoie entre les genres et les époques pour composer la fantasmagorie
jubilatoire d'une Grande Noirceur à l'agonie.
Commentaires :
Quand on s’attend à lire un polar historique
ou, comme le propose entre autres l’éditeur, ou un roman noir et qu’on découvre,
au gré des chapitres, une fiction historico-fantastique ! En tout cas, on ne
peut blâmer l’auteur, un professeur de philosophie, d’avoir exploité au maximum
son imaginaire délirant et de s’en être donné à cœur joie pour exploiter au
maximum des qu’en-dira-t-on de l’histoire officielle. À partir du contexte
familial des Bégin – dont il est certainement un des descendants – dont est
issu l’illustre Joseph-Damase Bégin, politicien sans scrupules du gouvernement
Duplessis. En réunissant une brochette de personnalités dans des circonstances
improbables qui, à une époque plus contemporaine feront la une des actualités
politiques : Gérald Godin, Daniel Johnson, Pierre Laporte, Jean Lesage,
Alice Parizeau... et même Denis Vaugeois pour ne nommer que ceux-là.
Avec comme enquêteur un policier incompétent
mandaté par le pouvoir pour s’assurer que la vérité n’éclatera jamais au grand
jour. Car la vérité sur les circonstances entourant la mort du « cheuf »
de l’Union nationale n’est que « fake news » avant l’heure. Elle s’inscrit
dans la fin d’un règne de corruption associé à une version personnelle de l’auteur
de la « Grande Noirceur » et de manipulation des électeurs illustrée,
entre autres, par une guerre inusitée de croustilles à l’échelle du territoire
québécois.
Plessis nous entraîne dans
les corridors glauques du Parlement de Québec. Il nous fait voyager de la
Mauricie (rien à voir avec Maurice Le Noblet) à la Côte-Nord sous le contrôle
des grands « investisseurs » miniers de l’Iron Ore. Il nous fait
aussi découvrir l’histoire méconnue du trésor des Polonais caché dans le
Vieux-Québec. Et que dire de ces funérailles plutôt mouvementées, une occasion
idéale pour les partisans et les adversaires de se faire valoir.
Intéressante cette finale où le mort – vous n’imaginerez
jamais l’ambiance fantasmagorique du décès – réfléchit hypothétiquement sur son
héritage, sa descendance inexistante tant d’un point de vue personnel que
politique et sur sa pensée politique.
Un roman qui a reçu le prix Robert-Cliche 2022
du premier roman et aussi en lice pour le prix France-Québec.
Si vous êtes à la recherche de détails croustillants
sur les événements sur lesquels reposent de la trame de cette fantaisie romanesque, vous pourrez
vous amuser comme moi à tenter de faire la part du vrai et du faux
divertissant. Et risquer d’imaginer à votre tour des faits jamais avérés.
Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
****
Appréciation générale :
****
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