Roman noir
Résumé :
À la station de radio où Bill Tracy assure
une émission mélodramatique à épisodes, un assassinat a été commis : le
directeur a été tué dans son bureau par une personne déguisée en Père Noël.
L'incroyable, l'inattendu, l'inexplicable frappent Bill de stupeur. Car ce
crime, c'est lui qui l'a conçu! Il reconnaît clairement dans le meurtre une
scène de la nouvelle émission qu'il prépare en secret chez lui : TUER POUR
PASSER LE TEMPS. L'assassin a donc lu ses "scripts" ! Oui, et il le
prouve en mettant deux fois encore en pratique les scènes imaginées par
l'écrivain. C'est Tracy qui résoudra finalement l'énigme, par un coup de
théâtre rapide, qui emporte l'adhésion des policiers chargés de l'affaire. Ce
roman de Fredric BROWN, dont plusieurs autres textes ont été retenus par
"La Tour de Londres", se déroule dans l'amusant milieu de la radio
américaine, et dévoile en passant quelques-unes des méthodes invraisemblables
utilisées par elle pour retenir l'attention de ses auditeurs.
Commentaires :
Je me suis procuré sur le Web un exemplaire de
cette première édition en français du roman noir Murder Can Be Fun (Tuer pour
passer le temps) en juin 1950, réédité en 1980 et en 1983 aux Nouvelles
éditions Oswald (NéO) et en 1989 à l’Union Générale d'Éditions, collection
10/18. J’ai trouvé deux points d’intérêts dans l’acquisition et la lecture de
cet ouvrage : l’œuvre littéraire et les caractéristiques du contenant lui-même.
Fredric Brown est un auteur dont j’avais vaguement
entendu parler pour ses publications teintées d’humour et de macabre en
littérature de genre : 22 romans policiers et plus d’une centaine
de nouvelles et cinq romans de science-fiction. Dans cette courte fiction de
184 pages, l’auteur américain met en scène un journaliste raté et alcoolique,
Bill Tracy, auteur des scénarios d’un « radio-roman savon » quotidien
à succès, Les Millions de Millie,
dans le respect des exigences des publicitaires qui en financent la diffusion. Parallèlement,
ce dernier développe en secret des idées pour une autre série, Tuer pour passer le temps, reposant sur
des meurtres improbables qui inspirent un tueur en série au grand désarroi de
Tracy, celui-ci devenant rapidement pour la police un suspect idéal. Convaincu
que l’assassin a pu lire ses « scripts », il décide de mener sa
propre enquête.
Cette histoire avait été publiée en octobre
1942 sous forme de nouvelle dans le magazine Street & Smith Detective Story Magazine sous le titre The Santa Claus Murders.
Le récit qui se veut aussi une critique du
milieu des médias radiophoniques, des mœurs perverties des principaux acteurs
de l’industrie, des comédiens en quête de gloire et des journaux avides de sensations
fortes se lit agréablement. Certains critiques suggèrent que son créateur se
serait ironiquement « lui-même mis
en scène dans le rôle de l'auteur attaché à sa machine à écrire pour produire,
jour après jour, une prose digne des auditeurs des ‘’ soaps » de la radio
de la fin des années 1940 ».
Le rythme lent et le suspense quasi absent,
sauf peut-être en finale, caractérisent cette fiction bien campée dans le
contexte de l’époque. Certaines scènes seraient associées aujourd’hui à des actes
de harcèlement et dénoncées dans la foulée du mouvement #MeToo.
J’ai été surpris de l’insertion par le
traducteur à deux ou trois reprises de l’expression « Keksékça ? » dans une publication francophone européenne. Et
je n’ai noté qu’un seul extrait digne de mention :
« Il faisait sombre, et une petite pluie fine
et fraîche tombait inlassablement. Tracy, debout sur le pas de la porte d’entrée
de l’immeuble, regardait un réverbère que la brume entourait d’une auréole
parfaitement imméritée, car le réverbère en question n’était pas plus saint que
les autres. »
Voilà pour le contenu.
Cette édition est également intéressante puisqu’elle se présente sous forme d’un livre de format 17,5 x 13 cm à reliure cousue de six blocs de 32 pages (in-16 : feuille pliée quatre fois) collés ensemble au dos. Ce qui est plutôt rare, sinon inexistant, dans l’édition contemporaine.
Chaque bloc est d’ailleurs clairement identifié pour assurer l’intégrité
de la reliure.
Sur la couverture de première, la mention « Le livre plastic » fait référence à une invention en 1947 de l’imprimeur belge André Gérard, futur éditeur fondateur de Marabout : une couverture recouverte d'une surface en plastique lavable faisant entrer dans la modernité la production éditoriale. Ce dont bénéficiera la collection policière francophone La Tour de Londres créée à Bruxelles par l'éditeur anglais Nicholson & Watson. Elle a regroupé 55 romans écrits par des auteurs britanniques ou américains de différentes tendances du roman policier de l'époque (romans à énigme, romans noirs, romans d'espionnage, thrillers … publiés au rythme d’environ un volume par mois jusqu’en 1951. Tuer pour passer le temps en est de 51e titre.
Pour les amateurs de science-fiction, une de
ses nouvelles les plus connues, Arena,
a servi pour un épisode de la série Star
Trek.
On raconte que pendant toute sa vie, Fredric
Brown a été un auteur déçu:
«
Les lecteurs aiment mes romans, mais ne
savent toujours pas qui les écrit... »
Originalité/Choix du sujet : ****
Qualité littéraire : ***
Intrigue : ***
Psychologie des
personnages : ***
Intérêt/Émotion
ressentie : ***
Appréciation générale
: ***
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