L’équilibre (Cassie Bérard)

Cassie Bérard. – L’équilibre. – Montréal : La Mèche, 2021. – 277 pages.

 


Roman

 

 




Résumé :

Dans un futur rapproché, le Parti citoyen est élu sur la base d’une promesse: instaurer le régime de l’équilibre et révolutionner le système carcéral. Les dérives pénitentiaires ont pavé la voie à un nouveau modèle dans lequel les prisons sont désormais des unités individuelles logées sur le terrain de citoyens choisis au hasard.

Dix ans après la mise en place de ce système novateur, l’heure est à la réforme. Or le système semble craquer de partout et des évasions de prisonniers se multiplient.

Estelle est chargée d’enquêter sur certaines évasions récentes. Investie corps et âme dans son travail, alors même que sa partenaire de vie souffre d’un cancer avancé, elle tentera de dénouer les fils d’une fascinante intrigue qui tiendra le lecteur en haleine. Par quelles failles ces évasions se produisent-elles ?

 

 

Commentaires :

 

Les éditions La Mèche, membre du Groupe d’édition de la courte échelle, se spécialisent en littérature contemporaine et téméraire. En 2015, j’y avais découvert une nouvelle auteure, Catherine D’Anjou, avec son roman atypique et intrigant Le plan que j’avais beaucoup aimé. En 2021, il en est ainsi avec celui de Cassie Bérard que j’ai reçu en service de presse.

 

Original dans le sujet traité en espérant que jamais nous n’en arriverons à un tel régime carcéral systémique (car l’adjectif de l’heure s’applique sans conteste). Difficile de qualifier cette fiction de polar. Bien sûr il y a enquête policière qui m’a semblé secondaire. L’auteure intègre sa réflexion sur la punition comme action collective en répression du crime et la responsabilité citoyenne sur son application dans une panoplie de personnages dont les rôles ne sont pas toujours très bien définis.

 

Personnellement, j’ai été en déséquilibre tout au long de la lecture de cette histoire, à la recherche d’une explication rationnelle dont j’espérais être libéré en finale. Malheureusement, je suis resté sur ma faim : la psychologie du prisonnier narrateur en fuite avec l’adolescente qui disparaît sans laisser de traces, les explications incomplètes du professeur codétenteur d’une chaire de recherche en philosophie sociale, la raison d’être des ouvreurs, la réforme annoncée, l’enquêtrice dont le sort final est de déménager, les interrelations entre cette dernière et ses collègues.

 

Une des forces de ce roman est certainement sa structure qui nous fait alterner entre les perceptions des différents protagonistes : le prisonnier, le(s) geôlier(s), les policiers, les universitaires… Avec comme toile de fond la manipulation des citoyens à qui on fait miroiter qu’ils détiennent une part du pouvoir décisionnel et qui n’héritent que de la responsabilité, du devoir et de la culpabilité :

 

« Vous êtes responsables de vos prisonniers. Si vous les traitez mal, vous serez punis comme eux, emprisonnés comme eux. Et pendant que des comités-conseils sont formés magiquement pour occulter les problèmes, et pendant que des agences, des bureaux sont créés dans lesquels on a superposé toutes sortes de hiérarchies, pendant ce temps, sait-on qui est à la tête de ce pays ? On n’a jamais su qui nous gouvernait. On ne sait pas. »

 

En ce sens, L’équilibre de Cassie Bérard dont l’action se déroule dans la région montréalaise et en partie à Québec nous amène à poursuivre notre réflexion sur notre environnement politique ainsi que sur les problématiques régulièrement mises en évidences dans les médias.

 

Au risque d’être déstabilisés à votre tour, plongez dans ce quatrième roman après D’autres fantômes (2014), Qu’il est bon de se noyer (2016) et La valeur de l’inconnue (2019) de cette auteure originaire de Donnacona, professeure à l’Université du Québec à Montréal où elle enseigne les théories de la fiction et la création littéraire.

 

 

Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
****
Psychologie des personnages :
****
Intérêt/Émotion ressentie :
***
Appréciation générale :
****

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