Javier Cercas. – Terra Alta. – Arles : Actes Sud, 2021. – 307 pages.
Polar
Résumé :
Sur des
terres catalanes qui portent encore les stigmates de la bataille de l’Ebre,
Terra Alta est secouée par un affreux fait divers : on a retrouvé, sans
vie et déchiquetés, les corps des époux Adell, riches nonagénaires qui
emploient la plupart des habitants du coin. La petite commune abrite sans le
savoir un policier qui s’est montré héroïque lors des attentats islamistes de
Barcelone et Cambrils, et c’est lui, Melchor, qui va diriger l’enquête.
Laquelle
promet d’être ardue, sans traces d’effraction, sans indices probants. Or l’énigme
première — qui est l’assassin ? — va se doubler d’une question plus profonde :
qui est le policier ? Car avant d’être un mari et père comblé, coulant des
jours heureux dans cette paisible bourgade, le policier converti en justicier
obsessionnel fut un ancien repris de justice, élevé par une prostituée dans les
bas-fonds de Barcelone.
Mors qu’il
se pensait perdu par la rage et par la haine du monde, la lecture fortuite des Misérables de Victor Hugo est venue
exorciser ses démons et bouleverser son destin. Il aurait pu être Jean Valjean…
s’il ne s’émit changé en Javert. A Terra Alta, plus qu’ailleurs, bien des
secrets plongent leurs racines dans la guerre. Et, pour résoudre l’affaire qui
lui est confiée, Melchor doit avoir conscience que l’amour de la justice
absolue peut s’avérer la plus absolue des injustices.
Il va lui être donné de partager le dilemme
de Jean Valjean : « Rester dans le paradis et y devenir démon ! Rentrer
dans l’enfer et y devenir ange ! »
Commentaires :
Mon coup de cœur polar 2021. Un auteur
catalan que je découvre. J’ai dévoré cette histoire en quelques jours et j’ai
beaucoup aimé.
D’abord pour la qualité littéraire du texte et
pour la structure du récit qui nous fait alterner entre l’histoire personnelle
du personnage principal, Melchor Marín, policier au sein des Mossos d’Esquadra,
le corps de police de la Catalogne et le récit même de l’enquête. Aussi par l’intégration
de l’intrigue à des éléments historiques tels que les attentats de Barcelone et
de Cambrils (génial l’idée d’associer le policier à celui ou celle qui a abattu
les quatre terroristes), le référendum du premier octobre 2017 et la position
inconfortable des policiers catalans face à l’ordre de fermer les bureaux de
scrutins et aussi des impacts de la Guerre civile espagnole dans la région. De
nombreuses références catalanes qui me sont chères.
Aussi intéressant le parallèle avec l’enquêteur
Javert et Jean Valjean des Misérables
de Victor Hugor permettant de développer la psychologie de Melchor Marín et des
choix auxquels il est confronté.
Une histoire bien ficelée. Une enquête qui
piétine et qui entretient le suspense jusqu’à une chute finale spectaculaire.
Une histoire d’horreur comme les humains peuvent inventer, entraînés par la
folie collective doublée d’une omerta aux impacts insoupçonnés.
Une belle réflexion sur la justice absolue,
sur la dénonciation des coupables, sur la vengeance. En somme un drame que
Javier Cercas nous sert avec brio en s’immisçant dans le genre polar.
Terra Alta a reçu, en 2019, le prestigieux prix Planeta.
Une suite est à venir : Independancia, ramenant à Barcelone dans
un cas de chantage avec une vidéo de sexe du maire de la ville Melchor Marín,
qui continuera de regretter de ne pas avoir retrouvé les assassins de sa mère.
Toujours marqué par son sens de la justice et son intégrité morale. L’intrigue
qui se déroulera en 2025 le fera entrer dans des cercles de pouvoir où règnent
le cynisme, l’ambition et la corruption.
Javier
Cercas le fils d’un vétérinaire de campagne installé à Gérone en 1966 où il y
étudie chez les maristes. À quinze ans, il découvre Jorge Luis Borges qui va marquer
son œuvre. En 1985, il amorce des études en philologie espagnole à l’université
autonome de Barcelone où il obtient ses premiers diplômes et poursuit dans la
même spécialité à l’université de Barcelone jusqu’à l’obtention d’un doctorat. Après
ses études, il travaille deux ans à l’université de l’Illinois à
Urbana-Champaign. À ce jour, il a publié 11 romans, des chroniques, des
articles et des préfaces. Deux de ses fictions ont été adaptées au cinéma :
Soldados de Salamina (Les Soldats de
Salamine) – sur fond de Guerre civile espagnole – et À la
vitesse de la lumière (La velocidad
de la luz). Outre son travail de romancier, Javier Cercas est un
collaborateur régulier de l’édition catalane et du supplément dominical du
journal El País.
Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
*****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
*****
Appréciation générale :
*****
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