Henning
Mankell. – Les bottes suédoises. – Paris :
Éditions du Seuil, 2016. 353 pages.
Roman
Résumé : Fredrik Welin, médecin à la retraite, vit reclus sur
son île de la Baltique. Une nuit, une lumière aveuglante le tire du sommeil. Au
matin, la maison héritée de ses grands-parents n’est plus qu’une ruine fumante.
Réfugié
dans la vieille caravane de son jardin, il s’interroge : à soixante-dix
ans, seul, dépossédé de tout, a-t-il encore une raison de vivre?
Mais
c’est compter sans les révélations de sa fille Louise et, surtout, sans
l’apparition d’une femme, Lisa Modin, journaliste de la presse locale.
Tandis
que l’hiver prend possession de l’archipel, tout va basculer de façon
insensible jusqu’à l’inimaginable dénouement.
Commentaires : « Les
bottes suédoises brosse un portrait en
clair-obscur d’un homme tenaillé par le doute, le regret, la peur face à
l’ombre grandissante de la mort – mais aussi la soif d’amour et le désir –,
d’un être amené par ces circonstances à revisiter son destin et à reprendre
goût à la vie. Tel est l’ultime roman de Henning Mankell : une œuvre d’une
sobriété élégiaque et poignante, traversée et portée par la beauté
crépusculaire des paysages. »
Que
dire de plus, sinon que cet ouvrage tendre et touchant reflète l’humanisme
débordant qui a toujours caractérisé l’ensemble de l’œuvre de ce grand écrivain
suédois. Mettant en scène un homme en fin de vie, sa fille dont il ignore la
vie et une caravane délabrée comme simple logis, sur une île isolée dans un
bras de mer nordique. Une réflexion lucide sur le vieillissement, le temps, la
mort, la mémoire… au travers de l’existence de ce médecin retraité qui a perdu
tous ses biens matériels et ses souvenirs tangibles à la suite de l’incendie de
sa maison. Jugez-en par vous-mêmes par ces quelques extraits :
« Autrefois, j’étais un chirurgien respecté.
Je ne l’étais plus. J’étais un vieil homme dont la maison avait brûlé. »
« Quelqu’un qui a tout perdu n’a pas beaucoup
de temps. À moins que ce ne soit l’inverse. »
« J’étais un vieil homme qui avait peur de
mourir. Passer la frontière invisible – voilà ce qu’il me restait encore à
accomplir. Et je redoutais de franchir ce dernier pas. Je le redoutais bien
plus que je n’avais été prêt à l’admettre jusque-là. »
« J’ai toujours perçu le temps comme un
fardeau qui s’alourdissait avec les années, à croire que les minutes pouvaient
se mesurer en grammes et les semaines en kilos. »
« Vieillir, c’était perdre un peu d’énergie
chaque jour qui passait, jusqu’au moment où elle serait épuisée. »
« La proximité de la mort transforme le temps
en un élastique tendu dont on craint sans cesse qu’il se rompe. »
« En tant que médecin, j’avais eu l’occasion
de méditer tous les jours sur la brièveté de l’existence. À la différence d’un pasteur,
qui la mesure à l’aune de la vie éternelle, un médecin est confronté à ce
qu’elle signifie concrètement. Personne n’est prêt à mourir, pas même les
individus âgés, parfois très malades, pour qui l’on peut raisonnablement
attendre la fin d’un moment à l’autre. Ils affirment le contraire pour rassurer
leurs proches. Mais ce n’est pas la vérité. Dès que la porte de la chambre se
referme, le moribond cesse de sourire et d’agiter la main; et ce qui lui reste
alors, c’est l’effroi et un désespoir sans fond. »
Quelques
citations qui devraient vous donner le goût de vous imprégner de ce merveilleux
roman.
Ce que j’ai aimé : Tout.
Ce que j’ai moins aimé : Rien.
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