Eugen
Ovidiu Chirovici. – Jeux de miroirs.
– Paris : Pocket, 2017. 345 pages.
Thriller
Résumé : Cette fois, il tient peut-être un best-seller. Pour
Peter Katz, agent littéraire, le manuscrit qu’il reçoit a tout pour faire un
succès : l’assassinat à Princeton du professeur Wieder, star de la
psychologie cognitive, est un mystère vieux de trente ans… Le voilà raconté
noir sur blanc, de l’intérieur : jeux de pouvoir, triangle amoureux, tout
est là. Mais le texte s’arrête à la nuit du meurtre et son auteur vient de
mourir… Qu’à cela ne tienne, Katz embauche un journaliste d’investigation pour
écrire la suite du livre. De souvenirs en faux-semblants, celui-ci va se
retrouver pris au piège d’un maelström de fausses pistes.
Et
si la vérité n’était qu’une histoire parmi d’autres ?
Commentaires : Jeux de
miroirs, un thriller époustouflant, est
le premier roman de cet auteur roumain à être traduit en français et publié
dans plus de 38 pays. Un scénario original mené avec brio dans lequel Chirovici
s’amuse à brouiller les pistes. Accrocheur dès le début avec la reproduction du
manuscrit reçu par un agent littéraire et inspiré d’un drame réel et non
élucidé 30 ans plus tôt. Le texte d’un auteur qui a toujours souhaité devenir
écrivain et qui met la table au déroulement de l’intrigue qui nous tient en
haleine jusqu’à la dernière ligne.
Chirovici nous plonge dans plusieurs versions d’un même
récit. Celui de l’agent littéraire et les enquêtes menées par un journaliste et
par un policier à la retraite. Ce dernier aura le fin mot de cette histoire où
chaque personnage a sa propre version de l’affaire. Avec une écriture fluide et
efficace, l’auteur présente chaque hypothèse de solution qui se détruit au fur
et à mesure de l’avancement du récit. Celui-ci nous tient en haleine avec une panoplie
de personnages interpellés, aux points de vue aussi complémentaires que
contradictoires.
Jeux de miroirs est un véritable jeu de mémoire que seule la révélation
finale saura dénouer le drame. Son auteur soulève des questions quasi
existentielles. Dans la vie de tous les jours, qui ment ? Qui imagine ou fausse
la réalité ? Qui croit se souvenir ? Qui réinvente le passé ? Car, comme
l’affirme Chirovici : « La
littérature se nourrit d’imagination et de souvenirs – vrais ou faux ? » Une réflexion fascinante campée dans un récit
sans suspense haletant, mais qui alimente chez le lecteur un désir de connaître
la vérité présentée sous des apparences trompeuses et la manipulation des
informations.
En
somme, un excellent roman qui nous convie à réfléchir sur les attributs de la
mémoire à court, moyen et long terme qui pourrait se résumer par l’ultime
paragraphe de Jeux de miroirs : « Un
grand écrivain français a dit un jour que le souvenir des choses passées n’est
pas nécessairement le souvenir des choses telles qu’elles furent. Il avait
sûrement raison. »
Anecdote
racontée par l’auteur. – Ce roman avait été refusé par une dizaine d’agents
littéraires sans donner d’explication. Une réalité que vivent de nombreux
auteurs. Après l’avoir présenté à une petite maison d’édition qui n’avait
malheureusement pas les moyens de verser une avance et de le distribuer de
façon adéquate, Chirovici s’est laissé convaincre par cet éditeur de relancer
son manuscrit auprès d’autres agents littéraires. Deux jours après l’envoi,
entre autres chez Peters, Fraser & Dunlop pour qui le projet allait « faire un carton », le contrat était
signé : « L’édition est une
industrie hautement subjective, et beaucoup de grands romans ont d’abord été
rejetés. Même si les refus sont toujours difficiles à accepter, il faut s’accrocher
et continuer à essayer. »
Ce que j’ai aimé : L’originalité de l’histoire. La réflexion sur la
mémoire, cette faculté qui oublie peut-être volontairement. L’intérêt soutenu
du début à la fin. La psychologie des personnages. Le style fluide.
Ce que j’ai moins aimé : -
Cote
: ¶¶¶¶¶
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