Michel Rabagliati. – Paul à la maison. – Montréal : Éditions de la Pastèque, 2019. – 208 pages.
Bande dessinée
Résumé :
Paul a maintenant 51 ans. Depuis son divorce, il vit seul dans
sa maison d’Ahuntsic en compagnie de son chien. Avec le départ prochain de sa
fille pour Londres et sa mère qui se fait vieillissante, le temps semble
l’avoir rattrapé. Paul à la maison parle des nombreuses facettes du deuil, mais
aussi de ces petits riens extraordinaires qui forment la vie.
Commentaires :
J’ai relu ce neuvième tome de la série
mettant en vedette Paul Rafiorati avant d’assister à l’adaptation pour la scène
présentée par le théâtre LeTrident à la salle Octave-Crémazie du Grand-Théâtre
de Québec.
Michel Rabagliati utilise la métaphore du
pommier en train de mourir dans le jardin de Paul, que ce dernier devra se
résigner à abattre, pour répartir le scénario de son roman graphique en cinq
sections. Une image forte symbolisant les états d’âme de son personnage.
1.
Paul
rend visite à sa mère dans sa résidence pour personnes âgées (RPA). On découvre
aussi ses problèmes d’apnée du sommeil, de migraines, de relations tendues avec
son voisin italien et il apprend que sa fille Rose a décidé de partir pour
Londres.
2. Paul accompagne sa mère chez le médecin, revisite avec elle la ruelle de son enfance, nous accueille dans son atelier au sous-sol de sa maison, se fait greffer un implant dentaire, donne une conférence houleuse dans une polyvalente de Laval et apprend avec sa sœur que sa mère va bientôt mourir.
3. Paul consulte un site de rencontre à la recherche d’une âme sœur, et teste un appareil d’avancement mandibulaire pour cesser de ronfler.
4. Paul s’insurge contre l’omniprésence des téléphones cellulaires et se rend au Salon du livre de Montréal pour le lancement de son 7e album : « Paul au parc ».
5.
La
mère de Paul décède et Rose part pour Londres. L’album se termine sur une image
touchante de Paul marchant seul sous la neige, dans une rue de Montréal, son
chien Biscuit dans ses bras.
En épilogue, sur une note plus optimiste, Paul
accepte de son voisin italien un petit cerisier qu’il décide de planter à la
place du pommier qu’il avait dû faire abattre quelques mois plus tôt. Un
printemps fleuri s’annonce...
Comme dans les autres bandes dessinées de
Michel Rabagliati, celle-ci emprunte une approche semi-autobiographique et explore
des réalités de la vie quotidienne en abordant des thèmes à la fois personnels
et universels. Paul nous est présenté à un moment charnière de sa vie : il est
séparé de sa femme, en proie à des sentiments de dépression et confronté à la
maladie de sa mère. L’auteur explore les défis émotionnels auxquels fait face
son personnage tout en traitant avec sensibilité les phénomènes liés à la
dépression et aux relations familiales complexes :
·
La
solitude et l'isolement : Paul se retrouve seul, ce qui le force à faire face à
ses propres vulnérabilités avec un mélange de mélancolie et d’humour.
·
La
relation mère-fils : la détérioration de la santé de la mère de Paul est un
élément central de l’histoire. Elle reflète un processus de deuil anticipé, choc
émotionnel que Paul doit gérer bien malgré lui.
·
La
dépression et le vieillissement : dans cet opus, Michel Rabagliati aborde la
santé mentale de son personnage de manière touchante, sans tomber dans le
pathos.
Le style graphique de l’auteur est épuré et minimaliste,
ce qui contraste avec la profondeur émotionnelle du récit évoquée par des
éléments visuels simples. Avec une combinaison bien équilibrée de moments introspectifs
et de scènes plus dynamiques. Malgré une thématique sombre, Michel Rabagliati y
glisse néanmoins une touche d’humour et de légèreté qui caractérisent l’ensemble
de son œuvre, jonglant avec habileté entre des situations tragiques et anecdotes
comiques.
« Paul à la maison » est une œuvre qui m’a touché. Elle aborde des moments difficiles de la vie avec une grande sensibilité. Tout un défi pour Lorraine Côté, metteure en scène au théâtre Le Trident pour « transposer l’univers de ce héros du quotidien en empruntant les codes du théâtre d’ombres, du théâtre d’objets et du cinéma en direct, tout en laissant une place aux mythiques dessins de Michel Rabagliati ». Avec Hugues Frenette dans le rôle-titre.
* * * * *
Michel Rabagliati est né dans le quartier de Rosemont à Montréal. Il a œuvré dans le graphisme à partir de 1981 et s’est lancé dans l'illustration publicitaire et éditoriale à partir de 1988. Il a alors travaillé pour différents magazines de Montréal, de Toronto et des États-Unis. Il a publié sporadiquement des planches d'humour dans quelques fanzines québécois. C’est en 1998 qu’il crée son personnage Paul dans une BD publiée aux éditions de la Pastèque en français et Drawn and Quarterly en anglais. En 2019, « Paul à la maison » faisait partie de la sélection pour le Fauve d'or au Festival d'Angoulême.
En 2021, Michel Rabagliati a participé à la campagne « Écrire, ça libère ! » organisée par Amnesty International. Deux ans plus tard, l'organisme MU, un organisme de bienfaisance qui réalise des murales publiques à Montréal, lui rendait hommage avec une murale intitulée « Paul en appartement » au 4802, rue Saint-Denis. On lui décerna l'Ordre national du Québec la même année. En 2023, il a publié « Rose à l'île », une suite des Paul, mais sous un format différent, plus proche du roman illustré.
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Originalité/Choix du sujet : *****
Qualité graphique et littéraire : *****
Intrigue : *****
Psychologie des
personnages : *****
Intérêt/Émotion
ressentie : *****
Appréciation générale
: *****
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