Patrick Modiano. – Chevreuse. – Paris : Gallimard, 2021. – 166 pages.
Roman
Résumé :
Sur une cinquantaine d’années, Patrick
Modiano nous convie à une recherche dont la vallée de Chevreuse est la pierre
angulaire et ce, grâce à des signaux surgissant de la mémoire des personnages
hantant depuis l’enfance le protagoniste, Jean Bosmans. L'errance de ce
dernier, à travers les lieux et les années, toute « modianesque »,
faite de retours en arrière, de questionnements, le conduit en réponse à
l'écriture d'un roman.
Commentaires :
Vous me direz que vient faire cette œuvre romanesque
dans ce blogue littéraire « Avis de
lecture – Polars et romans noirs etc. » ? Les trois dernières lettres suivies
d’un point de son titre laisse grande ouverte la porte pour tout autre genre
littéraire comme ce fut le cas à quelques reprises depuis son lancement en
2017.
« Chevreuse »
ce « conte climatique, récit d’apprentissage [...] roman inquiet au cœur duquel vibre une peur d’enfant » comme le
qualifiait Nathalie Crom dans Télérama au moment de sa sortie a abouti par
hasard sur ma pile à lire. Une suggestion de ma conjointe : « Tu vas
aimer ».
J’en avais entendu parler dans une édition de
La Grande Librairie alors que
François Busnell avait accueilli son auteur en 2021. La thématique m’avait paru intéressante.
Quelques années plus tard, en tournant la dernière page de cet opus, j’ai bien
apprécié cette recherche du temps passé, du temps perdu, la fragrance des
madeleines en moins. Une réflexion profonde sur la mémoire, l’oubli et l'identité,
révélatrice des motivations à l’origine de la carrière d’écrivain de Patrick
Modiano avec lequel c’était mon premier rendez-vous de lecture. Même si j’ai parfois
été dérouté par la structure du récit.
Ce voyage du personnage principal dans les méandres de la mémoire et de l'identité au fil de ses pérégrinations et de ses rencontres pour reconstituer les fragments de son passé, hanté par des souvenirs flous et des personnages mystérieux et fugaces est fascinant. Il en résulte une atmosphère énigmatique. Les références aux lieux (la vallée de la Chevreuse, la maison du 38 rue Docteur-Kurzenne qui joue un rôle prépondérant, l’appartement d’Auteuil...), aux noms (Camille/Tête de mort, Michel de Gama/Degamat...) et aux événements revêtent une dimension surréaliste, rappelant la fragilité et la subjectivité de la mémoire.
Écrit avec des phrases simples, mais très évocatrices,
« Chevreuse » baigne dans une
atmosphère de mélancolie et de mystère truffée de rappels pour mieux fixer les
souvenirs parfois flous. À la limite du rêve éveillé. Une belle lecture.
Noté au passage :
« Vous croyez d'abord tomber sur des coïncidences,
mais, au bout de cinquante ans, vous avez une vue panoramique de votre vie. Et
vous vous dites que si vous creusiez en profondeur, comme les archéologues qui
finissent par faire apparaître au grand jour toute une ville enfouie et
l'enchevêtrement de ses rues, vous seriez étonné de découvrir des liens avec
des personnes dont vous n'aviez pas soupçonné l'existence ou que vous aviez
oubliées, un réseau autour de vous qui se développe à l'infini. »
« Quelqu'un avait écrit : ‘’ On est de son
enfance comme on est d'un pays ‘’, mais encore fallait-il préciser de quelle
enfance et de quel pays. »
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Originalité/Choix du sujet : *****
Qualité littéraire : *****
Intrigue : *****
Psychologie des
personnages : *****
Intérêt/Émotion
ressentie : *****
Appréciation générale
: *****
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