Vincent Quivy. – Ni pleurs ni pardon. – Paris : Éditions de l’observatoire, 2023. – 232 pages.
Roman
Résumé :
L'attente, quand on a 17 ans, brûle plus
encore que le soleil de Palma - mais attendre quoi ? Un signe de son père,
activiste en cavale, qui exige son silence pour échapper aux autorités? L'aide
d'une bande de déserteurs, menaçants et armés, qui défilent dans le salon
maternel ? Ou le retour de ce mystérieux agent du gouvernement promettant à
l'ado la liberté s'il livre son père ?...
Notre héros, lui, a d'autres préoccupations:
le surf, les cours, les filles... et ce garçon, Esteban, surgi dans sa vie
comme une déflagration. Quand ce nouvel ami lui propose de tout plaquer pour le
suivre, son destin bascule. Doit-il trahir son père et abandonner sa mère ?
Fuir sans se retourner vers la France et les vagues du Pays basque ?
Commentaires :
« Ni
pleurs ni pardon » est un roman émouvant avec son narrateur personnage
qui s’exprime à la deuxième personne du singulier et qui se pose en témoin des
événements. L’auteur y aborde des thèmes comme :
·
la
clandestinité,
·
le
renseignement,
·
l'activisme
politique,
·
l’amitié
et l’amour,
·
la
trahison,
· la liberté,
· l’emprise des liens familiaux
· les actions des parents sur la vie de leurs enfants.
Raconté dans un contexte de fuite en avant,
comme l’illustre bien la couverture de première, la cavale permanente du héros
qui court dans une « nuit sans fin »,
un adolescent à la recherche d’une vie normale, à la dérive jusqu’à la
cinquantaine. Intéressante cette référence à Jack Kerouac « qui a beaucoup traîné avant de se lancer »
… « une fuite lente et indifférente,
inexorable, sans fin ni but, dans un désert aride ».
Le récit est construit sur une enfilade de
chapitres qui s’enchaînent au rythme des anniversaires du personnage principal.
Il tient le lecteur en haleine jusqu'à la découverte de l’interlocuteur – le « tu »
intrigant, peu fréquent dans l’écriture romanesque – à qui s’adresse le protagoniste.
Le scénario s’insère dans un ensemble de faits et de personnages réels,
l’auteur étant lui-même journaliste et historien :
·
la
guerre d’Algérie,
·
la
tentative d’attentat contre de Gaulle,
·
la
Guerre civile espagnole,
·
le
franquisme,
·
la
chasse aux indépendantistes basques,
·
l’Organisation
armée secrète (OAS),
·
Lluís
Llach…
Avec comme résultat un roman très documenté
dans lequel se placent progressivement (voire lentement) les prémisses de ce
drame qui s’accélère jusqu’à une finale sur un ton d’espoir.
L’histoire du jeune héros coincé entre la
trahison de son père à l’égard de la nation et la survie face aux menaces de
mort et aux poursuites à travers l’Espagne et l’Amérique qui s’étale sur une
quarantaine d’années. Elle dégage une certaine forme de nostalgie envoûtante
avec un personnage en soif d’émancipation qui gagne rapidement la sympathie et
l’empathie du lecteur.
Ce récit est appuyé par une belle écriture parfois
mélancolique et un style fluide facile à lire. Comment rester insensible en
suivant le parcours de ce jeune homme « qui veut simplement être libre, libre de ses mouvements, de ses choix
et de ses opinions, qui veut se décharger de cet héritage encombrant »,
celui de son père. Et ne pas être touché par cette réflexion :
«
… on est des vagabonds et [on] est né pour courir ».
« Ni pleurs ni pardon » que j’ai
beaucoup aimé m’a aussi rappelé des lieux que j’ai visités : Valence, Barcelona,
Bayonne, Biarritz, Saint-Jean-Pied-de-Port… Le roman était en lice pour le Prix littéraire Québec-France Marie-Claire-Blais 2024-2025.
Vincent Quivy est journaliste et historien. Il est aussi l’auteur d’un roman policier, Brutal Beach : Avis de tempête sur Toulon et la côte (Wartberg, 2016) et de plusieurs essais : Les soldats perdus. Des anciens de l’OAS racontent (Seuil, 2003), Chers élus. Ce qu’ils gagnent vraiment (Seuil, 2010), La Justice sous Sarkozy (Seuil, 2012), Qui n'a pas tué John Kennedy ? (Seuil 2013), Jean-Louis Trintignant. L'inconformiste (Seuil, 2015), Alain Delon, ange et voyou (Seuil, 2017), Les 99 jours de Cohn-Bendit (L’archipel, 2018), Incroyables... mais faux ! Histoires de complots de JFK au Covid-19 (Seuil 2020), Nous, les enfants de 1967 (Wartberg, 2020), Nous, les enfants de 1991 : de la naissance à l'âge adulte (Wartberg, 2020) et Rue d'Aubagne, Marseille. Quand l'histoire d'une rue raconte la France (Du rocher, 2024)
Au Québec, vous pouvez commander votre
exemplaire sur le site leslibraires.ca et le récupérer auprès
de votre librairie indépendante.
Originalité/Choix du sujet : *****
Qualité littéraire : *****
Intrigue : *****
Psychologie des
personnages : *****
Intérêt/Émotion
ressentie : *****
Appréciation générale
: *****
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire