Sylvain Audet-Găinar. – Charivari à Bucarest. – Montréal : Robert Laffont Québec, 2024. – 366 pages.
Roman
Résumé :
Pendant les extravagantes funérailles de son
ami, Vasile se fait arrêter par la police et subit un AVC. Comme Vasile est
dans le coma, son gendre, Arthur, devra bien malgré lui mener une enquête pour
innocenter son beau-père. Ce ne sera pas de tout repos. Sa femme est partie à
l’étranger en lui laissant leurs trois jeunes marmots sur les bras, auxquels
s’ajoutent sans prévenir les quatre enfants de son ami, parti en voyage
d’affaires. Il pourra cependant compter sur l’aide d’une nounou, ex-champion du
lancer du marteau, et d’un détective privé des plus colorés.
Alors qu’Arthur doit faire face à toutes
sortes de situations plus invraisemblables les unes que les autres, il
découvrira tout un pan caché de l’histoire de la Roumanie des années 1950. Au
cœur de l’intrigue, des complots et des accusations de trafic de faux tableaux,
de drogues et de faux billets. Vasile est-il innocent? Sa fille Iulia, en
l’occurrence la femme d’Arthur, est-elle impliquée? À quoi rime cette
mascarade? La question se pose tout au long de ce récit rocambolesque.
Véritable antihéros, Arthur devra faire
contre mauvaise fortune bon cœur et tout faire pour découvrir la vérité dans ce
tissu de mensonges.
Commentaires :
Certains romans ne correspondent pas aux
attentes des lecteurs. Ici, non pas pour la qualité de l’écriture débordante d’ingéniosité
de cet auteur prolifique ni en raison de son imaginaire débridé. Mais davantage
par l’intérêt du récit et, dans mon cas, très certainement par une profonde ignorance
de l’histoire politique de la Roumanie, de ses institutions et des caractéristiques
socioculturelles sa population.
Dans cette fiction rocambolesque dans
laquelle les qualificatifs péjoratifs rabâchés – que je vous épargne – attribués
à certains personnages auxquels le narrateur est confronté ou qu’il rencontre
en cours « d’enquête » constituent une critique acerbe des
agissements délictueux de certains hauts placés et de simples citoyens
profiteurs du régime en place, comme en témoigne cet extrait, le début d’un
exposé fort éloquent :
« Comme dans tous les pays d'Europe de l'Est,
les communistes roumains ont en effet employé l'art, dès leur arrivée au
pouvoir, en guise d'arme idéologique, le soumettant totalement aux besoins de
la ligne politique du Parti. Pour ce faire, ils ont très vite créé un appareil
exclusif pour imposer à tous les artistes un modèle esthétique unique,
d'inspiration soviétique. » […]
« Que ce soit en peinture, sculpture,
littérature, cinéma, tous les artistes étaient tenus de participer activement à
cette sorte de « catéchisme communiste» devant formater les mentalités. Cela a
toutefois aussi impliqué une restructuration complète du milieu artistique, de
son fonctionnement et de ses institutions. Et surtout, en ce qui concerne votre
problématique, une disparition totale du réseau privé de vente d'œuvres d'art. »
[…]
Les
artistes vivaient « de l'argent de
l'État. Dès 1950, l'intégralité des commandes était ainsi gérée sur le plan national par l'Union
des artistes plasticiens, institution directement contrôlée par l'appareil de
propagande du Parti. Fin du marché libre, donc. Pour vivre, les artistes
devaient uniquement répondre aux exigences d'un État-Parti et plus du tout à
leur désir de création personnelle ou aux attentes d'un public. » […]
« À partir du milieu des années 1960, une
nouvelle période a néanmoins débuté dans l'art comme dans bien d'autres
domaines d'ailleurs, une ère faste et presque légendaire, tant les signaux
d'amélioration sociale ont alors pu donner aux Roumains l'impression d'une
certaine ‘’ normalisation ‘’. » […]
« …
la fameuse époque où Ceausescu a pu
paraître aux yeux du monde entier comme un heureux libérateur, un enfant de choeur
à côté de son prédécesseur, son indépendance à l'égard de l'URSS, sa
condamnation de l'invasion de la Tchécoslovaquie par le Pacte de Varsovie en
1968, la visite officielle du général de Gaulle la même année, et celle de
Richard Nixon en 1969... Autant de signaux d'ouverture et de liberté qui ont
effectivement marqué la mémoire collective. » …
Le roman joue également un rôle pédagogique
qu’il faut souligner.
D’autre part, on m’avait prédit un récit
hilarant : peut-être étais-je simplement peu réceptif à ce genre d’humour,
et confronté à des scènes moins comiques qu’annoncé.
Le rythme du récit est assez soutenu, mis en
pause à intervalle régulier par des transcriptions de déclarations, de
discours, de rapports, de notes, de télégrammes sous forme de textes dactylographiés
au moyen d’une machine à écrire aux marteaux désajustés et aux « é »
empâtés.
L’action prend un certain élan dans le quatrième quart. Bien que le roman ait été publié au Québec, le vocabulaire riche – il faut le souligner – et les expressions auxquelles recourt l’auteur dans la narration et dans les dialogues m’ont semblé s’adresser davantage à un public français.
Mon ressenti de lecture n’est surtout pas une
critique littéraire. À vous de vous faire votre propre opinion de cet auteur
que vous découvrirez peut être comme moi.
Né en 1980, Sylvain Audet-Găinar a fait des études de Lettres à Lyon, à Bucarest et à Strasbourg. Après avoir enseigné le français en Roumanie pendant de nombreuses années, il a traduit plusieurs polars roumains ainsi que l’essai historique Nadia Comăneci dans l’œil de la police secrète écrit par Stejărel Olaru et publié aux éditions Robert Laffont Québec en 2022. Charivari à Bucarest est son cinquième roman.
Merci aux éditions Robert Laffont Québec pour
le service de presse.
Au Québec, vous pouvez commander votre
exemplaire sur le site leslibraires.ca
et le récupérer auprès de votre librairie indépendante.
Originalité/Choix du sujet : ****
Qualité littéraire : *****
Intrigue : ***
Psychologie des
personnages : ****
Intérêt/Émotion
ressentie : **
Appréciation générale
: ***
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