Une nuit d’été à Littlebrook (Maureen Martineau)


Maureen Martineau. – Une nuit d’été à Littlebrook. – Montréal : Héliotrope, 2025. – 189 pages.

 

 

Roman noir

 

 

 

Résumé :

 

Après vingt ans d’absence, Aude Renaud retourne à Littlebrook, un coin reculé de la Montérégie tout près de la frontière américaine. Elle est là pour soutenir sa mère, la mairesse, alors qu’une pénurie d’eau fait monter les hostilités entre la mégaferme Zelter et le conseil municipal. Mais Aude s’est aussi donné une mission secrète : dénoncer les crimes de Rolf Zelter, celui qui l’a autrefois poussée à l’exil. À cette fin, elle donnera en pleine forêt un spectacle où elle a convié le village entier. Pour tendre ce piège, toutefois, elle aura besoin de l’aide d’Aksel, son ami d’enfance qui est aussi le fils de Rolf. Une alliance délicate et incertaine qui donne à son plan des airs de trahison.

 

Au moment où les spots s’allument dans la forêt, un orage se prépare, les esprits s’échauffent, la tension est à son comble. Alors se met en marche le train de la vengeance que personne ne parviendra à arrêter.

 

 

Commentaires :

 

Avec « Une nuit d’été à Littlebrook », Maureen Martineau propose un roman noir court (40 chapitres sur 185 pages), très dense, avare de descriptions inutiles, tendu et d’une efficacité remarquable. Fidèle à sa manière de faire émerger le suspense à partir de réalités sociales bien ancrées, elle transporte cette fois le lecteur au cœur d’une petite municipalité fictive de la Montérégie, théâtre d’une véritable guerre de l’eau. Très d’actualité avec les effets constatés des changements climatiques. Les conflits environnementaux, les jeux de pouvoir et les blessures intimes s’y entremêlent pour composer un récit à la fois politique, humain, écologique et... atmosphérique.

 

L’auteure construit une montée dramatique qui culmine dans une mise en scène théâtrale en pleine forêt – l’auteure étant elle-même une femme de théâtre –, au cours d’un été caniculaire, inspirée du Songe d’une nuit d’été qui, sous les feux des projecteurs et les orages menaçants, devient un moment de vérité, de trahisons et de confrontations émotionnelles. Un choix audacieux qui confère au roman une tonalité presque rituelle, où les masques tombent et où chacun se révèle. Elle va droit au cœur de ses thèmes, sans complaisance ni détour, et parvient à faire de la Montérégie rurale un véritable personnage, avec ses routes bordées d’érables, ses champs brûlés par la chaleur et ses tensions communautaires prêtes à éclater avec les conséquences des pénuries d'eau chez les éleveurs et l’assèchement des nappes phréatiques. Littlebrook devient un lieu à part, familier et inquiétant à la fois, où l’air semble chargé de secrets qui seront dévoilés dans une finale qui nous surprend.

 

Son personnage principal, Aude Renaud, est très crédible : déterminée, à la fois forte et fragile, vulnérable et habitée par les blessures du passé. Son retour au pays natal n’a rien d’un pèlerinage nostalgique ; c’est une confrontation, un combat, une libération. Sa quête de justice — ou de revanche — donne au roman une impulsion émotionnelle.

 

Ce roman est intéressant pour son regard lucide sur les conflits ruraux qu’il met en lumière, pour sa manière d’intégrer suspense, théâtre et critique sociale, pour la qualité d’écriture. Il s’inscrit parfaitement dans la philosophie de la collection Héliotrope Noir qui a pour objectif de tracer une carte du « territoire québécois dans lequel le crime se fait arpenteur-géomètre », jamais dissocié du contexte qui le rend possible.

 

Comme dans ses deux autres romans publiés chez Héliotrope – Une église pour les oiseaux (2015) et Zec La Croche (2020), que j’avais aimé, où il est aussi question d’écologie ou de vengeance –, Maureen Martineau exploite les caractéristiques de l’environnement où elle campe l’action. Ici la Montérégie, ses paysages, ses routes isolées, ses étendues champêtres, sa faune deviennent des personnages à part entière, contribuant à l’ambiance du roman.

 

Si vous appréciez les romans noirs ancrés dans des enjeux sociaux contemporains, servis par une écriture fluide et un sens du suspense, le polar rural très noir, « Une nuit d’été à Littlebrook », véritable drame shakespearien, répondra à vos attentes.

 

En passant, la mention de la maladie génétique rare des « ‘’ zoulous ‘’ de Huntington [à ne pas confondre avec la réelle municipalité de Huntingdon], des gens affectés du syndrome de Clouston qui les rendaient différents, physiquement » aurait mérité une explication vulgarisée en note au bas de page.

 

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Maureen Martineau vit à Tingwick, dans le Centre-du-Québec. Elle a été comédienne, metteure en scène et auteure dramatique au Théâtre Parminou durant une trentaine d’années. Son métier l’a menée en Amérique centrale, en Inde et en Afrique, où elle a collaboré avec l’ONG One Drop. Elle est l’auteure maintes fois primée de romans policiers et de romans noirs. Elle a collaboré à la scénarisation de séries télé, notamment « Détective Surprenant ». « Une nuit d’été à Littlebrook » est son huitième roman. Elle a aussi publié des nouvelles dans les recueils « Criminelles » (2021) avec Ariane Gélinas et « Noires saisons » (2024) avec Ariane Gélinas, Corinne Jaquet et Michèle Pedinielli.

 

Je tiens à remercier les éditions Héliotrope pour l’envoi du service de presse.

 

Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire du livre via la plateforme leslibraires.ca et le récupérer à la librairie indépendante de votre choix.

 

 

Évaluation :

Pour comprendre les critères pris en compte, il est possible de se référer au menu du site [https://bit.ly/4gFMJHV], qui met l’accent sur les aspects clés du genre littéraire.

 

Intrigue et suspense :

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Originalité :

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Personnages :

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Ambiance et contexte :

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Rythme narratif :

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Cohérence de l'intrigue :

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Style d’écriture :

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Impact émotionnel :

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Développement de la thématique :

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Finale :

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Évaluation globale :

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