Isabelle Lafortune. – Terminal Grand Nord. – Montréal : XYZ, 2019. – 348 pages.
Polar
Résumé :
Avril 2012. Les corps de Natasha et de sa
soeur Gina sont retrouvés aux abords d’un sentier de motoneige de
Schefferville. L’inspecteur Émile Morin, dépêché sur place par un gouvernement
qui craint le scandale, a beau fouiller, personne ne se rappelle avoir croisé
les deux jeunes Innues originaires de Maliotenam, quelques centaines de
kilomètres plus au sud.
Devant une situation où s’entremêlent des
réalités culturelles, sociales et politiques complexes, se frayer un chemin
vers la vérité n’est pas chose simple. L’inspecteur emmène donc avec lui son
bon ami l’écrivain Giovanni Celani, un habitué de la région, pour l’aider à
naviguer dans le climat de tension de cet ancien eldorado minier.
Leurs théories seront constamment ébranlées
par les phrases cryptiques de Sam, un Innu de la réserve voisine, philosophe à
ses heures et gardien des secrets de chacun. Alors qu’émergent regrets et
demi-vérités, l’inspecteur Morin devra trouver à qui s’allier pour empêcher que
l’horreur ne se répète.
Commentaires :
Voici la première enquête (publiée) du « célèbre enquêteur » Émile Morin,
directeur des enquêtes criminelles à la Sûreté du Québec et secondé par un
civil, son bon ami l’écrivain Giovanni Celani, « Prix du Gouverneur général », tous deux amateurs d’échecs et de
bons vins, les Château Léoville Las Cases et Château Margaux, pour ne nommer
que ceux-là.
Dans Terminal
Grand Nord, l’auteure montréalaise Isabelle Lafortune, diplômée de l’Université
du Québec à Montréal (UQÀM) en études littéraires, nous entraîne dans le nord
du Québec, entre Sept-Îles et Shefferville où, depuis son premier séjour dans
cette ville nordique elle savait qu’elle écrirait un roman qui s’y déroulerait.
L’action se situe dans un environnement aux
antipodes de celui du sud où se côtoient des populations innues vivant sur
leurs terres ancestrales partagées entre réserves autochtones et villes
construites par les Blancs qui s’y sont établis pour y travailler dans l’exploitation
minière.
Dans un contexte social, économique et
judiciaire où les violences physiques, les meurtres, l’alcoolisme, les suicides,
les drogues, la prostitution… font partie de l’ordre des choses.
Particulièrement en ce qui a trait aux nombreux cas de femmes malmenées et
vulnérables laissées sans « système
de justice adéquat » et sans « services pour qu’elles ne soient plus seules et qu’elles puissent se
sentir en sécurité ».
Terminal Grand Nord est un roman bien
construit. L’intrigue se développe au gré du déroulement de l’enquête. Le
lecteur chemine au gré de la quête de la vérité et des déductions du policier
enquêteur. Les commentaires du narrateur écrivain « Johnny » Giovanni
Celani – alter ego évident d’Isabelle
Lafortune – procure un ressenti de la
rudesse du climat et de la vie nordique. Inspirée de faits relatés entre autres
en Abitibi dans les médias sur les relations malsaines entre certains éléments des
forces de l’ordre en territoire des Premières Nations avec des femmes
autochtones, cette sombre histoire est concentrée sur à peine six jours et met
en évidence les tensions sociopolitiques québécoises que nous raconte Isabelle
Lafortune est plus vraie que vraie.
Difficile de prendre une pause de lecture
jusqu’à la conclusion annoncée par un revirement de situation imprévisible et
un rythme accéléré des événements. À noter les citations de Nicolas Machiavel
en début de plusieurs chapitres, l’auteur fétiche d’un des personnages dont la
personnalité de « philosophe de
brousse » se dévoile au gré du récit.
Normal que cette fiction ait reçu le Prix
Jacques-Mayer du premier polar remis en 2019 par la Société du roman policier
de Saint-Pacôme et qu’elle ait été finaliste aux Grands Prix du livre de la
Montérégie – Prix Arlette-Cousture en 2020.
Un excellent polar qui aurait pu s’intituler « Le piège des monstres », aux dires
de Giovanni Celani.
Aussi, en terminant ma lecture, j’avais hâte
de m’attaquer au deuxième tome d’une série qui s’amorce.
Merci aux éditions XYZ pour le service de
presse.
Originalité/Choix du sujet : *****
Qualité littéraire : *****
Intrigue : *****
Psychologie des
personnages : *****
Intérêt/Émotion
ressentie : *****
Appréciation générale
: *****
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