Laurent
Chabin. – Apportez-moi la tête de Lara
Crevier. – Montréal : Libre Expression, 2014. – 330 pages.
Polar/Roman
noir
Résumé : Montréal. Le corps d’une jeune femme est découvert,
nu et décapité, dans un immeuble décati de la rue Saint-Antoine. Qui est-elle?
Si son identification se révèle délicate, celle de son assassin se heurte à des
difficultés autrement plus complexes. Pour le lieutenant-détective Donnola,
cette exécution monstrueuse ne correspond à aucune catégorie connue.
Le
lieutenant, hanté par un douloureux passé, croisera un étudiant, Chris Dausty,
anarchiste et ami singulier de la victime, qui lui aussi mène son enquête. Mais
ils errent tous les deux dans le mystère le plus total tandis que les auteurs
de cette obscène machination savourent leur triomphe en toute impunité.
Commentaires : À juste titre, comme on peut le lire sur la
couverture de quatrième, ce polar, à la fois classique et déviant, est indéniablement
« une charge violente contre l’ordre,
contre la police, contre l’État et ses chiens ». Et après l’avoir lu,
on comprend mieux la dédicace de l’auteur : « … le début d’une saga sur le mensonge, la liberté et l’anarchie… »
Laurent
Chabin nous convie à une réflexion sur l’identité, sur fond de discours
anarchiste et libertaire. Pour appuyer sa « thèse », il rappelle à
notre mémoire de Québécois le soulèvement étudiant de 2012 (printemps érable),
un coup d’épée dans l’eau ! Il fait aussi la référence à l’utilisation de la
violence policière extrême comme dans le cas de l’arrestation brutale d’un
citoyen montréalais qui jouait de la guitare en buvant de la bière sur le
trottoir d’un quartier populaire de Montréal (affaire Matricule 728 - un clin d’œil
en faisant intervenir une policière dénommée Louvette Ratel). Et cette
référence au peuple québécois longtemps considéré comme un mouton qui se
laissait et qui se laisse encore tondre sans réagir !
Écrit
dans une langue simple et accessible qui mélange le français international (l’auteur
est originaire du centre de la France) et le français québécois (l’auteur
réside maintenant à Montréal), Apportez-moi
la tête de Lara Crevier risque de vous envoûter par ses incursions dans un
univers macabre et de sexualité morbide. Donnola et Dausty nous dévoilent, en
alternance, leurs états d’âme tout en relatant les péripéties de leurs enquêtes
respectives sur les lieux du crime, dans les bars et les salons de massages environnants.
Le tout entrecoupé des réflexions personnelles (dont,entre autres, sur la
soumission et la domination) de Laura Crevier, la jeune universitaire prise de
passion pour l’art et la littérature, en quête de réappropriation de sa vie de
femme à libérer des tentacules omniprésents d’un système immuable. Avec,
évidemment comme dans tout bon polar, une finale imprévisible, qui explique
tout.
En
tournant la dernière page de cet excellent roman, je n’ai pu m’empêcher d’oser
parallèle entre Laura Crevier, le personnage et Laurent Chabin, l’auteur : même constat de société contrôlante,
même combat de libération ?
Ce que j’ai aimé : La psychologie de chacun des personnages et l’intégration
de cette fiction dans les bas-fonds de Montréal où se côtoient misère humaine,
exploitation des démunis. Les réflexions sur la liberté. Le policier condamné à
poursuivre le menu fretin alors que ceux qui exercent le pouvoir s’en tirent
toujours avec les honneurs de leur statut social.
Ce que je n’ai pas aimé : -
Cote
: ¶¶¶¶
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