Un homme de parole (Lee Child)


Lee Child. – Un homme de parole. – Paris : Calmann-Lévy, 2023. – 401 pages.

 

Thriller

 

 

 

 

Résumé :

 

Dans une ville à l’est du Mississippi, Jack Reacher remarque qu’un voyou tente de dévaliser un homme ayant sur lui une grosse somme d’argent. Il s’interpose et apprend que la victime s’apprête à rendre cet argent à la mafia albanaise à laquelle il l’a emprunté pour payer les soins de sa fille, atteinte d’un cancer. L’homme est terrorisé, et Reacher décide de prendre sa place pour la transaction.

 

Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il va avoir affaire à un autre usurier, membre cette fois de la mafia ukrainienne concurrente. Il se retrouve ainsi mêlé à la lutte à mort que se livrent les deux gangs qui, eux, ne savent pas qui est Reacher, ni qu’il vaut mieux ne pas se frotter à lui.

 

Aidé par deux musiciens, un ancien marine et une serveuse de bar étrangement bien informée, Reacher compte bien ramener la paix en ville.

 

 

Commentaires :

 

Si vous êtes aficionado des aventures de Jack Reacher, justicier nomade implacable imaginé par Lee Child, « Un homme de parole » ne vous décevra pas. Ce 27e tome de la série – le 24e traduit en français – reproduit la même recette qui a fait ses preuves. Le héros arrive en car dans une nouvelle ville. Il est rapidement confronté à des agissements abusifs et attentatoires. Extrêmement intelligent, avec un esprit analytique et une capacité à déduire rapidement les motivations et les actions des autres, il est en mesure d’anticiper les mouvements de ses adversaires, peu importe leur nombre, et de résoudre à lui seul des énigmes complexes avant de poursuive son périple inéluctable aux quatre coins des États-Unis.

 

 

Pour celles et ceux qui découvriraient sur le tard l’œuvre de Lee Child, celui-ci a créé un personnage hors du commun. Jack Reacher, ancien major dans la police militaire de l'armée des États-Unis, est imposant, mesurant environ 1,96 mètre et pesant entre 100 et113 kg. Sa carrure est athlétique, avec des épaules larges et une musculature bien développée. Cheveux foncés et yeux bleus, souvent décrits comme perçants ou intenses :

 

« Même regard. Fixe, serein, amusé, menaçant, fou. »

 

Visage dur et anguleux, avec une mâchoire carrée, « un grand type laid » comme le qualifie son créateur, reflétant une expression impassible ou stoïque et une attitude calme et contrôlée lorsqu’il affronte ses adversaires. Difficile de l’associer aux deux acteurs qui le personnifient au cinéma (Tom Cruise) et dans la télésérie (Alan Ritchson) :

 


Un des traits les plus marquants de Reacher est son sens aigu de l’honneur et de la justice. Il intervient toujours pour protéger les innocents et punir les coupables, même si cela signifie mettre sa propre vie en danger. Solitaire par nature. Il voyage sans attache, sans domicile fixe, et vit de peu. Cette indépendance lui permet de rester imprévisible et difficile à traquer.

 

Et que dire des capacités mentales de calculs du héros et de la précision de son horloge interne :

 

« Il faudrait peut-être quarante secondes au portier pour passer le coup de fil, ou envoyer un SMS et recevoir la réponse, puis pour se préparer, prendre une profonde inspiration, et sortir. »

 

Bien qu'il puisse sembler froid et détaché, le héros de Lee Child montre des moments de compassion et d'empathie envers ceux dont il prend la défense. Son passé militaire lui sert dans l’action. Pragmatique et réaliste, il évalue les situations sans se laisser distraire par des illusions ou des sentiments inutiles, ne reculant devant rien pour atteindre ses objectifs en utilisant tous les moyens nécessaires. Ses poings, mais, plus particulièrement dans cet épisode, une surutilisation d’armes. Avec comme résultat, un nombre impressionnant de cadavres abandonnés ou cachés dans le coffre de voitures. Le justicier s’assurant d’une position stable pour atteindre à coup sûr chacune de ses cibles, comme dans cet exemple :

 

« Reacher se plaça deux mètres et demi derrière. Les fesses sur le béton. La jambe gauche repliée, la droite aussi, mais avec le mollet à plat sur le sol, comme un triangle pointant vers l'extérieur, le talon de la botte calé contre la fesse. Le coude gauche appuyé sur le genou gauche, et la main gauche soutenant l'avant-bras droit tendu. Dans l'ensemble, il ressemblait à une structure géodésique humaine, muscles contractés. »

 

Dans « Un homme de parole », « quelqu'un qui tient ses promesses et défend ce qui est juste, même au péril de sa propre sécurité », Lee Child continue de développer la complexité du personnage de Reacher qui, somme toute, reste fidèle à lui-même.

 

Comme dans ses romans précédents, l’auteur excelle dans les scénarios très étudiés des scènes d'action bien maîtrisées, avec un sens du rythme et un style d'écriture direct et percutant qui maintiennent le lecteur en haleine. Il utilise des phrases courtes et un langage simple, ce qui rend la lecture fluide et rapide. Les descriptions de lieux sont suffisamment détaillées pour immerger le lecteur dans l'action, sans alourdir le récit, comme dans ces deux exemples :

 

« Au début, ils sentirent sous leurs pieds un gazon dru et souple, peut-être une nouvelle variété hybride, glissant et froid à cause de l'humidité de la nuit. Puis vint une zone qui craquait sous les pieds, une sorte d'ardoise ou de schiste concassé, peut-être une allée, ou un paillis, et au-delà une bordure de petits épineux ou de conifères au pied de la façade, qui égratignaient avec de bruyants crissements les sacs d'épicerie quand ils les frôlaient. Vint ensuite la partie de clôture qui faisait office de portail et, à en juger par l'état de la pelouse, dont on se servait au moins une fois tous les quinze jours, tout au long de la saison. Malgré cela, la charnière était grippée et bruyante. À un moment donné, quand ils l'ouvrirent, elle émit une sorte de grincement à mi-chemin entre le glapissement et l'aboiement, le hurlement et le gémissement. »

 

« Paysage urbain standard. Sur la gauche, un immeuble de deux étages à la façade en briques, aux fenêtres poussiéreuses et aux portes vétustes. Puis un trottoir en briques, à bordure en pierre, une chaussée en bitume, et un trottoir en briques à bordure en pierre. Sur la droite, un immeuble de deux étages à la façade en briques, aux fenêtres poussiéreuses et aux portes vétustes. Rien de plus haut qu'une borne à incendie, de plus large qu'un lampadaire pour se cacher. »

 

J’ai rigolé à la lecture de la scène loufoque (page 276 et suivantes) des Albanais qui s’entretuent dans leur QG, au fond d’une scierie. Et celles des réflexions complotistes du chef du groupe ukrainien sur l’implication des Russes dans l’éradication du contrôle de la ville.

 

J’ai appris un nouveau mot à glisser dans une conversation – « rédhibitoire » et, comme à mon habitude, aussi noté ces quelques passages :

 

« Il hocha la tête, remonta son pantalon, tira sur sa veste. Tout ce que font les vieux quand ils s’apprêtent à descendre d’un car. »

 

« De chaque côté de la chaussée s’étendaient des champs saupoudrés du vert pâle du printemps. »

 

« Il jouait des reprises de blues dans un style jazz des années cinquante. Sons de guitare doux et ronds, pas trop forts, sons graves boisés de basse, balai glissant subtilement sur la caisse claire. [...] Une serveuse passa, assortie à la musique des années cinquante. Menue et garçonne, peut-être fin de la vingtaine, soignée et mince, tout en noir, cheveux bruns courts, yeux vifs et sourire timide, mais contagieux. Elle aurait pu jouer dans un vieux film en noir et blanc avec du jazz en bande-son. »

 

« Je n’ai jamais vu un gangster pauvre. »

 

« Un homme de parole » ayant été traduit en France, le texte est ponctué « forcément » de multiples « du coup ». J’ai aussi relevé quelques coquilles !


* * * * *

 

Lee Child, de son vrai nom James Dover Grant, est un écrivain et scénariste originaire de Coventry en Angleterre. Il a fait des études de droit à Sheffield et a à la chaîne de télévision Granada Television à Manchester. Il vit actuellement à New York. À partir de 1997, il publie la série de thrillers mettant en vedette Jack Reacher. Ses ouvrages deviennent rapidement des succès de librairie. Avec ses 100 millions de livres déjà vendus, Lee Child  est un des auteurs les plus lus dans le monde. Il a reçu de nombreuses récompenses, dont, entre autres le  Prix Anthony 1998 du meilleur premier roman pour « Killing Floor » (« Du fond de l'abîme »).

 

Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire sur le site leslibraires.ca et le récupérer auprès de votre librairie indépendante.

 

 

Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue :  *****

Psychologie des personnages :  ****

Intérêt/Émotion ressentie : ****

Appréciation générale : ****



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire