La proie des flammes (Kim St-Pierre)


Kim St-Pierre. – La proie des flammes – Une enquête de Léa Beaumont T.02. – Saint-Bruno : Goélette Éditions, 2024. – 223 pages.

 

 

Polar

 

 

Résumé :

 

De retour au travail après un repos forcé, Léa Beaumont prend en charge une affaire qui semble à première vue banale. Paul Valois, un fonctionnaire retraité est retrouvé mort chez lui, poignardé. Ce dernier ayant accumulé des dettes de jeu, un règlement de compte est rapidement évoqué. Cependant, l’enquête prend un détour inattendu lorsque l’ADN d’une enfant disparue 17 ans auparavant est retrouvé sur la scène du crime.

 

Léa doit rouvrir une affaire non résolue : un tragique incendie, dans lequel les membres d’une famille sans histoire ont péri, à l’exception de la petite Laurie Anderson, 5 ans. Qu’est devenue la fillette durant toutes ces années ? S’est-elle vraiment retrouvée chez Valois dans les jours précédant le meurtre ? Qu’est-il vraiment arrivé à la famille Anderson ? Tandis que les énigmes et les suspects se multiplient, l’assassin continue de faire des victimes…

 

 

Commentaires :

 

« La proie des flammes – Une enquête de Léa Beaumont », le deuxième roman de Kim St-Pierre est un polar que je qualifierais de classique du genre. Avec son enquêtrice – il fait du bien de suivre les aventures d’une femme policière – aux crimes majeurs du Service de police de la ville de Montréal (SPVM). Sa supérieure immédiate, aussi une femme – Élise Dagenais et son équipe qui m’ont semblé (c’est un ressenti de lecteur) peu expérimentés dans l’action. J’ai aussi trouvé excessives les interrelations humaines et amoureuses entre les membres complices de ce groupe de policiers.

 

Le personnage principal doit lutter contre des problèmes personnels, une caractéristique des héros imaginés par plusieurs auteur.es de cette littérature de genre. Léa Beaumont souffre de stress post-traumatique, conséquence d’une enquête précédente. D’ailleurs, l’auteure fait référence à plusieurs reprises aux événements qui sont à l’origine des problèmes psychologiques de l’enquêtrice. Pour qui, comme moi, n’a pas lu le premier tome (« Comme une ombre ») de ce qui deviendra une trilogie – la finale de « La proie des flammes » est probante –, j’ai dû me contenter de consulter sur Internet le synopsis pour tenter d’y déceler peu d’indices :

 

« L’enquêtrice Léa Beaumont est dépêchée sur une scène de crime pour le meurtre sordide d’une jeune femme. Le corps a été abandonné sur le mont Royal et comporte plusieurs marques qui laissent croire à une mort atroce. Dans les jours qui suivent, deux autres cadavres sont retrouvés dans des conditions similaires. Léa doit arrêter le tueur en série qui rôde dans les rues de Montréal avant qu’il ne prenne plus de vies. Quels sombres motifs poussent ce sadique personnage à s’en prendre à des femmes innocentes ? Pour résoudre cette affaire, l’enquêtrice et son équipe reçoivent l’aide de Jules Trépanier, un profileur de renom. Ensemble, ils se lancent dans une chasse à l’homme intense, qui fait remonter à la surface des souvenirs que Léa croyait pourtant enfouis depuis longtemps. »

 

L’enquête progresse lentement sur une affaire criminelle somme toute bien imaginée. Quoique, dans son traitement, certains raccourcis nous laissent pantois. Trois exemples :

 

La scène dans le bureau du psychologue Nadeau où, à la page 11, Léa Beaumont déclare :

 

« – Docteur, je me demandais... Est-ce que nous aurons encore besoin de plusieurs séances? Je crois avoir beaucoup progressé, et j'ai hâte de reprendre le travail à temps plein et de me tourner vers l'avenir. J'en ai assez des tâches administratives et de seulement donner de simples coups de main à mes collègues. Je me sens prête »

 

Et le psychologue de répliquer :

 

« – Chaque chose en son temps, Léa, chaque chose en son temps. Vous progressez bien, je suis d'accord, mais vous avez encore beaucoup de symptômes de stress post-traumatique, tels que des flashbacks et des cauchemars. »

 

Quelques lignes plus bas, l’enquêtrice est déclarée « apte à retourner au travail.

 

Ou ce portrait-robot d’une personne suspecte qui n’est jamais présenté à des témoins !

 

Aussi, la séquence du troisième assassinat en présence des forces de l’ordre qui n’a paru peu crédible.

  

Kim St-Pierre utilise la technique d’intégration du point de vue de l’assassin réparti tout au long du récit, comme c’est aussi souvent le cas dans l’écriture de romans policiers plus récents. Par contre, dès la première intervention de cette « personne mystère », j’ai soupçonné son identité par un détail grammatical.

 

L’auteure, qui a intégré dans son récit les codes de l'intrigue policière,

emploie un style d’écriture direct, fluide et suggestif particulièrement dans certains passages plus difficiles. Sans longues descriptions de lieux et de personnages, elle accorde cette priorité dans ses créations littéraires :  

 

« Quand j'écris, j'essaie de faire ressortir ce qu'il y a de pire chez l'être humain, mais aussi ce qu'il y a de plus beau. »

 

Considérant la thématique de « La proie des flammes », Kim St-Pierre a également senti le besoin d’intégrer avant l’épilogue ce plaidoyer en faveur des victimes d’agressions sexuelles :

 

Elles « ne devraient jamais sentir qu'on ne les croit pas ou, pire, qu'on pense qu'elles ont une part de responsabilité dans ce qui leur est arrivé. Je suis empathique et j'écoute avec bienveillance parce que je sais tellement ce qu'elles ont vécu. Je sais à quel point c'est dur de raconter en détail ce qu'on a enduré pendant l'agression. »

 

Une mention spéciale pour l’illustration de la couverture de première, une œuvre picturale du graphiste Matthieu Fortin de Boucherville qui a su traduire la tristesse dans le regard de la jeune fille. Une image qui résume le drame qu’a imaginé Kim St-Pierre.

 

* * * * *

 

Je profite de l’énoncé de mes commentaires sur ce roman pour attirer l’attention sur deux questions existentielles que j’aurais pu soulever dans des avis de lecture précédents :

 

La première, à la lecture de ce passage :

 

« Elle s'arrête à la salle de pause pour se verser une tasse de cette boisson infecte que les autres employés qualifient de café. Pour la jeune femme, un café, c'est un espresso ou un latté. Pas cette eau de vaisselle fade et imbuvable ! »

 

À quand une machine à café digne de ce nom dans les bureaux de nos enquêteurs québécois ?

 

La deuxième :  

 

À quand un colloque réunissant les auteur,es de polars québécois et les membres du personnel enquêteur fruit de leur imagination qui œuvrent simultanément dans les mêmes unités de la Sûreté du Québec et des différents services de police afin que ces derniers puissent constater qu’ils appartiennent aux mêmes organisations ? Et devraient tous se connaître !

 

* * * * *

 

Kim St-Pierre est originaire de Saint-Pascal dans le  Bas-Saint-Laurent. Copropriétaire avec son conjoint du Bar Le Kaboulo dans son village natal,  elle a rédigé son premier roman, un polar, lorsqu'elle était en congé de maternité durant la pandémie. La Kamouraskoise agit comme administratrice du plus grand groupe de lecture de genre sur Facebook et livre une chronique littéraire aux trois semaines sur les ondes de CHOX-FM 97. Elle souhaite se lancer dans d’autres projets littéraires dans les genres romans historiques ou d’horreur.

 

Merci aux à Goélette Éditions pour le service de presse.

 

Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire sur le site leslibraires.ca et le récupérer auprès de votre librairie indépendante.

 

 

Originalité/Choix du sujet : ****

Qualité littéraire : ****

Intrigue :  ****

Psychologie des personnages :  ***

Intérêt/Émotion ressentie : ****

Appréciation générale : ****


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