Marta Orriols. – Apprendre à parler avec les plantes. – Paris : Éditiomns du Seuil, 2020. – 254 pages.
Roman
Résumé :
À 42 ans, Paula Cid mène une vie ordinaire à
Barcelone. Passionnée par son travail en néonatalogie et immergée dans la
routine de la vie de couple, elle ne voit pas la catastrophe arriver : après
quinze ans de vie commune, son compagnon la quitte pour une autre. Et quand il
meurt dans un accident de vélo quelques heures plus tard, sa vie bascule.
Meurtrie, elle ne sait plus ce qu’elle est en
droit de ressentir. À la douleur de la perte viennent s’ajouter la rancoeur, le
sentiment d’abandon et la jalousie. Est-ce trahir la mémoire du défunt que
d’entamer une nouvelle relation ou prend-elle sa revanche sur celui qui l’a
trompée ?
Une année durant, elle observe les mouvements
de son âme bouleversée, avec lucidité et auto-dérision, entre crises de larmes
et fous rires inattendus. Et peu à peu la peine se mue en tendresse, tandis que
les plantes de la terrasse redeviennent aussi luxuriantes que la vie qu’elle se
promet d’avoir.
Commentaires :
« Deux minutes, sept secondes et quelques
dixièmes instables. On oublie un manteau et la tragédie n'en devient que plus
excessive, titanesque, et d'un coup la démesure n'a plus à voir avec le choc de
l'accident, ni même avec la mort en soit. On oublie un manteau et la démesure
consiste alors à ne pas avoir été là pour l'accompagner, pour le calmer. Je
n'étais pas là pour le prendre dans mes bras, pour lui pardonner. » Ce
paragraphe à la page 83 résume bien les états d’âme et les réflexions de cette
femme, néonatologue en deuil d’un conjoint décédé dans un accident de la route le
jour même où il lui annonce qu’il la quitte.
Avec une
écriture qui plonge le lecteur dans la tourmente qui assaille son héroïne
narratrice dans sa quête de survivre, Marta Orriols a su traduire les méandres
du deuil, de la peine, de la rage d’avoir été trompée, des écarys entre la tristesse
le l’euphorie, des relations avec son père, ses collègues et amis. Tous
malhabiles à lui apporter confort et soutien. Jusqu’à trouver dans les plantes la
voie de sortie, celle de survivre. L’autrice nous fait alors naviguer dans le
passé et le présent de cette passionnée qui, au quotidien, elle-même sans enfant,
se consacre à ses petits patients nés dans des conditions difficiles qu'elle s’emploie
à sauver.
Au passage, deux
réflexions sur la mort : « Lorsque
la mort cesse de toucher uniquement les autres, il faut veiller à lui faire une
place de l'autre côté de la barrière, car sinon elle occuperait tout l'espace
avec une totale liberté. Mourir n'a rien de métaphysique. Mourir est physique,
tangible et réel. » (p. 14) Et : « La
mort répare ce qui n e peut l'être, elle est irrévocable, elle fausse sans
exception tout ce qu'elle touche. » (p. 33)
Un roman d’ambiance,
une autrice catalane à découvrir.
Originalité/Choix du sujet : *****
Qualité littéraire : *****
Intrigue : ****
Psychologie des
personnages : *****
Intérêt/Émotion
ressentie : ****
Appréciation générale
: ****
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