Chester
Brown – Vingt-trois prostituées. – Paris :
Cornélius, 2012. – 280 pages.
Bande
dessinée
Résumé : Au terme de sa rupture avec Sook-Yin Lee, Chester
Brown décide qu’il ne veut plus de petite amie. Trois ans d’abstinence plus
tard, il décide de sauter le pas et de fréquenter les prostituées. Ce livre
évoque chacune des vingt-trois filles (vingt-quatre en réalité) avec lesquelles
l’auteur a entretenu des relations sexuelles tarifées entre 1999 et 2010.
Souvent drôle, toujours lucide, ce journal de bord d’un micheton offre un
tableau saisissant de la prostitution contemporaine, que le talent de son
auteur exempte de tout voyeurisme ou sensationnalisme.
Commentaires : Chester Brown est bédéiste étonnant. Ici, il nous
livre ses réflexions sur la décriminalisation d’un métier qu’il considère comme
normal et qui ne doit pas être régulé. Au gré de ses rendez-vous, comme il les
appelle – in-call et out-call –, au fil des ans, il en profite pour réfuter les
arguments classiques anti-prostitution, fondés sur la morale religieuse qu’il
considère comme rétrograde. Et, comme dans les autres composantes de son œuvre littéraire,
le tout est très documenté : témoignages de travailleuses du sexe et de
spécialistes complétés par une bibliographie thématique. Les scènes ponctuelles
de discussions entre Chester Brown et ses amis aussi dessinateurs, Seth et Joe
Matt, permettent à l’auteur de confronter ses opinions libertaires et,
conséquemment, de préciser le fond de sa pensée sur la monogamie et le
romantisme.
Après
287 pages de planches à huit cases en noir et blanc, ce roman graphique est
complété par 22 appendices, presque autant que le nombre de prostituées fréquentées,
permettent à l’auteur d’étayer son opinion sur un certain nombre de questions :
la normalité de la prostitution, les droits sexuels, l’influence de l’argent, l’estime
de soi, la violence, le proxénétisme, l’exploitation et la commercialisation du
sexe, le mariage, le racolage… en sont quelques exemples.
On
peut être ou non d’accord avec l’argumentaire de cet auteur talentueux et
érudit, il n’en reste pas moins que Vingt-trois
prostituées (Paying for it, dans sa
version originale anglaise), une
bande dessinée autobiographique non complaisante possède un caractère social
qui oblige le lecteur à se positionner face à l’hypocrisie de nos sociétés
contemporaines.
Ce que j’ai aimé : Une certaine pudeur et le respect de l’anonymat
des principales intéressées. La franchise et l’honnêteté de l’auteur dans ses
propos. La simplicité du dessin mettant en évidence les dialogues.
Ce que je n’ai pas aimé : -
Cote
: ¶¶¶
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