Péril sur le fleuve (Daniel Lessard)

Daniel Lessard. – Péril sur le fleuve. – Montréal : Éditions Pierre Tisseyre, 2017. 224 pages.


Thriller politique et écologique :







Résumé : Mai 2018. A l’Anse-aux-Sarcelles, entre Berthier-sur-Mer et Montmagny, le Saint-Laurent de lumière matinale. Sur sa bicyclette, la biologiste Amélie Breton file vers la rive pour commencer sa journée. La découverte qu’elle est sur le point d’y faire va plonger le Québec dans une des pires crises politiques de son histoire…

Commentaires : Voici un thriller qui correspond bien à cette littérature de genre. Une histoire bien ficelée, crédible au point où on a l’impression qu’un film se déroule sous nos yeux, un bon suspense avec une finale imprévisible. Un scénario catastrophe qui met en scène des politiciens peu enclins à la protection de l’environnement, des biologistes engagés et frustrés de l’inaction gouvernementale, confrontés à des gouvernements improvisateurs au cœur de luttes de pouvoirs (le Québec face à Ottawa, Ottawa face à Washington); avec l’apparition d’une nouvelle menace terroriste, le terrorisme écologique, la cellule Sauvons le Saint-Laurent. Un groupe québécois d’influence djihadiste, dont l’action est inspiré du FLQ des années 70, et prêt à tout : attentats, communiqués, menaces, utilisation des médias, arraisonnement d’un super pétrolier immobilisé face à un lieu imaginaire, le village de l’Anse-aux-Sarcelles, entre Montmagny et Berthier-sur-Mer, avec comme objectif de le faire sauter sous le pont de Québec.

Tous les ingrédients sont présents pour confronter préoccupations environnementales, politiques et liées à la sécurité nationale. Un récit qui met en avant-scène deux personnages féminins sur qui repose le déroulement dramatique des événements : une biologiste résidente des lieux et une journaliste de Radio-Canada qui, grâce à ses sources qu’elle tient à protéger, permet de suivre, d’heure en heure, le drame. Après tout, l’auteur est un ex-journaliste de la société d’État qui connaît bien les l’envers du décor ainsi que du milieu politique.

Il est aussi intéressant de constater que, dans deux thrillers/polars écologiques québécois publiés à quelques mois d’intervalle, les auteurs projettent les événements dans un futur plus ou moins rapproché en campant leurs récits sur les rives du Saint-Laurent : une voie fluviale de plus en plus affectée par les activités humaines, tant côtières et que maritimes.

C’était aussi le cas dans Sans terre, de Marie-Ève Sévigny, que j’ai lu il y a quelques mois. Ce polar où s’entremêle le controversé futur pipeline transportant le pétrole de l’Ouest canadien vers les Maritimes et la corruption qui entoure un tel projet. Alors que les événements se déroulent en 2010, il est difficile de ne pas faire le lien avec le projet d’Énergie Est. Une autre illustration que la littérature policière et les thrillers sont un véhicule idéal pour porter un regard critique sur la société et sur le monde politico-économique qui dirige les sociétés modernes. Tant dans Péril sur le fleuve que dans Sans terres, certains personnages fictifs que mettent en scène les deux auteurs peuvent facilement être associés à certains qui dirigent actuellement les destinées du Québec (et du Canada).

Ce que j’ai aimé : Les préoccupations environnementales, les manipulations politiques, les relations tendues entre Québec et Ottawa, les Américains qui ont toujours la solution, peu importent les dommages collatéraux et le réalisme indéniable du récit qui se déroule demain, en 2018.

Ce que je n’ai pas aimé : -


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