L’homme de l’ombre T.1 Québec, 1770 (Laurent Turcot)

Laurent Turcot. – L’homme de l’ombre T.1 Québec, 1770. – Montréal : Hurtubise, 2018. 326 pages.

  

Roman historique

 

 

 
Résumé : Québec, 17 février 1770. Il fait plus froid que froid. Un mort gît dans la côte de la Montagne, la gorge tranchée. Pierre Dubois, un Français arrivé depuis peu en ville, est un des premiers à voir le corps. Suspecté, il décide de mener une enquête pour découvrir l’auteur du crime. Au cœur du régime britannique, il évolue dans un monde où l’armée est omniprésente. Son ami, Peter O’Sullivan, un Irlandais de la Royal Artillery, va l’aider dans ses recherches — tout comme Madelon, prostituée, qui n’attend plus rien de la vie et qui trouve en Dubois une oreille attentive. Les indices s’accumulent, comme les obstacles. S’agirait-il d’un complot ?

Dubois rencontre toute une galerie de personnages : un curé, une maquerelle, des francs-maçons, un marchand et un juge en chef. Tous veulent connaître la vérité… mais quelle vérité ?

Commentaires : Voici le premier roman de Laurent Turcot, professeur en histoire à l’Université du Québec à Trois-Rivières, titulaire de la Chaire de recherche en histoire des loisirs et des divertissements. Une fiction qui a pour but de « vulgariser l’histoire et de rendre utile et agréable la culture historique ». Un premier tome qui annonce une « suite » qui aura pour cadre l’invasion de 1775 publiée en mars 2019.

Le résultat est intéressant. Dès les premiers chapitres, le lecteur est plongé dans l’ambiance hivernale de Québec tombée dix ans plus tôt aux mains des Anglais, sous la domination de l’armée des conquérants. Les descriptions de la ville et de ses habitants sont fort réalistes, entre la haute ville bourgeoise, le port et ses tripots et maisons closes, le quartier pauvre de Saint-Roch et la banlieue hors murs. Avec des personnages bien campés et attachants. Une intrigue qui alimente un certain suspense. Une vision noire de l’époque du début du régime anglais.

Au passage, l’auteur incruste des commentaires qu’on sent parfois personnels, par exemple quand il fait dire à son héros, combattant déchu de la bataille des Plaines d’Abraham : « Un jour, nous nous déferons de ce joug pernicieux de l’armée britannique et nous saurons nous affranchir pour n’exister que par nous-mêmes… »

L’ouvrage est aussi didactique. On le sent tout au long du récit. L’insertion de certains faits historiques semble parfois un peu trop évidente. Mais on ne saurait en tenir rigueur puisque ce genre romanesque a sa raison d’être : il permet aux générations actuelles de se connecter avec leur passé pour mieux comprendre la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui et l’apport de nos ancêtres sur ce que nous sommes devenus.

Une lecture agréable, des dialogues bien concoctés, une belle intégration de personnages réels de l’époque (Carleton, Montcalm, Aubert de Gaspé, pour ne nommer que ceux-là), avec en prime une énigme à la Vigenère.

Ce que j’ai aimé : La géographie du récit au cœur de la vieille ville de Québec avec ses références actuelles.

Ce que j’ai moins aimé : Les éléments à caractère didactique plus ou moins bien intégrés, parfois artificiels.

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