Roman
historique
Résumé : Québec, 17 février 1770. Il fait plus froid que froid.
Un mort gît dans la côte de la Montagne, la gorge tranchée. Pierre Dubois, un
Français arrivé depuis peu en ville, est un des premiers à voir le corps.
Suspecté, il décide de mener une enquête pour découvrir l’auteur du crime. Au cœur
du régime britannique, il évolue dans un monde où l’armée est omniprésente. Son
ami, Peter O’Sullivan, un Irlandais de la Royal Artillery, va l’aider dans ses
recherches — tout comme Madelon, prostituée, qui n’attend plus rien de la vie
et qui trouve en Dubois une oreille attentive. Les indices s’accumulent, comme
les obstacles. S’agirait-il d’un complot ?
Dubois
rencontre toute une galerie de personnages : un curé, une maquerelle, des
francs-maçons, un marchand et un juge en chef. Tous veulent connaître la
vérité… mais quelle vérité ?
Commentaires : Voici le premier roman de Laurent Turcot, professeur
en histoire à l’Université du Québec à Trois-Rivières, titulaire de la Chaire
de recherche en histoire des loisirs et des divertissements. Une fiction qui a
pour but de « vulgariser l’histoire et de rendre utile et agréable la
culture historique ». Un premier tome qui annonce une « suite »
qui aura pour cadre l’invasion de 1775 publiée en mars 2019.
Le
résultat est intéressant. Dès les premiers chapitres, le lecteur est plongé
dans l’ambiance hivernale de Québec tombée dix ans plus tôt aux mains des Anglais,
sous la domination de l’armée des conquérants. Les descriptions de la ville et
de ses habitants sont fort réalistes, entre la haute ville bourgeoise, le port
et ses tripots et maisons closes, le quartier pauvre de Saint-Roch et la
banlieue hors murs. Avec des personnages bien campés et attachants. Une
intrigue qui alimente un certain suspense. Une vision noire de l’époque du
début du régime anglais.
Au
passage, l’auteur incruste des commentaires qu’on sent parfois personnels, par
exemple quand il fait dire à son héros, combattant déchu de la bataille des
Plaines d’Abraham : « Un jour,
nous nous déferons de ce joug pernicieux de l’armée britannique et nous saurons
nous affranchir pour n’exister que par nous-mêmes… »
L’ouvrage
est aussi didactique. On le sent tout au long du récit. L’insertion de certains
faits historiques semble parfois un peu trop évidente. Mais on ne saurait en
tenir rigueur puisque ce genre romanesque a sa raison d’être : il permet
aux générations actuelles de se connecter avec leur passé pour mieux comprendre
la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui et l’apport de nos ancêtres
sur ce que nous sommes devenus.
Une
lecture agréable, des dialogues bien concoctés, une belle intégration de
personnages réels de l’époque (Carleton, Montcalm, Aubert de Gaspé, pour ne
nommer que ceux-là), avec en prime une énigme à la Vigenère.
Ce que j’ai aimé : La géographie du récit au cœur de la vieille ville de
Québec avec ses références actuelles.
Ce que j’ai moins aimé : Les éléments à caractère didactique plus ou
moins bien intégrés, parfois artificiels.
Cote
: ¶¶¶¶
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