Roman
Résumé : 911. Oskar Johansson a 23 ans. Dynamiteur, il
participe au percement d’un tunnel ferroviaire et manipule des explosifs pour
fragmenter la roche. Mutilé à la suite d'un grave accident du travail, il
reprendra pourtant son ancien métier, se mariera, aura trois enfants, adhérera
aux idéaux socialistes puis communistes. Au soir de sa vie, il partagera son
temps entre la ville et un cabanon de fortune sur une île aux confins de
l’archipel suédois.
Un
mystérieux narrateur recueille la parole de cet homme de peu de mots, qui aura
vécu en lisière de la grande histoire, à laquelle il aura pourtant contribué, à
sa manière humble et digne.
Ce
premier roman de Henning Mankell, écrit à 25 ans, et inédit en France à ce
jour, se veut un hommage vibrant à la classe ouvrière, à ces millions
d’anonymes qui ont bâti le modèle suédois. Par son dépouillement, sa beauté
austère, son émotion pudique, Le Dynamiteur contient en germe toute l’œuvre à
venir de Mankell, sa tonalité solitaire, discrète, marquée à la fois par une
mélancolie profonde et une confiance inébranlable dans l’individu.
Commentaires : Dans sa première œuvre de fiction, Henning Mankell
annonce ses couleurs de romancier : engagement politique et social et
portrait de la société suédoise en évolution. Le dynamiteur est le précurseur d’une œuvre littéraire centrée sur
la condition humaine. Caractéristique qu’on retrouve aussi dans ses polars nordiques.
En
un peu plus de 200 pages, Mankell amène le lecteur à découvrir un personnage
attachant, sensible, blessé dans son corps et dans son âme. Jusqu’à s’y
identifier. Un récit sensible où s’entremêlent les commentaires du narrateur tout
au long de la rude vie du personnage résilient d’Oskar Johansson. Lui qui rêve
de justice sociale, de lutter contre le capitalisme sauvage qui écrase le petit
peuple. À ce titre, le chapitre intitulé L’affiche
(La pyramide du système capitaliste
qu’on peut visualiser sur Internet) illustre les préoccupations politiques du
personnage et certainement celles de l’auteur.
Oskar
rêve : le socialisme est la solution. Il est en partie déçu : « La déchéance la plus honteuse des
sociaux-démocrates est d’avoir transformé le socialisme en une sorte
d’organisation de fonctionnaires inutiles qui se sucrent sur le dos des
travailleurs. Cette organisation a une entrée et une sortie, mais entre les
deux on ne sait pas ce qu’il y a. » Ses réflexions sur la solitude
(page 201) sont aussi très éloquentes.
Malgré
sa condition modeste, Oskar aime la lecture, mais pas n’importe quel type de
littérature. Mankell y glisse sa propre vision qui le motivera dans sa propre
écriture : « J’ai lu les livres
de Moberg (Vilhelm Moberg (1898-1973) écrivain rattaché au courant du roman
prolétarien, connu surtout pour La Saga des émigrants).. Ils sont bien. C’est comme des livres d’histoire, mais plus
passionnant. On est captivés. Ceux dont il parle n’ont rien d’extraordinaire.
Ils sont comme tout le monde. Mais on voit tout ce qu’ils ont dû traverser. Il
faudrait écrire plus de livres comme ça. Les gens ont été réduits à murmurer
pendant des siècles, mais ce sont quand même eux qui ont pris les coups et ont
été battus. Il faudrait écrire davantage sur ce que les gens n’ont pu que
murmurer. »
Le dynamiteur est un roman émouvant, comme le seront L’homme inquiet (le dernier de la série
Wallander), Les bottes suédoises ou Sable mouvant : Fragments de ma vie.
Un
style déroutant, des propos dérangeants, un humanisme fondé sur des valeurs
progressistes sans tomber dans le pathétisme.
Évidemment,
un incontournable.
Ce que j’ai aimé : Puiser à la source de l’œuvre littéraire de Mankell.
Ce que j’ai moins aimé : -
Cote
: ¶¶¶¶¶
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