Leonardo
Padura. – Adios Hemingway. – Paris : Éditions
Métailié - Points, 2005. – 183 pages.
Genre littéraire : Polar
Résumé : Dans le jardin de la maison musée
d'Ernest Hemingway, on déterre un cadavre portant l'insigne du FBI.
Ce cher
Ernest serait-il l'assassin ? Pas facile d'enquêter après tant d'années,
surtout sur un écrivain de cette stature, qui vous inspire des sentiments
ambigus d'admiration et de haine. Mario Conde, l'ancien flic, prend son courage
à deux mains et exhume le souvenir de ce monstre sacré, généreux, odieux,
inoubliable.
Commentaires : Cette enquête de l’ex-policier Mario
Conde, l’alter ego de Leonardo Padura nous plonge dans l’univers et la fin de
vie de l’écrivain Ernest Hemingway dont il est un admirateur inconditionnel. À
noter que ce roman a été écrit à la suite d’une commande de l’éditeur brésilien
de Padura l’invitant à participer à la série « La littérature ou la mort ».
Padura décrit
ainsi Adios Hemingway dont l’intrigue
repose sur les événements qui se seraient déroulés dans la longe nuit du 2 au 3
octobre 1958 : « …ce n'est qu'un
roman et de nombreux événements qui y figurent, même s'ils sont tirés de la
réalité la plus avérée et respectent strictement la chronologie, sont passés à
travers le filtre de la fiction et s'y sont mêlés, à tel point qu'aujourd'hui
encore, je suis incapable de délimiter les frontières des deux univers. […]
De sorte que le Hemingway de ce livre est
bien évidemment un Hemingway de fiction, car l'histoire où il se voit entraîné
n'est que le fruit de mon imagination… »
L’exercice
romanesque est parfaitement réussi. En moins de 200 pages, nous accompagnons le
géant de la littérature américaine dans son environnement, sa maison devenue musée
à La Havane que Padura nous fait visiter, à la recherche d’un indice. Une
maison en ordre comme l’a laissée l’écrivain au lendemain de son départ vers
les États-Unis. Deux ans avant son suicide. On y imagine, entre autres, ses
trophées de chasse et sa collection d’armes, sa machine à écrire avec laquelle
il écrivait, paraît-il debout à cause d’une blessure, une affichette intrigante
sur laquelle on peut lire que « les
visiteurs non invités ne seront pas reçus », les notes relatives à l’évolution
du poids de l’écrivain inscrites sur la cloison de sa salle de bains… Autant de
détails et bien d’autres qui rendent vivants les protagonistes de cette
histoire bien ficelée.
Un excellent
Padura avec des réflexions sur la politique, la littérature, la société cubaine
et le quotidien à La Havane et un Mario Conde à l’esprit aussi tordu que dans
ses autres aventures.
Ce que j’ai aimé : Les ambiances créées par l’auteur.
Les détails sur la vie d’Hemingway. Les descriptions des lieux et l’intrigue
qui débouche sur la solution de l’énigme vers la toute fin.
Ce que j’ai moins aimé : -
Cote : ¶¶¶¶
Padura peu à peu découvert. Cuba sans manichéisme mais sans complaisance. Avec rhum entre amis. Les régimes coulent sur la peau des peuples ! Le polar ici comme le révélateur de réalités obscures. Padura, si j'osais : comme un demi frère insulaire de Paco Ignacio Taibo II ? Subtil, drôle et mélancolique...
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