Milo Manara | Umberto Eco. – Le nom de la rose – Livre premier. – Grenoble : Glénat, 2023. – 72 pages.
Polar médiéval - Bande dessinée
Résumé :
En 1327, des bandes d'hérétiques rebelles à toute
autorité sillonnent les royaumes chrétiens et font à leur insu le jeu des
pouvoirs. Parvenu à une abbaye entre Provence et Ligurie, l'ex-inquisiteur
Guillaume de Baskerville, accompagné de son secrétaire, est prié par l'abbé
d'élucider la mort d'un moine. En sept jours, au rythme des heures canoniales,
adviennent crimes, stupre, vice et hérésie.
Commentaires :
J’avais lu dans les années 1980 la version
littéraire de Le Nom de la rose, ce grand roman policier de Umberto
Eco dont la conclusion de l’enquête ne se dégage que dans un ultime
rebondissement. Un polar qui faisait le lien avec les cours d’histoire du
Moyen-Âge qu’animaient avec brio à l’Université Laval alors que j’étudiais en
histoire le médiéviste et spécialiste de la méthode historique, André Ségal, un
professeur d’origine belge qui maîtrisait l’art de communiquer ses
connaissances et sa passion pour cette période de l’humanité.
Le Nom de la rose sous forme de bande
dessinée donne le goût de se replonger dans la nouvelle édition augmentée
incluant croquis et notes préparatoires de Umberto Eco pour marquer le 40e
anniversaire de ce livre culte dont la conclusion de l’enquête ne se dégage que
dans un ultime rebondissement.
C’est à la demande des héritiers de l’universitaire,
érudit et écrivain italien reconnu pour ses nombreux essais sur la sémiotique,
l’esthétique médiévale, la communication de masse, la linguistique, la
philosophie et sa production romanesque que le maître de la bande dessinée
érotique, Milo Manara, a accepté de relever le défi d’adapter et de mettre en
images ce chef-d’œuvre vendu à plusieurs millions d'exemplaires et traduit en
43 langues.
Ayant eu carte blanche, Milo Manara, dès les
trois premières pages, met en scène Umberto Eco lui-même s’adressant aux
lectrices et aux lecteurs pour raconter l’origine et le contexte du roman.
Avant de passer la parole à Adso de Melk, le secrétaire du héros enquêteur,
l’ex-inquisiteur Guillaume de Baskerville, qui amorce le récit.
Manara a dessiné l’ensemble de l’œuvre au
lavis en noir et blanc, la mise en couleurs ayant été réalisée par sa fille
Simona sous sa supervision. S’y dégagent les ambiances froides des extérieurs
hivernaux, la chaleur des entrailles de l’abbaye, le mystère des délires et des
hallucinations d’Adso, la relation des événements passés, les enluminures
inspirées des tableaux du peintre néerlandais Hieronymus Bosch. Le tout contribuant
à créer une atmosphère à la fois sobre et ténébreuse assorti de scènes où
l'Inquisition torture des hérétiques ayant succombé à la luxure et pimenté de
scènes érotiques associant les femmes à la cause de la perdition des hommes.
La représentation aérienne de l’abbaye et celles
de son église, de ses cuisines, de son scriptorium, de sa porcherie, de son
laboratoire et de sa bibliothèque labyrinthe, la plus importante de l’Occident,
m’ont rappelé la palette graphique des Cités
obscures de François Schuiten. Quant à la narration de ce récit réparti sur
à peine 64 pages, elle nous accroche dès les premiers phylactères et nous tient
en haleine, nous prenant à la fois comme témoin, voire comme complice des
événements tragiques dans un climat d’omerta où chaque frère bénédictin est
suspect.
Premier tome de deux volumes, Le Nom de la rose – Livre premier est un
bijou de bande dessinée. En annexe, l’éditeur a joint les recherches graphiques
de Milo Manara. On y retrouve les esquisses des différents personnages, dont
entre autres celle de Guillaume de Baskerville aux traits empruntés à l’acteur
américain Marlon Brando, et de certaines scènes.
Vivement le livre second, même si je connais
la clé qui mettra fin aux mystérieux assassinats.
Merci aux éditions Glénat pour le service de
presse.
Au Québec, vous pouvez commander et récupérer
votre exemplaire auprès de votre librairie indépendante sur le site leslibraires.ca.
Originalité/Choix du sujet : *****
Intrigue : *****
Intérêt/Émotion
ressentie : *****
Appréciation générale
: *****
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