Les Âmes grises (Philippe Claudel)

Philippe Claudel. – Les Âmes grises (Trilogie de l’homme devant la guerre). – Paris : Livre de poche, 2015. pp. 19-258.

 

Polar

 

 

Résumé : Une jeune enfant est retrouvée morte, assassinée sur les berges engourdies par le gel d’un petit cours d’eau. Nous sommes en hiver 1917.

C’est la Grande Guerre. La boucherie méthodique. On ne la voit jamais mais elle est là, comme un monstre caché. Que l’on tue des fillettes, ou que des hommes meurent par milliers, il n’est rien de plus tragiquement humain.

Qui a tué Belle de Jour ? Le procureur, solitaire et glacé, le petit Breton déserteur, ou un maraudeur de passage ?

Des années plus tard, le policier qui a mené l’enquête, raconte toutes ces vies interrompues: Belle de jour, Lysia l’institutrice, le médecin des pauvres mort de faim, le calvaire du petit Breton... Il écrit avec maladresse, peur et respect. Lui aussi a son secret.

Les âmes grises sont les personnages de ce roman, tout à la fois grands et méprisables. Des personnages d’une intensité douloureuse dans une société qui bascule, avec ses connivences de classe, ses lâchetés et ses hontes.

La frontière entre le Bien et le Mal est au cœur de ce livre d’une tension dramatique qui saisit le lecteur dès les premières pages et ne faiblit jamais. Jusqu’à la dernière ligne.

Commentaires : Les Âmes grises, un polar humaniste et singulier de l’auteur prolifique qu’est Philippe Claudel dans lequel une brochette de personnages (le procureur, le juge, le père, l'institutrice, les militaires...) ont tous quelque chose de négatif en eux et quelque chose à se reprocher. Et comment ne pas être impressionné par le style et l’écriture nuancée et évocatrice des émotions ressenties tant par le narrateur que par les protagonistes issus de différentes classes sociales. Le tout campé dans un village séparé par une colline des horreurs de la guerre qui tonne à quelques kilomètres et dont les habitants se résignent à vivre, au quotidien, comme si de rien n’était. Une histoire plus noire que noire avec une finale imprévisible.

Dans ce roman du triptyque « L’homme devant la guerre », Philippe Claudel nous « livre une belle réflexion, sur le temps qui passe, la mort qui fige les êtres perdus dans une éternelle jeunesse alors que celui qui survit, s'enfonce dans le naufrage de la vieillesse. Réflexion sur le courage et la lâcheté et leur frontière parfois si ténue. »

À lire aussi pour savourer la poésie même morbide de la langue française. Pas surprenant que cette fiction ait remporté le Prix Renaudot (2003)

Ce que j’ai aimé : La structure romanesque et l’omniprésence du narrateur à la fois acteur et observateur. 

Ce que j’ai moins aimé : Une surutilisation des figures de style.

Cote :

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