Marie
Saur. – Les tricoteuses. –
Montréal : Héliotrope, 2017. – 285 p.
Polar
Résumé : Il n’est pas toujours avisé de se mêler des affaires
des gens puissants.
Pour
avoir galamment raccompagné Patricia Fortin Rousseau dans son manoir de
Cap-Rouge après une beuverie, l’ex-prisonnier Daniel Hurteloup se voit offrir
un boulot de gardien de nuit chez TV6, qu’elle dirige. Comme réhabilitation, il
ne pouvait rêver mieux. Mais peu après ce coup de chance, le malheur frappe :
Patricia est retrouvée pendue dans le studio B. Pour la police comme pour la
famille de la victime, de riches industriels à la tête de Fortin Médiacom,
Daniel fait un suspect tout désigné.
Déterminée
à disculper son frère, Sophie Hurteloup mène l’enquête, qui semble vouloir se
transformer en leçon d’histoire : le meurtre de Patricia serait-il le contrecoup
d’un conflit de travail ayant secoué l’empire Fortin quarante ans auparavant ?
« Prolétaires de tous les pays, qui tricote vos chaussettes ? » La question
lancée autrefois par les grévistes de l’usine de bas Forty attend toujours sa
réponse.
Commentaires : Avant d’écrire ce premier roman, Marie Saur a
scénarisé, en collaboration avec le bédéiste français Nylso, cinq tomes de la
série Jérôme d’Alphagraph, le parcours initiatique d’un jeune garçon qui veut écrire
tout en devenant libraire, dans un pays fantaisiste. Avec Les tricoteuses, elle change de registre.
L’histoire
se déroule à Québec (et non pas à Cap-Rouge en banlieue de la capitale) comme
pourrait le laisser croire le synopsis). Une enquête tricotée serrée, réalisée
par des apprentis détectives, dans le monde des communications, en étroite
relation avec le parti au pouvoir à l’Assemblée nationale. Dans une famille où
tout s’achète avec l’argent : le silence, la descendance, le mensonge… La
recherche de la vérité sur un meurtre qui prend racine dans un conflit ouvrier
au cours des années 70, dans une manufacture de Limoilou, pendant lequel des
figures féministes militantes ont tenu tête à un patron intransigeant pour améliorer
leur qualité de vie au travail et sauver leur emploi.
L’auteur
met en scène une panoplie de personnages, tant principaux que secondaires, qui
apportent progressivement les éléments de solution à cette enquête plutôt
originale. Bâtie dans le respect parfois trop rigoureux des règles de base de l’écriture
romanesque et du genre polar, l’intrigue qui s’étale sur 24 chapitres est bien
ficelée. Quoique, je dois avouer, mes soupçons sur le meurtrier potentiel se
sont avérés au trois quarts du texte, sans par contre en deviner la raison.
Un
autre excellent roman dans cette collection noire que publient les Éditions
Héliotrope qui campent chaque intrigue dans une région différente du Québec.
Ce que j’ai aimé : L’originalité du récit et de la thématique qui en
fait un roman à la fois policier et à caractère social.
Ce que j’ai moins aimé : La structure romanesque un peu trop académique.
Cote : ¶¶¶¶
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