Hervé Gagnon. – La Cage – T.2 : L’empoisonneuse. – Paris : Hugo Jeunesse, 2024. – 300 pages.
Polar jeunesse
Résumé :
Montréal, 1852
Le constable Seamus O'Finnigan ressort
diminué physiquement de la tentative d'empoisonnement par Eugénie Lachance.
Malgré cela, il se lance sur la piste de l'empoisonneuse tout en essayant de
protéger un petit garçon de sa propre mère. S'ensuivra un chassé-croisé dans
les rues de Montréal qui culminera lors du grand incendie de la ville. Au
milieu des flammes, O'Finnigan devra affronter le Mal en personne.
Commentaires :
Au XIXe siècle, bon nombre de
meurtres en séries sont caractérisés par l’utilisation de différents poisons
tels que l’arsenic, le chloroforme, la morphine, l’aconitine, la strychnine et
la mort aux rats, celui utilisé par l’empoisonneuse imaginée par Hervé Gagnon.
Dans ce deuxième et dernier tome ayant pour thème le Mal qui semblait émaner de
la cage de la Corriveau, ce dernier met en scène comme personnage principal le constable
Seamus O'Finnigan qu’on croyait mort à la fin du premier opus. En intégrant dans
la trame dramatique les deux incendies qui ont ravagé le cœur de Montréal en
juin et en juillet 1852.
Et ce de façon tout à fait crédible avec des
descriptions qui nous font ressentir l’ampleur du brasier…
... de l’incendie de juin 1852 …
« Avec toutes ces maisons en bois, le feu se
propageait vite à Montréal. »
«
Arrivé à la rue Saint-Joseph, il trouva
des pompiers affairés à protéger le toit de l’Hôtel-Dieu avec deux pompes. Ils
étaient assistés des élèves du Collège de Saint-Sulpice qui faisaient la chaîne
avec des chaudières d’eau. »
Les
bâtisses en feu ou réduites en piles de bois fumantes sur la rue
Saint-Paul : « la place de la
Douane, l'église de la paroisse, la bâtisse du Commercial Hotel, le magasin de
fer de Wilson & Couillard, la boutique de marchandises sèches de Comming
& Galbraith, les commerces d'Ogilvy, de Wood & Co., de Tyre, Colgohoun
& Co., de Smith & Co., de Frottingham & Workman, de Seymour &
Whitney, la boutique de cuir de Busseau... Tout était en ruine. C'était
l'Apocalypse. »
« Toutes les maisons situées dans le
quadrilatère formé par les rues Saint-Paul [sic : plutôt Saint-Pierre
?], Saint-François, Saint-Sacrement et Saint-Paul
sont détruites […]. La Minerve parle de 200 000 dollars de dommages. »
… et du grand incendie de juillet de la même année qui détruisit 1200 maisons dans les faubourgs Québec et Saint-Laurent, soit 20% de la ville ! Cette catastrophe est au cœur d’une finale spectaculaire qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière phrase du dernier chapitre.
Comme dans le premier tome, Hervé Gagnon
introduit plusieurs détails qui nous renseignent, entre autres, sur la vie dans
les faubourgs et les quartiers Saint-Louis, Saint-Jacques et Sainte-Marie de la
métropole…
Le
marché Bonsecours « qui servait à la
fois de marché public et d’hôtel de ville… »
« Il repéra monsieur Boutin, le propriétaire,
juché au sommet d’une échelle, en train de retirer d’une fenêtre l’étoupe qui
avait coupé l’air glacial de l’hiver. »
« Un fiacre attendait dans la nuit, éclairé
par une lampe à l’huile suspendue à l’avant. »
« Seamus s’empressa de sortir le bidon [de
lait] de fer-blanc et le bloc de glace
fondante, et de déposer le tout dans une chaudière. Puis il les couvrit d’un
peu de paille. »
« Il longea les murs en rageant contre les lampadaires
à gaz installés quelques années plus tôt pour rendre les artères plus
sécuritaires… »
… et sur le
type d’armes utilisées au Département de police de la ville :
Comme le roman s’adresse surtout à des
jeunes, l’auteur a certainement pensé à sa clientèle cible en imaginant un code
secret permettant à O’Finnigan, hanté par des cauchemars récurrents, de
s’assurer que la personne qui frappe à la porte ne le met pas en danger :
Première
partie du code par le visiteur : Toc-toc,
toc, toc-toc
Réponse
convenue par O’Finnigan : Toc, toc, toc-toc
Troisième
partie du code par le visiteur : Toc-toc,
toc
J’ai noté un autre exemple qui illustre à
quel point un roman historique de qualité repose sur des recherches pour mettre
en évidence un détail ajoutant de la crédibilité à un récit fictif. Hervé
Gagnon mentionne au passage que le docteur Zotique Marchand qui confirme
l’empoisonnement d’un des personnages est prêt à parier son « diplôme de la faculté de médecine d’Édimbourg ».
L’école de médecine la plus importante de Grande-Bretagne comme le mentionne Dean
Jobb dans son essai sur un célèbre médecin empoisonneur en série : Thomas Neill Cream.
La Cage – T.2 :
L’empoisonneuse
est un tourne page qui possède les mêmes caractéristiques que le premier tome.
On y retrouve quelques invraisemblances, mais bon, il s’agit avant tout d’une
œuvre de fiction à la fois divertissante et pédagogique.
L’intrigue qui tourne autour d’un nombre
restreint de personnages est tissée serrée. L’auteur, par son choix d’une
écriture adulte, a décidé de ne pas niveler par le bas, de respecter l’intelligence
des jeunes et de leur permettre d’approfondir leur connaissance de la langue.
Celui-ci s’est même permis une scène plutôt violente aux pages 228-229 lorsque O’Finnigan
imagine comment il souhaiterait assassiner Eugénie Lachance. Quant à
l’épilogue, il contribue à entretenir le mystère entourant la célèbre cage de
la Corriveau.
Merci aux éditions Hugo Jeunesse pour le
service de presse.
Au Québec, vous pouvez commander votre
exemplaire sur le site leslibraires.ca et le récupérer auprès
de votre librairie indépendante.
Originalité/Choix du sujet : *****
Qualité littéraire : *****
Intrigue : *****
Psychologie des
personnages : *****
Intérêt/Émotion
ressentie : *****
Appréciation générale
: *****
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