Jacques Côté. – Autopsie d’un crime imparfait – Montréal : Éditions de l’Homme, 2020. – 261 pages.
Docu-polar
Résumé :
Dans
la nuit du 22 octobre 1980, au 540 de la rue de la Tourelle à Québec, une jeune
comédienne est assassinée. Quarante ans plus tard, le mystère subsiste: l'homme
qui s'est accusé de ce crime abject était-il le véritable coupable?
Ce
docu-polar revisite l'une des causes judiciaires les plus longues et les plus
controversées de l'époque. Grâce aux confidences du lieutenant Jacques
Simoneau, aux témoignages d'acteurs de premier plan du drame, mais aussi à la
volumineuse preuve de milliers de pages citée aux deux procès, l'auteur
reconstitue l'ultime soirée que France Lachapelle a passée avec son ami le
metteur en scène Robert Lepage, le dernier à l'avoir vue vivante. Bien que
celui-ci soit lavé de tout soupçon, cette expérience le marquera à jamais. Des
avocats et des procureurs chevronnés, un pyromane voyeur qui sème la terreur,
des questions encore sans réponse aujourd'hui: tous les ingrédients sont réunis
pour priver le lecteur de précieuses heures de sommeil. Et pour évoquer le
souvenir d'une jeune femme en droit d'attendre bien davantage de la vie.
Commentaires :
Dans
cet ouvrage documentaire qui porte comme sous-titre « 22/10/80 L’assassinat de France Lachapelle » (quoique le
meurtre semble avoir été commis après minuit et avant 3 h 28, le 23 octobre
1980), Jacques Côté a rassemblé et ordonnancé l’ensemble de la documentation brute
relative à l’assassinat de France Lachapelle, un crime qui n’a toujours pas
vraiment été résolu, le suspect instable psychiquement ayant choisi après deux
procès de se déclarer coupable.
Cette
« reconstitution » historique et linéaire des événements repose sur
des articles de journaux, des pièces à conviction, le rapport médico-légal, les
minutes de l’enquête préliminaire et des deux procès, le tout complété par la
retranscription de témoignages et d’entrevues avec quelques-uns des principaux témoins
encore vivants.
Un
ouvrage intéressant qui nous permet de découvrir les dessous de cette enquête,
sur les méthodes policières, sur le déroulement plutôt étonnant des procès,
particulièrement le deuxième présidé par un juge misogyne qui se substitue au
procureur.
Un
« page turner » que j’ai dévoré en moins de 8 heures et qui m’a
laissé songeur, entre autres, face au refus d’un des acteurs de l’époque, Denis
Côté pour ne pas le nommer, de fournir sa version des événements.
Et,
« en complément d’enquête »,
par un « filon » jamais exploité dans cette affaire qui semble avoir
une certaine importance (thèse non infirmée par l’enquêteur Jacques Simoneau)
puisque l’auteur a fait le choix de le citer dans retranscription de son entrevue
avec Robert Lepage : l’allusion à l’interrogation
probable par la police de Québec d’un ministre du gouvernement du Québec identifié
par la lettre « X ».
Un
politicien « assez proche »
de Pierre Lachapelle, le père de la victime, puisqu’il aurait participé à des
réceptions que ce dernier organisait chez lui et au cours desquelles « X »
aurait « probablement cruisé »
France Lachapelle (p. 240). Pierre Lachapelle, décédé le 3 janvier 2016, avait
travaillé à la mise sur pied de plusieurs services du ministère de la Culture
et des Communications, dont ceux des programmes de subventions aux artistes et
aux musées régionaux, ainsi qu'à l'implantation du Centre de conservation du
Québec. Il a dirigé le Musée du Québec (aujourd’hui Musée national des
beaux-arts du Québec) de 1981 à 1986.
On
apprend aussi que le ministre « X » était « dans le même cabinet » d’un autre ministre nommé « Y ».
Ce dernier vivait « depuis plusieurs
années à Montréal » avec « un
jeune garçon » : « …
les gens étaient au fait de ça au parlement » (page 241).
Ces
informations fournies par Robert Lepage, couplées à des recherches sur Internet,
incitent à procéder par déductions potentielles, à la manière de tout bon
détective, pour échafauder des hypothèses visant à identifier ces mystérieux « X »
et « Y ». Elles soulèvent toutefois une autre question restée elle aussi sans
réponse : pour quelles raisons ce ministre « X » a-t-il été
interrogé ?
Avouez
qu’il y a de quoi titiller la curiosité !
Autopsie
d’un crime imparfait « nous ramène
aussi de plain-pied dans l’actualité quant à la violence que subissent les
femmes dans notre société » comme l’écrit Jacques Côté en conclusion.
L’auteur a « voulu écrire cet
ouvrage avec l’idée que la justice doit s’exercer avec humanité, dignité et dans
un souci de réparation pour les victimes, mais aussi dans le respect des
accusés qui ont droit à un procès juste où, nonobstant la nature des crimes
commis, la santé mentale est prise ne compte. »
Mission
accomplie.
Choix
du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intérêt
:
*****
Appréciation
générale :
*****
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