Jean Lemieux.
– Les clefs du silence. – Montréal : Québec
Amérique, 2017. – 364 pages.
ISBN 978-2-7744-3265-5
Polar
Résumé : Début juillet 2009, pendant le
Festival du Jazz, sous la canicule. À deux pas du nouveau Centre hospitalier
universitaire de Montréal (CHUM), un infectiologue est retrouvé sauvagement
assassiné à l’arme blanche et scalpé. Puis c’est le tour d’un ex-ministre
fédéral et du chien d’un ex-felquiste. Alors que sa fille est en instance
d’accoucher, le sergent-détective André Surprenant du Service de police de la
ville de Montréal (SPVM) mène l’enquête. Que viennent faire les magouilles et
la corruption des multinationales entourant la construction du nouveau CHUM, les
contributions illégales aux partis politiques, les événements d’octobre 1970 et
un certain livreur de poulet, la grande recrue de 1653 dont Paul Chomedey de
Maisonneuve, un sosie du chanteur des Cowboys fringants, les Belles sœurs de Michel Tremblay, le Bloc
et le Parti québécois, le Parti libéral du Québec, les tensions au SPVM (tiens
donc !), le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), la CIA et un
coq portugais dans cette quête de la vérité ?
Commentaires : Jean Lemieux nous livre ici un roman
touffu, très documenté, une intrique complexe avec une multitude de personnages
et d’indices. En arrimant le récit avec la réalité historique qu’il décrit et
interprète, dit-il librement, le créateur du sergent-détective André Surprenant, personnage un peu porté sur la consommation d’alcool, donne l’impression d’avoir eu accès
à certaines informations à partir de sources privilégiées. Il s’agit là d’une
caractéristique intéressante des polars qui permettent de dénoncer des
injustices et des manipulations politiques, économiques et sociales, tout en déclarant
que les personnages et les événements décrits sont fictifs. Sont aussi omniprésentes
les convictions politiques de l’auteur et de son héros ainsi que son désir de les partager. En ce
sens, certains jugements sur la société québécoise sont très réalistes et m’ont
rejoint.
Mais à
vouloir trop en mettre, on s’y perd parfois un peu, mais la curiosité de savoir
et l’intérêt ne fléchissent pas de chapitre en chapitre. Des chapitres « thématiques »
courts, bien construits. Une écriture remarquable. Des références musicales
appropriées. Même une recette de paëlla avec du romarin (?), peut-être celle de
l’auteur. On a définitivement hâte que le policier et ses collègues finissent
par faire la part des choses dans ce nœud gordien d’hypothèses tout aussi crédibles
les unes que les autres. Évidemment, la solution décrite dans ses moindres
détails viendra… dans un des derniers chapitres. Somme toute un roman bien
ficelé, avec une incursion dans la vie personnelle et familiale du héros.
Je dois
avouer que Les clefs du silence m’a fait découvrir cet auteur très prolifique. Ce
roman m’a donné le goût de remonter aux aventures antérieures d’André
Surprenant qui sont sur ma pile de prochaines lectures.
Ce que j’ai aimé : L’idée originale. L’arrimage avec la
réalité actuelle de la société québécoise et à certains événements historiques.
La haute qualité du texte. L’humour de l’auteur. Les fleurs de lys parsemées
tout au long du récit. Une première de couverture qui résume bien le propos. Le
fait que les coupables ne seront probablement pas punis à la hauteur de leurs
crimes, comme c’est souvent le cas lorsqu’il est question de magouilles
politiques. La dernière phrase (n’allez surtout pas la lire).
Ce que j’ai moins aimé : L’apparition d’un nouveau membre
dans la famille du policier (et je ne fais pas ici référence à Paul Massicotte)
qui, bien qu’elle crée une nouvelle dynamique dans le couple du héros, n’est
peut-être qu’une prémisse à un prochain opus.
Cote : ¶¶¶¶
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire