Je suis un tueur humaniste (David Zaoui)

David Zaoui. – Je suis un tueur humaniste. – Paris : Éditions Paul & Mike, 2016. – 233 pages.
ISBN 978-2-36651-094-2

Roman noir







Résumé : Orphelin depuis l’âge de six mois, Ernest Babinsky possède un don hors du commun pour le tir : à l’arbalète, aux billes, au caillou, à l’étoile de Ninja, au lance-pierre, à la fléchette et à l’arc. Toujours en plein dans la cible avec ses projectiles, admiré de tous, dans l’orphelinat de Montpellier où l’ont abandonné ses parents. Jusqu’à la fin de son adolescence, alors qu’il fait la rencontre du petit Roberto (aussi appelé Cyrus le gros) qui le prend sous son aile et l’initie au maniement des armes à feu : Magnum, Beretta, Colt, Smith & Wesson, fusils à canon lisse, à pompe, à canon rayé, à verrou, semi-automatiques… Avec lesquels il excelle. Un jour, à la demande du petit Roberto, Babinski accepte de devenir tueur à gages.

Mais Babinski aime son prochain et refuse de tuer même des mécréants en exigeant au préalable que ses victimes ne meurent pas sans avoir vécu le plus beau jour de leur vie, sans avoir été pleinement heureuses. Et le tueur humaniste et parisien ne veut pas tuer les animaux pour le plaisir, surtout pas les chiens, même pour les manger. Après un contrat réussi haut la main en éliminant un névropathe surnommé Gaëtan-le-vrai-fils-de-pute, Babinski peine à retrouver le sommeil et décide de consulter un psy plutôt excentrique. De contrat en contrat, à la recherche de son propre bonheur, l’as du tir est de plus en plus confronté avec sa propre raison de vivre.

Commentaires : Lorsque David Zaoui m’a offert de me transmettre une copie de son premier roman, un « polar déjanté » comme il l’a qualifié, j’ai été curieux par la thématique originale : « un tueur à gages qui rend heureuses ses futures victimes avant de les liquider! et... qui se fait psychanalyser ». J’ai aussi accepté l’offre parce que je suis sensible au fait que les nouveaux auteurs – j’en suis - peinent à se faire connaître et à intéresser le lectorat qu’ils visent à la suite du lancement de leur premier opus.

Telle ne fut pas mon étonnement, après quelques chapitres. Une œuvre originale ! Un tueur attachant et intellectuel qui lit les grands philosophes et écoute Johannes Brahms pour traverser ses nuits d’insomnie. Un assassin qui n’est pas recherché par la police ! Qui côtoie une brochette de personnages tous aussi plus originaux les uns que les autres, presque sortis d’une bande dessinée : le propriétaire du bistro, le pizzaiolo, le psychopathe fabriquant de poisons… et les victimes, évidemment. Dans un scénario teinté d’un humour subtil et d’une critique sociale bien sentie. Avec de longs dialogues découpés au scalpel, parfois presque irréels, qui dépeignent à merveille la psychologie de chacun des personnages, tous en quête d’une vie meilleure. Honnêtement ou malhonnêtement.

Parce que c’est là la grande surprise qui attend le lecteur. Sous le couvert d’un roman policier annoncé par une première de couverture qui pique la curiosité, cette fiction est d’abord et avant tout la démarche d’un homme qui, dès son jeune âge, a été en manque d’affection et qui s’est donné comme mission d’en répandre autour de lui. Le premier chapitre donne bien le ton. Et le dernier boucle la boucle : Babinski, personnage attachant, trouve finalement son bonheur et le sommeil avec celui qui deviendra son meilleur ami. Mais attention, on n’a pas affaire ici à une œuvre moralisatrice. Mais qui fait tout de même réfléchir. Écrit simplement, sans artifices, sans détours.

Enfin, on pourrait longtemps en discuter, mais les puristes ne qualifieraient pas ce récit du tueur humaniste de « polar » mais peut-être davantage de « roman noir ». Ce qui n’enlève rien à la qualité et à l’originalité de l’œuvre romanesque. Et au bonheur de la lire.

Merci aux Éditions Paul & Mike de m’avoir fait faire cette belle découverte et forcé à savourer un roman, pour la première fois, sur une tablette de lecture. Aussi disponible en format papier. Bons succès pour l’avenir !

Ce que j’ai aimé : L’effet-surprise, le ton humoristique, les dialogues « ciselés », l’écriture fluide et, évidemment, le personnage humaniste.  

Ce que j’ai moins aimé : -


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