L’étonnante mémoire des glaces (Catherine Lafrance)


Catherine Lafrance. L’étonnante mémoire des glaces. – Montréal : Druide, 2002. – 424 pages.

 


Thriller


 

 

Résumé :

 

La pluie verglaçante est tombée toute la nuit. Montréal ressemble à une patinoire. Dans la salle de rédaction à moitié vide d’un quotidien, où traînent encore des guirlandes de Noël, des reporters rentrent lentement au travail, tandis qu’à Saint-Albert-sur-le-Lac, village aux allures de carte postale niché au cœur des Cantons-de-l’Est, on constate les conséquences tragiques d’un incendie. Le journaliste Michel Duquesne est dépêché sur place. Une révélation étonnante, puis des traces emprisonnées dans la glace vont l’amener sur une piste qui l’exposera à des dangers insoupçonnés, tout en réveillant en lui des monstres de son enfance. Au grand dam de ses patrons, Duquesne n’en fera qu’à sa tête pour aller au fond de cette affaire.

 

 

Commentaires :

 

Un premier polar très réussi pour la journaliste, animatrice et productrice Catherine Lafrance qui a déjà publié trois nouvelles et trois romans. Pas étonnant qu’elle ait mis en scène un reporter dans une « histoire, même si elle peut ressembler à celles, qui, trop souvent, font la manchette » côtoie des personnages fictifs « inspirés de collègues, croisés au fil du temps, dans divers médias ». Résultat : une intrigue bien construite avec une trame narrative qui accroche le lecteur et le tient en haleine jusqu’à la fin. Un style rythmé, un suspense digne des meilleurs thrillers, qui trouve son apogée dans la scène du lac fort bien réussie.

 

L’expérience journalistique de l’autrice contribue à l’authenticité et à la crédibilité des mises en scène : conférences de presse des corps policiers, collaboration entre journalistes et responsable des communications des forces de l’ordre, compétition entre journalistes à la recherche de primeurs…

 

Ce « polar du nord » dont l’action, on le devine rapidement, se déroule en pleine crise du verglas que le Québec a vécu en 1998, dans un village fictif « imaginé niché sur les rives du lac Brome » par l’autrice, est écrit dans le pur respect des règles très strictes de ce genre littéraire.

 

Avec son personnage principal, Michel Duquesne, reporter d’un grand journal montréalais, aux prises avec un passé peu glorieux, maniaque au point de replacer des objets qui sont en décalage avec la logique ou de se3 concentrer sur les moindres détails, superstitieux au point de ne jamais pénétrer en un lieu autrement qu’en introduisant son pied droit.

 

Un personnage secondaire, William Latendresse, dans la personne du chargé des communications de la Sûreté du Québec qui a pour manie de détacher les premiers boutons de sa chemise lorsque les choses se corsent.

 

Sans oublier l’implication d’Anne-Marie Bérubé, la journaliste de l’hebdo local, qui ajoute à l’enquête ses méthodes personnelles de travail hors grands centres.

 

Dans ce roman de plus de 400 pages, finaliste au Prix Saint-Pacôme 2022, les forces du mal m’ont semblé plus coriaces que les policières. Le fait que les enquêteurs de la SQ aient abandonné si rapidement les lieux et n’aient pas remarqué les traces de la « mémoire des glaces », laissant l’initiative au journaliste m’a chicoté. Aussi quand ce dernier se déplace en voiture et perd sa route sans utiliser le GPS de son téléphone portable.

 

Une lecture agréable, malgré la noirceur du sujet comme l’explique Catherine Lafrance :

 

« Quels sont les pires crimes? En écrivant L'étonnante mémoire des glaces, cette question revenait souvent à mon esprit, comme si un perroquet imaginaire, posé sur mon épaule, me la posait à répétition. Quels sont les pires crimes? Ceux commis par des fous? Par des tueurs en série? Par des désespérés? Ils sont graves, bien sûr, mais ce ne sont pas les pires. Non, les pires, ce sont ceux commis par des hommes, qui, avides de pouvoir ou d'argent, infligent des souffrances simplement pour s’enrichir. Qui s'en prennent aux femmes, aux enfants. J'ai voulu les dépeindre. Sans me complaire dans les descriptions explicites de leurs cruelles actions, mais pour les faire sortir de l'ombre. Qu'on puisse les regarder à la lumière. Qu'on les détaille. Qu'on les voit pour ce qu'ils sont. Qu'on sache qu'ils existent quelque part. »

 

Sans rien vous dévoiler, j’avais identifié le « cerveau » criminel.


Il y a fort à parier que Michel Duquesne récidivera… pour le bien de la justice et le plaisir des lectrices et des lecteurs de Catherine Lafrance.

 

 

Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : *****

Intrigue :  *****

Psychologie des personnages :  *****

Intérêt/Émotion ressentie :  *****

Appréciation générale : *****