Faces de bœufs (Vic Verdier)


Vic Verdier. – Faces de bœufs. – Lévis : Éditions Alire, 2024. – 330 pages.

 


Polar

 

 


Résumé :

 

Trois ans après l’été des brasiers, Vic Verdier et Jessy Di Filipo, sa partner de patrouille devenue partenaire de vie, envisagent de fonder une famille. Pendant que Vic s’emmerde dans des enquêtes de routine, Jessy exulte à titre d’agente de liaison auprès de Companion, la startup qui pilote un projet visant à équiper tous les policiers de Montréal d’une caméra corporelle. Vic, pour sa part, n’est guère enthousiasmé par ce projet : le monde entier a-t-il vraiment besoin de voir en permanence leurs « faces de bœufs » ?

 

Jessy déchante à son tour quand elle constate en direct sur ses écrans les déboires de ses collègues. Quand ce n’est pas l’un qui se fait littéralement prendre les culottes à terre, c’est un autre qui, le regard vide, attaque brutalement un suspect. Décidément, l’algorithme du programme est particulièrement efficace pour repérer les bavures !

 

Puis deux crimes violents requièrent l’expertise de Vic – dans chacun des cas, un vol d’œuvre d’art a mal tourné et un homme a été battu à mort. Or, plus ses enquêtes avancent, plus le policier remarque des parallèles troublants avec des événements survenus lors du passage à Montréal en 1976 de membres de la mafia napolitaine et – est-ce un hasard ? – il se chuchote dans certains milieux qu’une délégation de celle-ci est récemment débarquée en ville, le jour même du lancement d’une certaine startup

 

 

Commentaires :

 

Mes commentaires seront brefs. Il arrive parfois que certains romans ne nous accrochent pas au point de les déposer à quelques reprises pour n’en reprendre la lecture que quelques jours plus tard. Pour moi qui ne suis pas un critique littéraire patenté et qui ne partage que des « ressentis de lecture », ce fut le cas avec « Faces de bœufs ». Je dois avouer que je me suis fait violence pour en terminer la lecture.

 

De chapitre en chapitre, je me suis perdu dans la panoplie de personnages – entre autres les Italiens associés à des groupes mafieux au Québec et en Italie – et dans un scénario que je n’ai pas senti très crédible. Particulièrement la scène finale sur le chantier de travaux sur le site du stade olympique de Montréal. Et que dire de ce policier qui se pointe dans un salon de « massage » alors qu’il porte sur lui, en toute conscience, un caméra qui enregistre ses moindres gestes.

 

On parle beaucoup dans ce roman, un peu comme dans ceux de Christine Brouillette, ce qui contribue à ralentir le déroulement de l’action. Je n’ai pas retrouvé la dynamique du récit que j’avais bien aimé dans « Cochons rôtis ».

 

Le texte truffé d’expressions anglaises dont certaines exigent la consultation d’un dictionnaire m’a irrité au point de pousser des soupirs à répétition. L’auteur justifiera certainement ce choix d’écriture pour décrire la réalité policière montréalaise. Si c’est le cas, il y a définitivement un problème de langue de travail au SPVM ! Personnellement, j’y vois une autre illustration du déclin de notre langue officielle dans la métropole, particulièrement dans une organisation municipale. Mais bon, c’est mon opinion. L’extrait qui suit prouve que Vic Verdier a aussi le talent de nous livrer des moments d’écriture :

 

« Sa force vitale le quitte, lentement, mais sûrement. Il ne meurt pas dans son lit, rassasié, avec la saveur onctueuse du foie gras et des figues sur la langue, comme il l’avait espéré. Il meurt avec, dans la bouche, le goût ferreux du sang et l’espèce de silex qui provient de ses os qui s’émiettent, un peu plus à chaque coup. »

 

Comme dans son roman précédent, l’auteur nous renseigne sur l’environnement professionnel du Service de police de la ville de Montréal. Il apporte des précisions sur la structure des postes de quartier (PDQ), les centres opérationnels (CO), la numérotation des voitures par poste de quartier, le nom familier du syndicat des policiers (Frat), le surnom de l’École nationale de police du Québec (Nicolet).

 

Et sur certaines expressions courantes du métier. Noter encore une fois la prédominance de l’anglais dans plusieurs cas :

 

·        « Sam Brown » : nom de la ceinture de travail sur laquelle les policiers accrochent leur équipement.

·        « Fall in » : réunion de toute l’équipe avant le début du quart de travail.

·        « Vols dans » : expression qui signifie vols dans un véhicule, par opposition à vol, tout court, qui suppose un vol dans une résidence ou un commerce.

·        « Beat » : faire du beat ou être sur le beat, patrouiller à pied, plutôt qu’en voiture.

·        « 10-10 » : code qui veut dire annulé.

·        « SU » : code qui désigne un suspect.

·        « Stat » : urgences santé, au plus vite.

·        « Burner » : téléphone cellulaire temporaire.

 

Ceci dit, « Faces de bœufs » n’est pas un roman inintéressant en soit. À vous de vous faire votre propre idée.

 

* * * * *

 

Vic Verdier est le pseudonyme de Simon-Pierre Pouliot, né en 1976 près de Québec. Diplômé de l’Université Laval, en histoire, et de l’Université McGill, en communications, il a travaillé à écrire plein de choses pour plein de monde, aussi bien au Cirque du Soleil qu’à la Commission de la construction du Québec. Vic Verdier – un emprunt à son grand-père, qui a lui-même publié des œuvres musicales sous ce nom-là dans les années 1960 – est un projet d’écriture qui se moque des étiquettes et passe, toujours à sa façon, par la chick-lit pour homme, le thriller, la science-fiction, l’horreur et le polar. Huit romans très différents sont parus à ce jour. Quant à L’Empire bleu sang, il a remporté le prix Jacques-Brossard 2015.

 

Merci aux Éditions Alire pour le service de presse.

 

Au Québec, vous pouvez commander votre exemplaire sur le site leslibraires.ca et le récupérer auprès de votre librairie indépendante.

 

 

Originalité/Choix du sujet : ***

Qualité littéraire : ***

Intrigue :  ***

Psychologie des personnages :  ***

Intérêt/Émotion ressentie :  **

Appréciation générale : ***



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